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Contre les chars occidentaux, Moscou déploie les «Marker»

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Dimanche 29 janvier, l’ancien vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, a annoncé l’arrivée dans le Donbass en février de quatre drones terrestres anti-chars «Marker», tout à fait en mesure de «détruire» les nouveaux chars occidentaux. 

Loin d’être autonomes

Pour l’expert en système d’armes terrestres Marc Chassillan, le terme de robot employé pour décrire les Marker est loin d’être approprié. « Ce sont des modèles expérimentaux, la robotique militaire terrestre, en Russie comme ailleurs, n’est pas encore mûre pour partir au combat de façon autonome. En fait, ils n’ont rien à voir avec des robots. Ce sont des engins téléguidés », nuance l’expert. « Les drones aériens et sous-marins évoluent dans des milieux homogènes que sont l’air et l’eau, alors que le milieu terrestre est d’une complexité effroyable ».

Selon l’entreprise Android Technology et la Fondation pour les études avancées toutefois (les deux organismes chargés du pilotage), le Marker pourra certes être commandé à distance, mais aussi agir de façon autonome grâce à l’emploi d’une intelligence artificielle reposant sur un « réseau de neurones artificiels ».

Peu probable, selon Marc Chassillan. « Il faut toujours deux opérateurs, un premier pour la mobilité, un second pour le système d’armes. Les capteurs et les algorithmes qui traitent les informations reçues ne permettent pas aux drones terrestres, à ce jour, de choisir leur route et d’interpréter les obstacles. Leur autonomie décisionnelle n’existe tout simplement pas », affirme l’expert, pour qui les Marker joueront surtout les «sentinelles» ou les «rondiers». «Vous voulez protéger un site, ils vont apprendre le chemin par cœur. Ils savent suivre leurs propres traces, mais ne savent faire que ça », résume le spécialiste. Dotés de mitrailleuses, de lance-grenades et de missiles anti-chars, ils feront toutefois des gardes redoutables. 

Ciblage par signature visuelle ou infrarouge

Pour frapper ses cibles, le Marker pourra les cibler grâce à leur chaleur, mais aussi grâce à leur forme. « Dès que les livraisons de chars Abrams et Leopard commenceront, le ‘Marker’ recevra une image électronique appropriée et pourra les frapper automatiquement avec des ATGM », explique Dmitri Rogozine.

« Disons qu’il a repéré un T-64, un véhicule blindé de transport de troupes et du matériel étranger sur la ligne de contact. Le robot sélectionne indépendamment la cible en fonction de la priorité », ajoute l’ancien ministre. 

Les Marker ne changeront pas la donne sur le champ de bataille, affirme Marc Chassillan, qui voit surtout dans cette annonce un coup de communication. « Ils ont ça en soute, alors ils l’annoncent », résume l’expert. 

Intérêt expérimental

Mais leur déploiement présente toutefois un véritable intérêt expérimental. « À ce stade, les ‘Marker’ ne vont produire aucun renversement tactique, mais les Russes apprennent en marchant. Mieux vaut tester ces équipements sur un vrai champ de bataille que sur un terrain d’entraînement en temps de paix », explique Marc Chassillan. 

« Les drones terrestres sont principalement une démonstration de force. Ils ne doivent pourtant pas être pris à la légère. Une course aux armements est déjà visible entre la Russie, la Chine et les États-Unis alors qu’ils développent des robots pour de futures guerres », prévient le chercheur Christian A. Andersson.

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