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Amnesty international contre l’Ukraine

Amnesty internationalAmnesty international

April 21, 2022, Kyiv, Kyiv, Ukraine: Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy, delivers an address to the World Bank ministerial roundtable, April 21, 2022 in Kyiv, Ukraine.

Jeudi 4 août, Amnesty International a publié un rapport affirmant que l’Ukraine adopterait une stratégie militaire violant le droit international humanitaire, en mettant en danger la vie des civils à proximité de la ligne de front. Le texte a immédiatement essuyé de nombreuses critiques de la part des autorités ukrainiennes, et au sein même de l’ONG. 

Hôpitaux et écoles transformés en bases

« Nous avons réuni des informations sur de nombreux cas où les forces ukrainiennes ont mis en danger des civils et violé les lois de la guerre en opérant dans des zones habitées », est citée la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, dans le rapport. « Le fait de se trouver dans une position défensive n’exempte pas l’armée ukrainienne de l’obligation de respecter le droit international humanitaire. »

Selon le rapport, l’armée ukrainienne aurait transformé cinq hôpitaux en « bases militaires de facto »« Dans deux villes, des dizaines de soldats se reposaient, s’affairaient et prenaient leurs repas dans des hôpitaux. Dans une autre ville, des soldats procédaient à des tirs depuis des positions situées près d’un hôpital », précise le texte. De même, dans 22 écoles (sur les 29 visitées), les enquêteurs d’Amnesty ont constaté que « des soldats utilisaient ces bâtiments, ou y ont trouvé des éléments prouvant une activité militaire passée ou présent ».

« Le droit international humanitaire n’interdit pas spécifiquement aux parties à un conflit de se baser dans des écoles en dehors des périodes scolaires », nuance tout de même le rapportMais « le cas échéant, les militaires doivent alors avertir les civils et, si nécessaire, les aider à évacuer les lieux. Cela ne s’est manifestement pas passé comme cela dans les cas examinés par Amnesty International ».

Mais quelle que soit la tactique adoptée par l’armée ukrainienne, et si douteuse soit-elle, celle-ci « ne justifie en aucun cas les attaques menées sans discernement par les forces russes », précise tout de même le rapport.

Indignation ukrainienne

Volodymyr Zelensky a immédiatement accusé l’ONG de « faire le jeu de la Russie » en rejetant « la responsabilité de l’agresseur sur la victime de l’agression ». Il s’agit d’accusations « injustes », qui créent « un faux équilibre entre l’oppresseur et la victime, entre le pays qui détruit des centaines et des milliers de civils, de villes, de territoires et le pays qui se défend désespérément », abonde le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba.

Ce rapport « donne une image déformée de la réalité », dénonce quant à elle la vice-ministre de la défense, Hanna Maliar.« Il n’y a pas de chronologie des événementsLa Fédération de Russie est celle qui commet le crime, ici. L’Ukraine défend son territoire. Moscou ignore les règles de la guerre. Et contrairement à l’Ukraine, la Russie empêche le travail d’organisations comme Amnesty », souligne la ministre.

Défection au sein d’Amnesty 

« L’unilatéralisme » du rapport et son caractère « incomplet » n’auraient jamais dû conduire à sa diffusion, déplore la responsable du bureau ukrainien d’Amnesty international, Oksana Pokalchuk. « Les membres du bureau ukrainien ont (d’ailleurs) fait tout ce qu’ils ont pu pour empêcher la publication de ce matériel », assure-t-elle. 

« Je démissionne d’Amnesty International en Ukraine », a donc ensuite déclaré la responsable, refusant de cautionner un rapport ayant servi, sans le vouloir, « la propagande russe ».

Un avis partagé et étayé par Steven Haines, professeur de droit public international à l’université de Greenwich. « Le recours aux écoles, si elles ne servent pas en même temps leur objectif premier , n’est pas systématiquement illégal. De toute évidence, la situation en Ukraine peut être considérée comme exceptionnelle à cet égard. L’armée ukrainienne n’enfreint pas nécessairement les règles », estime l’expert.

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