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L’Inde veut remodeler le monde

Le Premier ministre indien Narendra Modi compte profiter de la présidence indienne du G20 pour contester l’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale, et la domination de l’occident sur le monde. 

Ambitions indiennes

« Le changement climatique, la pandémie de Covid, les événements en Ukraine, ont fait des ravages. Les chaînes d’approvisionnement globales sont en ruine. Il y a une pénurie de biens essentiels à travers le monde », déclarait le Premier ministre indien, Narendra Modi, lors du sommet du G20 à Bali. 

Une catastrophe due aux « institutions multilatérales telles que l’ONU », qui « ont échoué sur ces questions », selon monsieur Modi, qui compte donc désormais sur sa présidence du G20 pour « créer un nouvel ordre mondial ». Pour l’aider dans sa tâche, le Premier ministre sera accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, qui écrivait en 2020 déjà : « La clé de la longévité occidentale tient à l’ensemble des institutions et des pratiques qu’elle a établies durant sa période de domination. Mettre en place des alternatives est un défi immense. Mais cela finira par arriver ».

Pour mener ses ambitions à bien, Subrahmanyam Jaishankar mise sur la « puissance douce », ou le Soft Power indien, basé sur l’hindouisme et la culture indienne. Narendra Modi a en effet récemment vanté les mérites de l’advaita, un courant philosophique visant à utiliser l’hindouisme comme « moyen de résoudre les conflits mondiaux et les dilemmes de notre temps».

« Il est de notre responsabilité d’initier le monde à la pensée et à la force de l’Inde. (…) Il est de notre responsabilité de développer les connaissances du monde avec l’intellectualisme issu de notre culture millénaire », a ainsi déclaré le Premier ministre lors de la présentation du logo de la présidence indienne au G20.

Vestige du colonialisme

Victime du colonialisme du XVème siècle à 1947, l’Inde veut prendre sa revanche sur l’occident, dont elle considère la domination actuelle comme un néocolonialisme. Narendra Modi se dit en effet fier d’incarner « une Inde nouvelle », dont la population « est en train de régénérer une société pillée pendant des siècles par les attaques étrangères et le colonialisme ».

Réformer le système international est indispensable pour que l’Inde devienne la puissance de premier plan qu’elle devrait être depuis des années, et c’est une condition sine qua non pour « nous libérer d’une mentalité coloniale », a récemment déclaré Jaishankar à l’ONU.

Rapprochement avec la Chine

Pour réformer le système international, l’Inde compte sur le reste des pays émergeants, et même sur la Chine, son rival de toujours. « Nous allons dessiner le plan de notre présidence avec tous nos amis du Sud qui ont été les compagnons de route de l’Inde sur le chemin du développement », insiste le Premier ministre. 

Mais ce changement ne se fera pas sans Pékin, comme le rappelle Subrahmanyam Jaishankar. « L’Inde et la Chine gardent à l’esprit qu’elles contestent toutes les deux l’ordre établi par l’Occident. Les deux pays poursuivent le même effort de créer un monde plus équilibré. Qu’il s’agisse de préserver la force et la stabilité de la Russie ou de contrer le fondamentalisme religieux, leurs intérêts convergent », rappelle le ministre. 

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