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Impuissance de l’aviation russe en Ukraine

Malgré une supériorité aussi bien qualitative que quantitative, l’aviation de combat russe est clouée au sol par la défense antiaérienne ukrainienne. Impuissant, l’état-major russe mise désormais sur l’épuisement des missiles antiaériens ukrainiens, et un ralentissement de l’aide occidentale.

Deux aviations clouées au sol

Au début de la guerre, les avions de combat ukrainiens ont rapidement été abattus par l’aviation russe, obligeant les derniers appareils à se replier. « Ils ont rapidement dû se réfugier à l’ouest de l’Ukraine sur d’anciennes bases aériennes, et venir ponctuellement sur des petites bases avancées mais constamment sous la contrainte des missiles de croisière », explique Clément Grasser, chercheur à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de la défense russe.

Mais les avions de Moscou se sont rapidement trouvés dans la même situation. « Depuis le mois d’avril, ils ne s’aventurent presque jamais à l’intérieur des lignes ukrainiennes, relève Clément Grasser. Les Ukrainiens peuvent compter sur une défense qui s’appuie sur une bonne détection avec des radars à balayage électrique, et un avion, aussi bon et aussi discret soit-il, peut se faire abattre ». « Depuis le début, les systèmes antiaériens ukrainiens hérités de la période soviétique, jamais modernisés, sont redoutables », insiste le chercheur.

Même le fleuron de l’aviation russe, le très discret avion de cinquième génération Sukhoi Su-57, est impuissant dans le ciel ukrainien, où il ne parvient pas à échapper à la défense antiaérienne. « Le Su-57 est moins à l’aise aujourd’hui en Ukraine, et les Russes ne l’utilisent qu’avec parcimonie, car sa perte serait symboliquement un coup sévère », explique Clément Grasser. 

Inversement du rapport de force

Alors qu’au début du conflit la supériorité russe semblait écrasante, aujourd’hui l’Ukraine, avec ses vieux MiG-29, Su-25 et Su-22, semble pouvoir rivaliser, voire l’emporter dans le ciel. « L’activité de leurs avions semble de plus en plus intense avec de nouvelles capacités inédites par l’intégration de missiles américains, comme l’AGM-88 pour détruire les radars russes », constate Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et consultant en défense. « Dans le domaine aérien, la capacité opérationnelle ukrainienne est aujourd’hui bien plus forte qu’au début de la guerre, alors que pour la Russie c’est exactement le contraire ».

En effet, côté russe, l’aviation ne parvient désormais plus à frapper les troupes ukrainiennes, ni même à soutenir ses propres forces au sol. « Leur engagement se transforme désormais en perte », affirme Xavier Tytelman « Les chasseurs russes ont tellement abandonné leurs troupes au sol que celles-ci appellent au secours sur les médias sociaux comme il y a quelques jours à Kherson ».

Et face à une telle défense acharnée, l’état-major russe n’a qu’une solution, attendre et espérer que les stocks ukrainiens diminuent. « Désormais, les bases aériennes autour de l’Ukraine sont pleines, les pilotes russes attendent patiemment l’épuisement des missiles de défense antiaérienne ukrainienne », explique Clément Grasser. 

Toutefois, « la Russie a fait le choix de munitions très avancées pour ses avions, notamment des bombes planantes pour ses Sukhoi Su-34, mais extrêmement chères », et Moscou pourrait également rapidement se retrouver à court de munitions.

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