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Dissensions au sein du groupe de Visegrad 

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La guerre en Ukraine sème la zizanie au sein du groupe de Visegrad, cette organisation intergouvernementale regroupant la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. 

Divergences croissantes

« J’apprécie les résultats du passé, mais il faut dire que nous avons maintenant des différences. Il faut voir non seulement les différences mais aussi les résultats. La Hongrie a soutenu toutes les conclusions et toutes les déclarations au niveau européen. Et c’est aussi le résultat de la discussion au sein de Visegrad », a déclaré jeudi soir le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, quelque peu incertain.

Car d’autres membres de son gouvernement se sont montrés bien plus fermes. « J’ai toujours soutenu le groupe de Visegrad et je suis vraiment désolée que du pétrole russe bon marché soit maintenant plus important pour les politiciens hongrois que le sang ukrainien », a tweeté la ministre tchèque de la Défense, Jana Cernochova.

Groupe “V2+2”

« Même s’il est bon d’avoir des cadres de coopération régionaux, le V4 en tant que marque est devenu quelque peu toxique », estime Ondrej Ditrych, directeur de l’Institut des relations internationales de Prague. D’ailleurs les quatre membres n’ont jamais été réellement soudés, comme le rappelle Ziga Faktor, qui dirige le bureau bruxellois du think-tank Europeum. « La plupart du temps, les Tchèques étaient plus proches de la Slovaquie, tandis que les Hongrois avaient plus en commun avec la Pologne. C’est pour cela que l’on a souvent appelé le groupe “V2+2” ou même parfois “V2+1+1” », précise l’expert. 

Désormais l’écart est même très grand entre la Pologne et la Hongrie, Varsovie reprochant à Budapest sa proximité avec Moscou et sa volonté de faire de Visegrad un instrument au service d’un affrontement idéologique avec l’UE.  « Il y avait un pacte entre la Pologne et la Hongrie sur l’État de droit et il s’est effiloché. Orban n’a plus son magistère idéologique », explique un diplomate européen. 

Orban de plus en plus esseulé

La République tchèque aussi s’écarte doucement de Budapest, le nouveau Premier ministre Petr Fiala étant aux antipodes de Viktor Orban, à l’inverse de son prédécesseur, l’ex-Premier ministre tchèque Andrej Babi, avec qui le premier ministre hongrois avait tant en commun. 

Babi et Orban « sont l’un comme l’autre des businessmen populistes. Et le nouveau premier ministre, Petr Fiala, ne vient pas du tout du monde de l’entreprise et n’a rien à voir avec ça, explique le vice-président du gouvernement tchèque Ivan Bartos. Babis voulait devenir le “Orban” tchèque. Et c’est pour éviter qu’il reste au pouvoir que nous avons accepté de siéger dans la coalition de droite ». « Il est (d’ailleurs) inacceptable qu’Orban soit venu en République tchèque une semaine avant les élections pour soutenir Babis », fulmine le dirigeant.

Preuve de ses divergences avec Orban, le Premier ministre tchèque ne cesse de répéter son attachement à l’Etat de droit, et sa volonté de « soutenir la résilience des institutions démocratiques » dans l’Union européenne. « La prospérité et la stabilité à long terme de l’Europe reposent sur des mécanismes démocratiques fonctionnels. Nos sociétés sont constamment attaquées par ceux qui n’apprécient pas nos valeurs, qui détestent la liberté et la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. Nous devons au contraire défendre ces valeurs », a déclaré Petr Fiala mercredi devant les eurodéputés.

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