Le quotidien allemand Die Welt vient de révéler que la Bulgarie, pays historiquement proche de Moscou dont le parlement est encore actuellement prorusse, avait aidé en secret l’Ukraine au début de l’invasion. L’ancien premier ministre bulgare, Kiril Petkov, a en effet manoeuvré pour fournir environ 30% des munitions et 40% de l’essence utilisées par les forces ukrainiennes au printemps.
Question « de vie ou de mort »
« Nous savions que les entrepôts bulgares contenaient de grandes quantités de munitions nécessaires, alors le président Zelensky m’a envoyé pour obtenir le matériel », a récemment fait savoir le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, au quotidien allemand. Le ministre serait allé jusqu’à supplier Kiril Petkov, déclarant qu’il s’agissait d’une question « de vie ou de mort ». Ce dernier lui aurait alors promis de faire « tout ce qui (était) en son pouvoir ».
« Nous estimons qu’environ un tiers des munitions nécessaires à l’armée ukrainienne au début de la guerre provenaient de Bulgarie », affirme Dmytro Kuleba, ajoutant que l’aide en carburant aurait, elle, couvert « 40% des besoins » ukrainiens.
Pas d’aide militaire directe
Pour fournir cette aide Sofia s’est appuyé « sur des stocks ex-soviétiques, ceux-là mêmes qui ont permis à plusieurs pays, dont la Pologne, d’aider rapidement l’Ukraine sans trop se déforcer », explique Benjamin Gravisse, spécialiste de l’armée russe.
Dmytro Kuleba explique lui que le gouvernement bulgare n’a pas fourni une aide militaire directe, « mais plutôt que les entreprises ukrainiennes et les entreprises des pays de l’OTAN ont eu la possibilité de se procurer ce dont elles avaient besoin auprès de fournisseurs bulgares ». Une manière habile de dédouaner l’ancien Premier ministre bulgare, qu’il remercie de nouveau : « Kiril Petkov a fait preuve d’intégrité, et je lui serai toujours reconnaissant d’avoir utilisé tout son savoir-faire politique pour trouver une solution ».