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Une basketteuse contre un marchand d’armes : point pour Poutine

Jeudi 8 décembre, la Russie a libéré la championne de basket américaine Brittney Griner en échange du célèbre trafiquant d’armes Viktor Bout, dont l’histoire a inspiré le film Lord of War, avec Nicolas Cage. Ce transfert des plus inégaux est un coup de force diplomatique de la part de Vladimir Poutine.

Echange pour certains, reddition pour d’autres

« Elle est en sécurité, elle est dans un avion, elle est sur le chemin du retour après des mois de détention injuste en Russie, détenue dans des circonstances intolérables, s’est félicité Joe Biden jeudi depuis le Bureau ovale. Elle est en route vers un centre médical à San Antonio pour un examen de routine ». 

Mais l’annonce de cet échange, jugé bien trop inégal, est loin d’avoir fait l’unanimité dans les rangs américains. On reproche notamment au président américain de ne pas avoir réussi à rapatrier un autre prisonnier américain, Paul Whelan, accusé d’espionnage et détenu en Russie depuis décembre 2018. «  En raison des fausses accusations portées par la Russie contre Paul Whelan, les Russes ont rejeté chacune de nos propositions de libération  », a expliqué un haut responsable américain.

«  Nous n’avons pas oublié Paul Whelan et nous continuerons à négocier de bonne foi pour sa libération », a assuré Joe Biden. Toutefois, « il ne s’agissait pas de choisir quel Américain ramener ». « Malheureusement, pour des raisons totalement illégitimes, la Russie traite le cas de Paul différemment de celui de Brittney. Et bien que nous n’ayons pas encore réussi à obtenir la libération de Paul, nous n’abandonnons pas. Nous n’abandonnerons jamais », a promis le président américain. 

Pour John Bolton, ex-conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, «  ce n’est pas un échange, c’est une reddition. Les terroristes et les États voyous du monde entier en prendront note et cela mettra en danger d’autres Américains à l’avenir ».

Provocations de Bout

A peine arrivée à Moscou, Viktor Bout a pris la parole pour remercier les autorités russes et fustiger l’occident. « Ils m’ont simplement réveillé au milieu de la nuit et m’ont dit de préparer mes affaires. Il n’y avait aucune information claire au préalable. Mais je suis arrivé ici, c’est la chose la plus importante », a d’abord déclaré le trafiquant d’armes. « Je suis très reconnaissante envers notre président, Vladimir Poutine. Une profonde révérence maternelle (aussi) au ministère des Affaires étrangères, dirigé par Sergueï Lavrov », a de son côté clamé la mère du prisonnier libéré. 

« Les Occidentaux pensent qu’ils ne nous ont pas achevés en 1990, quand l’Union soviétique a commencé à s’effondrer. Et le fait qu’on essaye de vivre, de n’être gouverné par personne et de ne dépendre de personne, c’est bien sûr pour eux une nouveauté choquante, a ensuite assené le marchand de mort. Ils pensent qu’ils peuvent à nouveau nous détruire et diviser la Russie ».

Le pouvoir russe s’est lui montré très clair sur la situation, rappelant que cet échange ne changeait rien à la situation entre les deux pays. « Ces négociations concernaient uniquement l’échange, il est probablement incorrect de faire des conclusions hypothétiques disant que ce serait un pas vers une sortie de la crise que nos relations bilatérales traversent actuellement, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Nos relations bilatérales sont toujours dans un état déplorable ». « Le principal résultat » de cet échange, « c’est qu’un citoyen russe qui était prisonnier pendant 14 ans des Américains, de façon absolument illégale, a pu rentrer au pays », a insisté le porte-parole.

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