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Biden à l’assaut de l’Asie du Sud-Est

En visite dans la région, le président américain Joe Biden tentera de raviver l’influence américaine, considérablement affaiblie par le désengagement de son prédécesseur, qui a du même coup permis à la Chine d’étendre son influence. 

Pour mener son projet à bien, Joe Biden se rendra ce week-end au sommet de l’Asean à Phnom Penh, au Cambodge, puis à Bali, pour assister au sommet du G20 les 15 et 16 novembre. La vice-présidente américaine Kamala Harris se rendra elle, à Bangkok, les 18 et 19 novembre pour le sommet de Coopération économique en Asie-Pacifique (Apec). 

Dégâts de l’Administration Trump

L’objectif de l’Administration Biden est donc clair : montrer à leurs partenaires d’Asie du Sud-Est que les Etats-Unis veulent se réengager dans cette région hautement stratégique, aussi bien sur le plan économique que militaire. En d’autres termes, il s’agit pour Washington de convaincre ses partenaire qu’il est le meilleur, pour ne pas dire seul rempart pour endiguer l’influence croissante de la Chine dans la région.

Toutefois, l’Administration Trump « a négligé l’Asie du Sud-Est et l’Asean » a un point tel que le come-back de Joe Biden sera difficile à réaliser, explique Sophie Boisseau du Rocher, spécialiste de l’Asie du Sud-Est à l’Institut français des relations internationales. « Les conséquences sont toujours sensibles ». Concernant le Partenariat transpacifique (TPP), par exemple, dont Donald Trump s’est retiré dès son arrivée au pouvoir, la crise de confiance est énorme. « Certains pays comme le Vietnam ont rejoint l’accord uniquement du fait de la présence des États-Unis, rappelle Sophie Boisseau du Rocher. Le retrait américain a envoyé un signal très négatif sur la fiabilité de leur engagement

Pour compenser l’échec du TPP, Joe Biden a bien proposé en mai dernier un nouveau partenariat de coopération, l’Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity (Ipef), «  mais dans les termes actuels, ce traité n’offre pas d’accès privilégié au marché américain ou de réduction des droits de douane », note Sharon Seah, experte de l’Asean à l’Iseas Yusof Ishak Institute de Singapour. 

Biden mise sur la peur

Pour ramener les capitales d’Asie du Sud-Est dans leur giron, les Etats-Unis mettent l’accent sur l’agressivité de Pékin dans les eaux disputées de mer de Chine du Sud, qu’ils pointent du doigt et proposent d’aider à contenir. Par exemple, sur les 150 millions de dollars promis par Washington à l’Asean pour développer ses infrastructures, 60 millions sont destinés à la sécurité maritime. « La sécurité prend la part du lion de cette mesure. Cela montre clairement que c’est une priorité américaine, là où l’Asean veut avant tout développer ses liens économiques avec les États-Unis », explique Sharon Seah. 

Washington devra donc faire bien mieux pour rattraper son retard accumulé face à Pékin. « Le leader chinois n’entend pas perdre du terrain dans la région et son approche multidimensionnelle aide. Si un terrain pâtit d’un ralentissement, d’autres prennent le relais », développe Sophie Boisseau du Rocher.

Toutefois l’avance de Pékin n’est pas irrattrapable, et les pays d’Asie du Sud-Est seront sûrement amenés à choisir un camp. « Jusqu’ici l’Asean a bénéficié des avantages de sa relation avec les deux puissances, que sont les États-Unis et la Chine, rappelle Sharon Seah. Mais pour combien de temps encore, cela reste à voir ». D’ailleurs, plutôt que de choisir un camp, le bloc Asie du Sud-Est pourrait également se disloquer … Affaire à suivre donc. 

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