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Le Conseil National Syrien ouvre ses bureaux en Turquie

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[image:1,l]L’installation « officielle » du Conseil National Syrien


Dans les nouveaux bureaux du Conseil National Syriende facto un gouvernement provisoire en exil qui rassemble la gauche, les Islamistes et les membres d’autres factions ayant rejoint l’opposition syrienne – les cartons de fournitures n’ont toujours pas été ouverts, et l’odeur de neuf persiste.
C’est depuis l’un de ces bureaux, à l’intérieur d’un bâtiment abritant, pour l’essentiel, des entreprises d’import/export, que les représentants de l’insurrection populaire syrienne s’apprêtent à poursuivre leur combat pour la légitimité et une reconnaissance internationale.


Un besoin de reconnaissance


« Quand les gouvernements reconnaîtront ce bureau comme le siège du Conseil National Syrien, je pourrai ressentir l’émotion qui accompagne le sentiment du travail accompli » confie Halit Khodja, un membre du conseil.
Le temps du président du Conseil est, pour le moment, consacré à renforcer la légitimité de cette structure auprès de la communauté internationale. L’objectif : être reconnu comme le représentant légitime du peuple syrien. Récemment, le conseil espérait que les gouvernements étrangers aboutiraient à cette reconnaissance, qui s’accompagnerait d’une aide humanitaire et d’une intervention militaire.


L’immobilisme de la communauté internationale


« Alors qu’en adoptant des sanctions, la Ligue Arabe a accentué sa pression sur le régime de Bachar al-Assad, celle de la communauté internationale a, au contraire, diminué, regrette HodjaLe peuple syrien ne veut que des avancées concrètes. Compte tenu de la situation, croire en la possibilité de réformes conduites par un gouvernement aux ordres d’un tyran, comparable au seul Kadhafi, est inutile. »


Un gouvernement agrippé au pouvoir


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Le régime d’Assad continue à s’agripper au pouvoir. Il tente, de manière illusoire, de proposer des réformes, mais celles-ci sont superficielles et malhonnêtes. Les partisans de l’insurrection ne sont pas dupes.
Parfait exemple : les élections locales qui se sont tenues, lundi 12 décembre, en Syrie. La SANA, l’Agence Syrienne d’Informations, a repris la déclaration d’un fonctionnaire de Damas. Celui-ci n’avait rien d’autre à dire que d’assurer que le scrutin s’était passé dans « une atmosphère de transparence marquée par l’honnêteté et l’application des principes démocratiques. »


Les Syriens en ont eu une toute autre image


« C’était un gros mensonge des médias » clame Omar Shaker, un militant résidant à Homs, l’une des villes les plus durement touchées par la répression. Des tranchées creusées par les forces de l’État séparent désormais les différents quartiers de la ville, assiégée par les militaires.
D’après Shaker, le carburant et la nourriture se font de plus en plus rares et les prix à la consommation ont, d’ores et déjà, doublé. « Je suis allé assister au vote, non pas pour voter, bien sûr, mais juste pour voir comment ça se passait. J’ai constaté qu’ils avaient dépêché quelques hommes de sécurité, habillés en civil. Ce sont eux que les médias officiels présentaient comme des citoyens venus voter » ajoute-t-il.


Des élections à l’intérêt controversé
 


D’autres ont qualifié les élections, programmées il y a tout juste un mois, d’entreprise de manipulation du régime d’Assad. « C’est la démocratie dans sa version parti unique. Une véritable comédie. Nous connaissons toujours les résultats à l’avance, inutile de voter », s’indigne Muhamed Fadi, par téléphone depuis Damas où il réside.
Même à Damas, qui a pourtant vu moins de manifestations que d’autres villes syriennes, la participation est restée faible, prétendent les activistes. « Il y a très peu de gens qui sont allés voter aux élections à Damas. Je l’ai constaté de mes propres yeux, ajoute OmarBachar sait bien que nous ne croyons pas en lui, il essaie juste de convaincre les autres pays. »


Le silence de la communauté internationale


[image:3,s]Les pressions sur la Syrie n’ont cessé d’augmenter depuis que la Turquie, ancien partenaire et allié privilégié, a imposé des sanctions économiques. Mais jusqu’à maintenant, la communauté internationale n’a pas répondu aux appels de l’opposition syrienne cherchant à instaurer une zone tampon et une zone d’interdiction de survol. Ces mesures, selon les activistes, sont indispensables pour protéger les civils et forcer la main d’Assad. Le Conseil de Sécurité des Nations unies est longtemps demeuré divisé du fait de l’opposition de  la Chine et de la Russie à toute ingérence. Le statu quo pourrait évoluer puisque, jeudi 15 décembre, la Russie, jusque-là le plus solide soutien de Damas, a déposé un projet de résolution devant le Conseil de sécurité, une ébauche, encore timide, de désaveu de Bachar al-Assad.


Un nombre de victime croissant


L’ONU estime que le nombre de morts en Syrie, depuis neuf mois qu’a débuté l’insurrection, dépasse désormais les 5 000 victimes – et le rythme de ces décès s’accélère. Le nombre de décès pourrait même maintenant être supérieur à 6 000 si l’on y inclut les 1 100 membres des forces de sécurité syriennes, tués par ce qu’ils qualifient, des « gangs armés ».


La formation d’une Armée syrienne libre


Pendant ce temps, l’armée syrienne, à l’inverse de l’armée égyptienne, reste largement unie dans le soutien au régime. Une armée de rebelles, l’Armée syrienne libre, commence cependant à attirer de plus en plus de soldats sympathisants, déserteurs.
Quand les soldats se décident à changer de camp, ils prennent contact avec le réseau d’activistes locaux qui leur fournit un refuge et de la nourriture. En retour, les soldats sympathisants défendent la région et protègent la population. « Le peuple essaie d’inciter les soldats à la défection » dit Shaker. Mais l’Armée syrienne libre, qui a mené des attaques contre des cibles gouvernementales, n’a pas la même artillerie lourde que l’armée d’Assad et ne peut compter que sur les armes et munitions qu’emportent avec eux les soldats lors de leur désertion, ainsi que des livraisons de quelques réseaux de contrebande. « Et ce n’est pas une chose facile. »


Un réapprovisionnement difficile


D’après Amir, un activiste de Hatay, ville frontalière avec la Turquie, les besoins matériels de la résistance sont de plus en plus difficiles à satisfaire. Tant que la révolution n’a pas dégénéré en conflit ouvert, la frontière entre la Syrie et la Turquie demeure un important nœud du trafic. La Turquie est le principal point de passage pour accéder en Syrie. « Ils gardent un œil sur le matériel de communication, mais les contrebandiers essaient de faire rentrer de petites armes ou des munitions » ajoute-t-il. « Le gouvernement turc ferme les yeux sur l’aide humanitaire. Quand on en vient aux armes, il se met très en colère. »


GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press

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