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Les relations gréco-turques sont au plus mal

Exaspérée par les « menaces » et « provocations » turques, Athènes hausse le ton fasse à Ankara, à l’image de son Premier ministre, qui n’a pas hésité jeudi dernier à invectiver directement Recep Tayyip Erdogan. Face à ce puissant voisin, la Grèce en appelle désormais à la solidarité européenne.

Provocations turques

A l’origine des tensions helléno-turques se trouve un accord entre Ankara et Tripoli conclu en 2019, déterminant les nouvelles zones économiques exclusives des deux pays au détriment du territoire grec. Athènes avait réagi en faisant de même avec l’Egypte, en en saisissant les instances internationales. 

Suite à ce désaccord territorial, et pour mettre la pression sur Athènes, Ankara a ensuite, dès mars 2020, ouvert ses frontières pour permettre le passage de migrants vers les îles grecques. Et plus récemment, ce lundi 3 octobre, Ankara et Triploi ont cette fois signé un mémorandum d’entente pour la prospection d’hydrocarbures en Méditerranée, remettant de nouveau en cause les frontières maritimes hellènes. « Quel que soit le point d’achoppement, l’immigration ou le plan énergétique, Ankara fait tout pour contester les frontières grecques, donc européennes, résume Constantinos Filis, directeur de l’Institut des relations internationales. En plus de ces actions coups de poing et des violations quotidiennes des espaces aériens et maritimes grecs, ses dirigeants inondent jour après jour le débat public de discours belliqueux qu’il faut évidemment prendre au sérieux ».

Mais la partie turque prétend, elle, être dans son bon droit, comme l’a rappelé jeudi Recep Tayyip Erdogan, à l’occasion d’un dîner rassemblant les quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement présents au sommet de la Communauté politique européenne à Prague. La Grèce est « à l’origine des tensions entre les deux pays », avait affirmé le président turc.

Dispute au sommet

Suite à cette pique de monsieur Erdogan, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a créé la stupéfaction en se levant et marchant vers la sortie. Avant de quitter la pièce, monsieur Mitsotakis s’est simplement tourné vers le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour lui lancer : « Cesse enfin de douter de la souveraineté des îles grecques, au lieu de provoquer, il faut dialoguer, sans rhétorique belliqueuse et menaçante, comme le font les dirigeants responsables ».

Cet été, le président Erdogan a en effet annoncé cesser les rencontres bilatérales avec les Grecs, après quoi il a suggéré « une occupation des îles de la mer Égée que la Turquie pouvait envahir la nuit ».

Vendredi 7 octobre, Kyriakos Mitsotakis est donc revenu sur sa sortie, estimant son comportement justifié par les provocations turques. « Nous avons le droit international de notre côté et je pense que c’était l’occasion, pour tous les dirigeants présents qui ne sont pas forcément experts du dossier, de voir qui est l’agresseur », a déclaré le Premier ministre grec en conférence de presse.

Athènes, qui veut absolument éviter une escalade avec Ankara, multiplie ainsi les appels au droit international, comme l’explique Constantinos Filis. « Le parallèle avec le conflit ukrainien hante la Grèce, avec une Turquie qui utilise le même genre de récit que la Russie pour contester les frontières grecques, quitte à violer les traités de 1923 et 1947 délimitant ces espaces », estime le chercheur.

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