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Mali, de pire en pire

Pour détourner l’attention de sa désastreuse situation face aux djihadistes, la junte malienne multiplie les accusations contre la France et contre ses voisins. Une fuite en avant qui isole encore davantage le Mali, dont le seul allié reste la Russie, incapable de l’aider véritablement. 

« Pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde »

Lors de son allocution à la tribune de l’ONU samedi 24 septembre, le colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim du Mali (et bras droit du président, le colonel Assimi Goïta) s’en est violemment pris à la France, assurant que le Mali avait été « poignardé dans le dos par les autorités françaises ».

« Les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme », a déclaré le Premier ministre malien. Ce dernier a ensuite dénoncé la « pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde », de la France, vantant au contraire « les relations de coopération exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie ».

Abdoulaye Maïga a ensuite prononcé une menace à peine voilée à l’encontre du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Monsieur le secrétaire général, le Mali tirera toutes les conséquences de droit de vos agissements », a-t-il prévenu.

Tensions avec les Etats voisins

Mais la situation du Mali est également tendue avec ses voisins ; avec la Côte d’Ivoire déjà, Bamako ayant arrêté une cinquantaine de soldats ivoiriens à la frontière, mais aussi avec le Niger, dont le président, Mohamed Bazoum, a été qualifié « d’étranger » par les autorités maliennesune allusion à son appartenance à une minorité arabe. 

« Quand j’ai lu le discours du Premier ministre j’ai cru à un faux. Je m’attendais à quelque chose de fort mais pas à cette virulence », témoigne un diplomate malien. « La junte est acculée, coincée dans sa posture. Elle multiplie les affronts contre ses voisins ou la France pour se créer une clientèle et détourner l’attention de la situation sécuritaire sur le terrain qui est très mauvaise ».

Impuissance de Wagner

Le départ de Barkhane a laissé un vide que l’armée malienne et la milice Wagner n’ont pas réussi à combler, une vaste zone dont l’État islamique au grand Sahara (EIGS) a rapidement pris le contrôle.

« On a vu des regroupements de centaines de motos de l’EIGS. Cette montée en puissance est une conséquence du retrait de l’aviation de Barkhane qui empêchait au moins ce genre de chose », admet un haut responsable malien, qui reconnaît également l’impuissance de Wagner. « Dans cette zone, ils restent reclus dans leurs camps. Ils ne peuvent sortir car les alentours sont minés, explique-t-il. Au moins une vingtaine d’implantations djihadistes ont été repérées au sud de Sikasso sans que Bamako ne réagisse ».

Preuve de cette impuissance, le Niger a annoncé, mercredi 21 septembre, la suspension des livraisons de carburant vers Gao. Une mesure uniquement liée à l’insécurité dans la zone, et pas aux récentes attaques maliennes contre le président nigérien, affirme Niamey.

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