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« Privons Bachar al-Assad de son permis de tuer »

[image:1,l]« Les divisions au sein de la communauté internationale ont donné au gouvernement d’Assad un permis de tuer. »  Il est temps maintenant que « ce permis lui soit retiré ». Dans une lettre ouverte publiée par le quotidien britannique Financial Times lundi 12 mars et dans Le Figaro mardi 13 mars, une cinquantaine de personnalités de plus de 27 nationalités – anciens chefs d’Etat, prix Nobel de la paix, intellectuels – demandent au Conseil de sécurité de l’ONU de s’unir pour mettre fin aux exactions du président syrien contre sa propre population.

« Cette horreur doit cesser »

Les signataires incitent le gouvernement russe à « se joindre aux efforts collectifs pour mettre un terme rapidement au conflit et restaurer la paix et la stabilité en Syrie et dans la région ». La lettre demande aux membres du Conseil de sécurité d’adopter une résolution appelant notamment le régime syrien à cesser les attaques contre la population, à libérer les détenus emprisonnés depuis le début de la révolte et à faciliter la mise en œuvre d’une aide humanitaire d’urgence. « Cette horreur doit cesser », affirment-ils avec force.

Cet appel qui invite le Conseil de sécurité  « à sortir de sa léthargie » est signé par les anciens présidents brésilien Fernando Henrique Cardoso et sud-africain Frederik de Klerk, par David Miliband, ancien ministre des Affaires étrangères britannique, par Richard von Weizsäcker, ancien président de la République fédérale d’Allemagne, par l’ancien ministre de la justice français Robert Badinter et par les deux Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi et la Libérienne Leymah Gbowee.

Russie et Chine toujours inflexibles

Sauf improbable, cet appel restera pour l’instant lettre morte. La réunion du Conseil de sécurité, lundi à New York, qui devait évoquer les « leçons du Printemps arabe », n’a débouché sur aucune proposition concrète concernant la Syrie. Les Etats-Unis, par la voix de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et l’Europe, par celle du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé et de son homologue britannique William Hague, ont tenté une nouvelle fois de faire pression sur Moscou et Pékin, qui bloquent tout projet de résolution.

Dénonçant une « violence toujours plus barbare » de la part de Damas, Alain Juppé a averti les autorités syriennes qu’elles devraient  « répondre de leurs actes devant la justice internationale ». William Hague a demandé au Conseil de « faire preuve d’unité et de leadership ». « La communauté internationale doit parler d’une seule voix », a martelé Hillary Clinton comme pour mieux enfoncer le clou.

Mais toutes ces déclarations n’ont pas convaincu le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui a affirmé que le Conseil était  « manipulé » sur la crise syrienne comme il l’avait été sur la Libye. L’ambassadeur chinois Li Baodong a lui aussi rejeté toute intervention militaire et toute tentative de « changer le régime ». 

Damas doit donner sa réponse à Kofi Annan

L’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, après son passage à Damas ce week-end, attend de son côté une réponse syrienne à ses « propositions concrètes » pour un arrêt des violences. Bachar al-Assad devrait faire connaître sa position aujourd’hui. 

Pendant ce temps, sur le terrain, les violences se poursuivent. Près de trente personnes ont péri au cours des violences à travers le pays lundi. Au moins dix soldats syriens ont été tués mardi 13 mars à l’aube dans une embuscade menée par des insurgés dans la province rebelle d’Idleb, frontalière de la Turquie,  où depuis quelques jours, l’armée mène une offensive pour déloger les rebelles. 

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