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La population mondiale pourrait bientôt décroître

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Selon une étude de l’ONU, la population mondiale devrait cesser de croître d’ici 2050 pour culminer à 9 milliards d’individus, avant de diminuer progressivement. Mais d’autres rapports prévoient une baisse bien avant 2050.

Nécessité d’une vision globale

D’après une étude réalisée par des chercheurs de l’initiative Earth4All pour la Global Challenges Foundation et publiée lundi par le Club de Rome, l’ONU est dans le faux puisqu’elle « s’appuie exclusivement sur des données démographiques pour extrapoler une tendance historique », sans prendre en compte les mécanismes de fond. 

A l’inverse notre étude «  simule les liens complexes entre les trajectoires de développement socio-économique mondial et les limites planétaires entre 1980 et 2100  », explique Beniamino Callegari, professeur associé à l’université Kristiania d’Oslo et coauteur de l’étude. C’est-à-dire que nous prenons en compte «  les effets d’interaction survenant dans des domaines très différents  : PIB par habitant, éducation, santé, réchauffement climatique … »

« Nous soutenons que la baisse actuelle de la fécondité, déjà très visible à l’échelle mondiale, mettra fin à la croissance de la population mondiale plus tôt que ne le prévoient les Nations unies », affirme Beniamino Callegari. 

Emancipation de la femme

Les chercheurs de l’initiative Earth4All s’accordent à dire que ce revirement sera en grande partie dû à «  l’autonomisation des femmes ». « C’est-à-dire leur capacité à décider de leur propre destin en matière d’éducation, de travail et de vie familiale est l’un des facteurs expliquant la différence avec les estimations des Nations unies, explique Beniamino Callegari. Lorsque les femmes sont autonomes, elles expriment en moyenne une préférence pour un équilibre entre ces éléments, ce qui se traduit par un report des grossesses et donc une réduction de la taille des familles ».

Le ralentissement de la croissance démographique mondiale aurait d’ailleurs déjà commencé. « Cette croissance a atteint son taux maximal il y a environ soixante ans,  explique le démographe Gilles Pison, conseiller de la direction de l’Ined. Depuis, ce taux ne cesse de diminuer en raison de la baisse de la fécondité. Les femmes mettent au monde 2,3  enfants en moyenne chacune (contre 5 dans les années 1960) et dans le scénario moyen des Nations unies, ce taux de fécondité continue de diminuer pour atteindre 1,8 en 2100 ».

Difficile à prévoir

Mais le ralentissement de la croissance ne signifie pas sa fin, et la population continuera donc de croître dans les décennies à venir, notamment en raison de l’« inertie démographique » (beaucoup d’adultes en âge de faire des enfants). « Il faut d’ailleurs l’expliquer aux gens qui pensent que l’on est trop nombreux  : il est illusoire de penser pouvoir arrêter la croissance démographique tout de suite, rappelle Gilles Pison. Au-delà de 2050 en revanche, les projections sont plus incertaines. Mais on ne sera ni deux fois moins, ni deux fois plus nombreux à la fin du siècle ».

Mais le démographe rappelle que « les relations entre les variables économiques et environnementales et la démographie sont loin d’être établies ». « On peut faire le bilan cinquante ans après : rien ne permet d’annoncer cet effondrement de la population pour les décennies à venir », insiste-t-il.

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