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Timide « déclaration de Bagdad » au sommet arabe

[image:1,l]Le sommet arabe venait tout juste de débuter au Palais républicain. Après la récitation de sourates du Coran, Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition libyen (CNT), avait prononcé le discours d’ouverture. En dépit de mesures de sécurité exceptionnelles, un obus de mortier s’est abattu, non loin, aux abords de l’ambassade d’Iran, sans faire de victime. Des djihadistes irakiens avaient appelé, mardi, à « frapper le quartier général du sommet arabe ». Promesse tenue, le ton était donné. Bienvenue à Bagdad.

Un sommet historique à plusieurs titres

D’abord, l’identité même du président de cette première séance symbolise les effets de la vague révolutionnaire qui a touché le monde arabe. La dernière édition du sommet arabe s’était tenue à Syrte en Libye sous la présidence de… Mouammar Kadhafi, et son pays assurait jusqu’ici la présidence tournante de la Ligue.

Cette réunion marque le retour de l’Irak dans la famille arabe et elle est marquée par la venue historique de l’émir du Koweït, plus de vingt ans après l’invasion de son pays par les troupes de Saddam Hussein, un autre dictateur exécuté fin 2006.

Neuf des 21 chefs d’Etat arabes conviés à la réunion ont répondu présents : Irak, bien sûr, Liban, Djibouti, Soudan, Tunisie, Palestine, Comores, Somalie et Libye sont représentés au plus haut niveau à Bagdad, de même que l’ONU en la personne de son secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

Une timide « déclaration de Bagdad »

Alors que débutait le sommet, les forces syriennes attaquaient des villes rebelles et le régime de Damas – exclu de la Ligue arabe en 2011 – a d’ores et déjà indiqué qu’il rejetterait toute nouvelle initiative émanant du sommet de Bagdad.

Mercredi 28 mars, les ministres des Affaires étrangères réunis dans la capitale irakienne ont mis au point un projet de résolution, la « Déclaration de Bagdad », qui s’abstient d’appeler au départ du président syrien et à l’armement des rebelles syriens.

Selon cette déclaration, les dirigeants arabes disent soutenir « le légitime désir de liberté et de démocratie du peuple syrien qui souhaite choisir son avenir, et appuient un transfert pacifique de l’autorité ». Ils dénoncent les violences, les meurtres et l’effusion de sang, se prononcent en faveur d’une solution politique par des négociations nationales, refusent l’ingérence étrangère dans la crise syrienne.

Par ailleurs, ils appuient la mission de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU et émissaire ONU-Ligue arabe, pour entamer des négociations politiques entre le gouvernement et l’opposition syriens sur la base de l’initiative approuvée par le Conseil de sécurité et la Ligue arabe. Son plan de paix prévoit notamment la cessation des violences par toutes les parties, la fourniture d’aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement.

Une Ligue arabe divisée sur la question syrienne

Les pays arabes apparaissent divisés sur la Syrie : les pays du Golfe, et, en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar, sont en désaccord avec l’attitude de l’organisation. Sans attendre davantage, ils veulent armer l’opposition pour écarter Bachar al-Assad, tandis que d’autres privilégient la diplomatie.

Cette indécision pourrait paraître coupable, quand on songe que selon l’ONU, les violences en Syrie ont fait plus de 9.000 morts en un an.

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