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Tsahal s’en prend à des ONG

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Jeudi 18 août, l’armée israélienne (Tsahal) a saccagé et fermé les locaux de sept ONG palestiniennes de défense des droits humains. Qualifiées d’illégales par Israël, ces « associations » ont reçu le soutien de l’ONU et de plusieurs pays européens. 

Défiance des ONG

« Suite au classement de votre association comme “illégale” le 3 novembre 2021, le commandement militaire israélien ordonne la fermeture de vos bureaux pour garantir la sûreté et la sécurité de la zone, des forces d’occupation israéliennes et de l’ordre public », peut-on lire sur les plaques métalliques laissées par Tsahal pour sceller les portes des ONG. 

Mais ce « classement » de la part d’Israël n’est bien sûr pas reconnu par les ONG, qui condamnent l’intervention de l’armée. « Les ordonnances du commandement militaire israélien n’ont aucune conséquence sur notre légitimité qui prend racine dans notre peuple et dans le droit palestinien », estime Shawan Jabarin, directeur d’Al-Haq, une ONG de défense des droits de l’homme basée à Ramallah. 

« Au lieu de se défendre d’accusations délirantes de terrorisme, on devrait être en train de documenter l’assassinat de l’adolescent palestinien (Wassim Nasser Khalifa) qui vient d’être tué à Naplouse, fulmine Aseel Al-Bajeh, de la même ONG. « Si ce n’est pas pour Al-Haq, ce sera pour une autre plateforme, mais je continuerai à lutter pour plaider la cause palestinienne, explique la jeune femme. Ce n’est pas un boulot, c’est une partie de moi en tant que Palestinienne », prévient-elle.

« Le monde doit ouvrir les yeux et regarder la réalité en face. Il n’y a pas de justice en Palestine », s’emporte Oren Ziv, du médiat israélien indépendant +972. Ici c’est un État d’apartheid, un État colonial. Aujourd’hui se révèle la nature de l’occupation, une occupation illégale non pas selon les règles palestiniennes mais selon l’ONU ».

Soutien international

Mais le monde ouvre les yeux, comme en atteste le soutien apporté par l’ONU et plusieurs pays européens. La rapporteuse spéciale de l’ONU, Mary Lawlor, s’est par exemple dite « extrêmement préoccupée » par une « tentative évidente de réprimer celles et ceux qui documentent et demandent des comptes face aux violations du droit ». L’ONU avait d’ailleurs déjà alerté sur la situation bien avant les agissements de Tsahal. « La communauté internationale doit  prendre des mesures immédiates et efficaces pour protéger et soutenir les six groupes de la société civile palestinienne qui ont été désignés comme “organisations terroristes” par le gouvernement israélien en octobre 2021 », prévenaient deux rapporteurs spéciaux en avril dernier.

Côté français, le Quai d’Orsay estime que « la fermeture des locaux de ces ONG et la confiscation de leurs biens à Ramallah n’est pas acceptable ». « Des représentants du consulat général de France à Jérusalem ont rencontré, avec plusieurs de leurs homologues européens, des membres de ces ONG afin d’avoir un échange et de marquer leursolidarité », précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Mais certains experts jugent ce soutien trop fragile. « Cette attaque est illégale au regard du droit international. La France, les Nations unies et l’Union européenne ont exprimé leur soutien continu, mais cela n’a pas été suffisant pour protéger les organisations, car Israël se pense au-dessus des lois », déplore Inès Abdel Razek, du Palestine Institute for Public Diplomacy.

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