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Zaporijjia débranchée, mais toujours menacée

April 26, 2022, Kyiv, Ukraine: Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy, center, meets with the Director General of the International Atomic Energy Agency Rafael Mariano Grossi, on the 36th anniversary of the Chornobyl accident, April 26, 2022 in Kyiv, Ukraine. (Credit Image: © Ukraine Presidency/Ukraine Presi/Planet Pix via ZUMA Press Wire)

Le dernier réacteur (numéro 6) de la centrale nucléaire de Zaporijjia a été débranché du réseau lundi 5 septembre, mais l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) a tout de même demandé l’envoi de casques bleus sur zone. Pendant ce temps, la Russie continue de nier entreposer du matériel militaire sur les lieux, et renvoie la faute à l’Ukraine pourtant envahie. 

Réacteur débranché

Jusqu’à lundi, « une ligne de secours était utilisée pour délivrer l’électricité au réseau » ukrainien, mais celle-ci « a été délibérément déconnectée afin d’éteindre un incendie » causé par des bombardements, a fait savoir l’AIEA, précisant que la ligne en question « n’a pas été endommagée», et qu’elle sera reconnectée dès que possible. 

Toutefois, bien que déconnecté, le réacteur numéro 6 continue « à produire l’électricité nécessaire pour le refroidissement » du combustible nucléaire et la sécurité du site, précise l’AIEA. « Il sera de nouveau connecté au réseau quand la ligne de secours sera réactivée », insiste l’agence. Rappelons que le réacteur numéro 5 a été arrêté samedi en raison de frappes sur le réseau, et que les quatre autres sont à l’arrêt depuis des semaines. 

« Zone de sécurité nucléaire et de protection »

Suite à leur visite de la centrale, les inspecteurs de l’AIEA ont demandé dans leur rapport « l’établissement d’une zone de sécurité nucléaire et de protection » autour du site de Zaporijjia. Un souhait partagé par l’opérateur public ukrainien Energoatom: « Déployer le contingent du maintien de la paix et sortir les militaires russes peut être un des moyens pour créer la zone de sécurité à la centrale nucléaire de Zaporijjia », a en effet déclaré le président d’Energatom, Petro Kotine. Mais cela « nécessite des efforts diplomatiques de la part de l’ONU », déplore le dirigeant, guère optimiste.

« Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations », insiste l’AIEA, ajoutant que « les conditions extrêmement stressantes » dans lesquelles travaillent les employés pourraient entraîner des catastrophes. 

« Le principal risque c’est la perte de l’alimentation électrique du réacteur », qui pourrait entraîner l’arrêt de son refroidissement et provoquer « une fusion de son cœur », explique Karine Herviou, directrice générale de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire. Dans ce cas, « on se retrouverait sur un scénario plutôt type Fukushima » qui « peut mettre en danger l’intégrité du bâtiment du réacteur et conduire à des rejets très importants dans l’environnement », prévient-elle. Mas sans parler du pire, on peut également craindre des frappes sur « des assemblages de combustibles usés, très radioactifs » qui pourraient eux aussi « conduire à des rejets radioactifs dans l’environnement », insiste l’experte.

Mauvaise foi russe

De son côté, Moscou dit regretter que le rapport de l’AIEA ne pointe pas la responsabilité ukrainienne dans les bombardements de la centrale. « Nous regrettons que dans votre rapport la source de ces bombardements ne soit pas nommée directement », déplorait mardi le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies, Vassili Nebenzia, assurant que la seule menace venait des « bombardements et des sabotages par les forces armées ukrainiennes ».

A l’inverse, Volodymyr Zelensky s’est dit très satisfait du travail de l’agence, et n’a pas manqué de rappeler que son rapport mentionnait directement « la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale nucléaire ». Une allégation immédiatement démentie par Vladimir Poutine. « Il n’y a aucun équipement militaire sur le territoire de cette centrale », insiste le président russe.

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