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Défaillance de Starlink en Ukraine

Vendredi 7 octobre, des responsables ukrainiens ont signalé qu’une partie du réseau Starlink fourni par SpaceX, l’entreprise spatiale d’Elon Musk, avait cessé de fonctionner dans certaines zones récemment reprises par l’armée ukrainienne. Les causes de ces pannes sont pour l’heure inconnues, et les hypothèses vont bon train, certains accusant même Elon Musk d’avoir changé de camp.

Réponse d’Elon Musk ?

Les pannes de Starlink sont survenues quelques jours après qu’Elon Musk ait proposé un plan de paix pour l’Ukraine sur Twitter. Andrij Melnyk, l’ambassadeur ukrainien en Allemagne, lui avait alors répondu « Fuck off est ma réponse diplomatique ».

De nombreux observateurs se sont donc logiquement demandé si les coupures observées n’étaient pas une réponse du fantasque milliardaire à l’attitude de Kiev. Une hypothèse « hautement improbable », selon Yannick Harrel, expert en cyber stratégie et en mobilités 3.0, et hauteur de « La cyberstratégie russe ». « Musk est fantasque, mais certainement pas idiot. Il n’a pas livré des dizaines de millions de dollars de matériel à l’armée ukrainienne pour la mettre en danger après un simple accrochage sur les réseaux sociaux, assure le chercheur. Là n’est pas son intérêt ».

Le site canadien d’actualité Vice a toutefois révélé mardi que Musk se serait entretenu avec Vladimir Poutine ces derniers jours pour lui soumettre son plan de paix, une information immédiatement démentie par le milliardaire : « Ce n’est pas vrai. Je n’ai échangé avec Poutine qu’une seule fois et c’était il y a 18 mois ».

Ou simple dysfonctionnement ?

Le scénario d’une simple panne n’est bien sûr pas à écarter avant d’accuser qui que ce soit. Car comme le rappelle l’expert en média Olivier Lascar, également auteur du livre Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science, « au cunsystème, aussi perfectionné soit-il, n’est infaillible ».

« Starlink, c’est plus de 2000 satellites, des petites antennes transportées en l’occurrence par les troupes ukrainiennes et des relais d’antennes au sol », précise l’expert. « Il suffirait d’un problème sur l’une ou l’autre partie de ce système pour créer des pannes ».

Quelques zones d’ombres demeurent tout de même. Déjà, « SpaceX, qui contrôle Starlink, n’a pas communiqué », alors qu’elle le fait pour tout problème majeur, souligne Yannick Harrel. « Il est très improbable, par ailleurs, que les défaillances se soient concentrées précisément sur les zones de front dans le cas d’un simple problème technique », ajoute le chercheur.

Possible intervention russe

Mais même si la cause accidentelle est écartée, Musk n’est bien sûr pas le seul suspect, et Moscou est également pointé du doigt. La Russie a en effet les moyens de brouiller un réseau comme Starlink, grâce notamment à son système Tirada-2, considéré par de nombreux spécialistes comme l’un des plus efficaces outils de brouillage électronique au monde. 

Mais SpaceX a également refusé de se prononcer sur cette éventualité. « En ce qui concerne ce qui se passe sur le champ de bataille, c’est classifié » , a simplement déclaré Elon Musk.

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