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Exercices militaires chinois au large de Taïwan

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En réaction à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, à Taïpei mardi 2 août, la Chine a annoncé conduire des exercices militaires ciblés au large des côtes taïwanaises du jeudi 4 au dimanche 7 août. Mais en réalité, les manoeuvres ont commencé dès mardi soir. 

« La Chine est la victime »

Ces exercices sont « une mesure nécessaire et légitime afin de répliquer aux graves provocations de certains politiciens américains et des indépendantistes taïwanais », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères chinois mardi dans un communiqué. « Les États-Unis sont les provocateurs » et « la Chine est la victime », poursuit le texte. Nous devons « défendre avec fermeté notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale ».

Selon le commandement chinois, les manœuvres consisteront en des « exercices navals et aériens conjoints dans les espaces maritimes et aériens du nord, du sud-ouest et du sud-est » de l’île. Des « tirs à munitions réelles à longue portée » sont également prévus dans le détroit de Taïwan.

« L’Armée Populaire de Libération (APL) mènera d’importants exercices militaires et activités d’entraînement, y compris des exercices de tir réel dans six zones entourant l’île de Taïwan (…) de jeudi midi à dimanche midi », précise de son côté le quotidien Global Times, journal proche du régime.

Manoeuvres observées et à prévoir

Les premières activités militaires chinoises ont été observées dans la nuit de mardi à mercredi, les autorités taïwanaises ayant signalé que 21 avions militaires chinois avaient pénétré dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île. Peut-être ces avions venaient-ils d’ailleurs d’un des deux porte-avions chinois, le CNS Liaoning ayant appareillé le 31 juillet du port de Qingdao, imité par le CNS Shandong le lendemain.

Mais entre ces avions et les menaces de Pékin, difficile de savoir en quoi vont vraiment consister les exercices chinois, d’autant qu’il s’agit d’« un épisode sans précédent », selon Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri). « La Chine est encore plus proche de Taïwan que les tirs de missile lors de la crise de 1996 », explique le chercheur.

Les Chinois sont « restés très flous sur la nature des exercices », mais « des tirs de missiles balistiques de courte portée à quelques kilomètres des côtes, pour montrer qu’ils sont à portée », sont à prévoir. « Un autre geste fort serait le tir d’un missile hypersonique DF-17 », estime Marc Julienne.

Enfin, Pékin pourrait monter d’un cran en tirant un missile au-dessus de Taïwan, qui s’abîmerait dans le Pacifique. « Le missile passerait au-dessus de Taïwan. Ce serait inédit », et très dangereux prévient le chercheur. « Les tensions sont à leur comble et ça va durer. Il y a forcément un risque de dérapage, d’accident, d’une erreur de calcul … »

Réaction taïwanaise

« Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur les eaux territoriales de Taïwan », a accusé le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense, Sun Li-fang, ajoutant qu’il s’agissait « d’un acte irrationnel visant à défier l’ordre international ».

« Le ministère de la Défense suit la situation de près, a renforcé les préparatifs, et répondra de manière appropriée en temps voulu », a ensuite fait savoir le ministère par communiqué. « L’armée va assurément rester à son poste et protéger la sécurité nationale. Nous demandons au public d’être rassuré et de soutenir l’armée ».

Mais quoiqu’il advienne, même « face à des menaces militaires délibérément accrues, Taïwan ne reculera pas », promet la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen.

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