Site icon La Revue Internationale

Quelle légitimité pour le Conseil de sécurité?

conseil_de_securite_-_onu.jpgconseil_de_securite_-_onu.jpg

[image:1,l] A l’ordre du jour, mardi 21 février à l’ONU, la réforme du Conseil de sécurité. Le projet n’est pas nouveau, les cinq membres qui dominent à l’ONU (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) reflètent pour beaucoup la communauté mondiale d’après-guerre (après la Deuxième Guerre mondiale, ils représentaient 50% de la population de la planète) et d’autres puissances mériteraient largement aujourd’hui leur place dans le cercle très privé des décideurs du monde.

Le veto sino-russe alerte sur l’immobilisme du Conseil de sécurité

Récemment, le veto de la Russie et de la Chine au projet de résolution condamnant la répression en Syrie a montré les limites du Conseil de sécurité pour être un rempart à la violence. Ce dernier évènement n’est malheureusement pas un exemple isolé et la communauté internationale s’inquiète du manque de représentation objective et de réactivité de la principale autorité de l’ONU.

Parmi les candidats potentiels, l’Allemagne, le Japon, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud sont portés favoris dans le clan des réformateurs de l’ONU. Si ces pays trouvaient leur place au sein du Conseil de sécurité, les projets de résolution ne pourraient alors plus être bloqués par un unique veto mais par ceux de deux pays au minimum, permettant ainsi de réduire le risque de paralysie du Conseil.

Représenter le monde du XXIe siècle

Riche de ces cinq nouveaux membres, le Conseil serait alors plus représentatif de la configuration actuelle du monde, plus légitime et nécessiterait la formation de coalitions entre les pays membres.

Il faut savoir que l’Europe représente moins de 10 % de la population mondiale mais compte deux sièges permanents. L’Inde est riche d’un milliard d’habitants, comme la Chine et le Japon est le deuxième plus gros contributeur de l’ONU et de ses agences. Deux continents entiers, Afrique et Amérique du Sud ne sont pas représentés.

Même si l’ONU accueille aujourd’hui 193 Etats dans son Assemblée générale, le Conseil de sécurité reste inchangé depuis 1946. Pour réformer ce corps, un amendement devrait être ajouté à la Charte des Nations unies ayant obtenu le soutien d’au moins les deux tiers de l’Assemblée générale, ce qui explique pourquoi seuls trois amendements ont été votés depuis la création de l’organisation.

Cinq membres aux pleins pouvoirs

Officiellement, les cinq membres du Conseil de sécurité ne sont pas seuls. Si les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie sont membres permanents, ils sont accompagnés par dix membres non-permanents, élus pour deux ans par l’Assemblée générale et renouvelés par moitié tous les ans. Les membres non-permanents n’ont pas de droit de veto. Ils peuvent voter positivement ou s’abstenir mais pas bloquer une résolution. Le groupe des dix membres non-permanents est actuellement formé de l’Allemagne, l’Inde, la Colombie, le Portugal, l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, le Guatemala, le Maroc, le Pakistan et le Togo.

Les puissances émergentes réclament leur place 

Kofi Annan, lorsqu’il était secrétaire général de l’ONU, défendait la thèse de l’élargissement des membres permanents. Néanmoins, de nombreux pays plaident pour leur candidature et le choix des nouveaux pays membres, s’il devait avoir lieu, n’aurait rien de simple. L’Italie refuse de se voir lésée et de devenir le dernier grand pays de l’Union européenne à ne pas avoir de siège, le Mexique et l’Argentine défendent leur candidature face à celle du Brésil, le Pakistan cherche aussi à trouver sa place face à à l’Inde et la Corée du Sud se pose en concurrent du Japon.

Malgré tout, sans changement, le Conseil de sécurité risquerait fort de perdre sa légitimité. Le veto de la Chine et de la Russie sur la Syrie l’illustre bien. La communauté internationale entière a fustigé l’immobilisme de l’entité censée défendre la paix et la sécurité dans le monde. La Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a même parlé d’un corps « fossilisé et illégitime ». Le Conseil de sécurité de l’ONU est pris à son propre piège.

Quitter la version mobile