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Le sentiment anti-allemand renforcé en Pologne

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Poland Border Federal Republic Of Germany Monument

La longue réticence des Allemands à autoriser Varsovie à fournir des chars Leopard 2 à Kiev a apporté de l’eau au moulin du parti nationaliste-conservateur au pouvoir en Pologne, Droit et Justice. 

Berlin dans le viseur

Il s’agit d’un « grand pas en avant pour stopper la Russie », s’était réjoui le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, suite à l’annonce allemande. Ce dernier est pourtant loin de porter Berlin dans son coeur. 

Nous livrerons des Leopard 2 « quelle que soit la décision prise, mais en respectant les procédures requises », avait par exemple déclaré le Premier ministre, las d’attendre la réponse de Berlin. « Nous attendrons les prochains jours, une à deux semaines, pour avoir une réponse officielle », avait-il tout de même précisé. 

Et bien que Berlin ait finalement accepté de livrer des Leopard 2, contrairement à Paris qui ne souhaite pas envoyer ses Leclerc, c’est l’Allemagne qui suscite encore et toujours la colère des Polonais. « Si l’Ukraine était tombée au bout de quelques jours de combats, il y aurait certainement eu des sanctions contre la Russie, mais Berlin aurait constitué un frein au processus », accuse l’essayiste Witold Jurasz, ancien chargé d’affaires en Biélorussie, n’hésitant pas à réécrire l’histoire. 

Embarras de l’opposition 

Dans le camp libéral polonais, dont le chef de file n’est autre que l’ancien président du Conseil européen, Donald Tusk, l’équilibre est précaire. « Le refus de Droit et Justice de construire une union nationale autour du conflit ukrainien et un réseau de consultation entre les partis politiques met aujourd’hui l’opposition dans l’embarras. D’un côté, les libéraux ne sont pas d’accord avec le discours agressif envers l’Allemagne, de l’autre, ils ne veulent pas adopter une posture critique qui risquerait d’alimenter un courant anti-allemand contre-productif », résume Eugeniusz Smolar, membre du think-tank Centre pour les relations internationales (Centrum Stosunkow Miedzynarodowych).

« Il est symptomatique que ni Donald Tusk, ni la Plateforme civique (parti d’opposition centriste) ne mettent davantage la pression sur les Allemands ; on ne voit ni entend presque aucune déclaration indiquant sans équivoque ce que l’Allemagne devrait faire », souligne le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, au contraire très à l’aise avec cette situation.

Vestiges de la guerre

L’animosité des conservateurs polonais vis-à-vis de l’Allemagne est également liée à une requête du gouvernement polonais, qui a récemment demandé plus de 1,3 milliard d’euros de dédommagement à Berlin par note diplomatique, bien sûr restée sans suite.

Cette compensation est l’unique moyen de « fonder les relations polono-allemandes sur la justice et la vérité », avait déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Arkadiusz Mularczyk, qui s’est ensuite délecté de ce refus. Cela « montre malheureusement l’attitude des Allemands envers les Polonais, envers la Pologne mais nous sommes prêts pour une longue bataille », a-t-il dénoncé .

En cas d’agression russe sur le territoire polonais « il n’y aurait aucune garantie que les Allemands cibleraient les missiles russes », va même jusqu’à accuser Jarosław Kaczyński, le véritable leader du parti Droit et Justice.

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