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Avec ces Russes qui fuient la guerre

De nombreux Russes récemment mobilisés ont décidé de fuir leur pays pour ne pas mourir dans ce qu’ils appellent la « guerre de Poutine ». De son côté, le gouvernement russe a annoncé qu’il ne demandera pas l’extradition des Russes fuyant à l’étranger.

« Tellement de désinformation… »

Des milliers de russes en vacances à l’étranger le 21 septembre, jour de l’annonce de la mobilisation partielle par Vladimir Poutine, se demandent actuellement s’ils vont rentrer dans leur pays. « Je suis terrifié à l’idée de rentrer en Russie pour qu’ils me mettent un fusil dans les mains, et m’envoient tuer ou mourir pour Poutine, pour une guerre qui me révolte, mais je ne vois pas non plus comment je pourrais quitter la Russie, ma famille, mon travail », témoigne Oleg, un trentenaire de Kaliningrad, en vacances en Turquie.

Non loin de lui, toutefois, un jeune russe se dit prêt à « faire son devoir », bien qu’il ne soit pas un farouche défenseur de cette guerre. « Je suis contre toute guerre d’agression, mais c’est compliqué de démêler les faits, il y a tellement de désinformation … », plaide-t-il.

« Malheureuse en plein paradis »

Mais hormis ce jeune patriote, la plupart des vacanciers russes présents en Turquie rechignent à rentrer. C’est le cas de Vera, qui séjourne dans la station balnéaire de Kas, dans la province d’Antalya, en Turquie, depuis le mois d’août. « Je suis malheureuse en plein paradis », se lamente cette avocate russe, qui occupe ses journées en aidant ses compatriotes restés au pays pour manifester leur désaccord avec Poutine. « Je suis en contact avec l’ONG OVD-Info et je fournis par son intermédiaire des conseils légaux aux manifestants et aux personnes détenues », explique Vera, qui apporte également son aide aux nouveaux arrivants. « L’un d’entre eux vient d’arriver hier, il se remet de la panique qu’il a éprouvée », explique-t-elle.

Egalement présent à AntalyaEvgeny, un trentenaire de Saint-Pétersbourg, assume avoir fui son pays il y a des mois. « Je m’inquiétais de l’évolution de la situation et du totalitarisme grandissant du pouvoir. En 2021, j’avais demandé un passeport, au cas où je devrais quitter le pays dans l’urgence », se souvient le jeune homme. « Mais ce n’est pas facile avec le prix des tickets, les avions complets, et tout le monde ne peut pas travailler à distance. D’autres, comme ma mère, doivent s’occuper de leurs parents âgés ».

« Ils subiront sans doute de lourdes pertes »

Mais même les jeunes Russes souhaitant combattre devraient peut-être fuir, tant leur entraînement promet d’être rudimentaire. « La hâte avec laquelle la Russie a commencé sa mobilisation laisse entendre que beaucoup des recrues seront déployées sur le front avec une préparation minimale. Ils subiront sans doute de lourdes pertes », a récemment fait savoir le ministère de la Défense britannique. 

Le ministère russe de la Défense ne semble d’ailleurs pas très soucieux de retenir ceux ne voulant pas combattre. « Le ministère russe de la Défense, dans le cadre de la mobilisation partielle, n’a pas envoyé, n’a pas préparé et n’enverra pas de demandes aux autorités du Kazakhstan, de la Géorgie et d’autres pays concernant la question d’un retour supposément forcé en Russie de citoyens russes se trouvant là-bas », a indiqué le ministère dans un communiqué, mardi 27 septembre.

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