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Asma al-Assad, le visage féminin de la répression

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« Chère Asma,

Certaines femmes se soucient de leur apparence quand d’autres se soucient de leurs proches. Certaines femmes se battent pour leur image quand d’autres se battent pour leur survie. »

Les femmes veulent raisonner Asma al-Assad

Ainsi commence la lettre ouverte initiée par Huberta von Voss-Wittig et Sheila Lyall Grant, épouses respectives des ambassadeurs allemand et britannique aux Nations Unies, « au nom des femmes du monde entier » à l’attention de la femme du président syrien.

Sous la forme d’une vidéo, confrontant plusieurs images d’Asma al-Assad, la « Rose du désert » comme l’a surnommé le magazine Vogue, avec de nombreuses scènes de violences mettant en scène des enfants syriens, ces femmes d’ambassadeurs ont voulu lancer un appel urgent à la première dame de Syrie.

« Ils sont vos enfants. Levez-vous pour la paix, Asma. Parlez maintenant. Pour l’amour de votre peuple. Arrêtez votre mari et ses partisans. »

Depuis le début de la répression syrienne, il y a plus d’un an, Asma al-Assad a témoigné d’un soutien inconditionnel envers son mari. Rejetée par les hautes sphères de la communauté internationale, elle s’est abstenue de tous commentaires sur la situation politique en Syrie et les agissements du gouvernement, restant ainsi dans l’ombre de la répression qui aurait fait plus de 10 000 morts en un an.<!–jolstore–>

Éducation à l’occidentale

Si l’adhésion apparente d’Asma al-Assad choque particulièrement la communauté internationale, c’est parce que cette femme, moderne, élégante et intelligente, n’a rien de la parfaite femme de dictateur.

Née le 11 août 1975 à Londres, Asma Fawaz al-Akhras est originaire d’une famille sunnite de Homs, berceau de la contestation syrienne actuelle. Élevée au Royaume-Uni pendant les 25 premières années de sa vie, après l’émigration de son père, éminent cardiologue au très prestigieux Cromwell HospitalAsma a grandi à l’occidentale et ne connaît la Syrie qu’à travers de brefs séjours durant ses vacances.

Brillante étudiante, elle se révèle particulièrement douée en économie, mathématiques, informatique et littérature française. Diplômée du King’s College de Londres, elle entre en 1996 à la Deutsche Bank où elle occupe le poste d’analyste dans le département des fonds de spéculation. En 1998, elle rejoint JPMorgan Chase au sein du département bancaire et se spécialise ainsi dans les fusions-acquisitions.

C’est ainsi que cette Britannique d’adoption rencontre le fils du président syrien de l’époque, Hafez al-AssadBachar étudie alors l’ophtalmologie et ne se doute pas encore qu’il succèdera à son père. Son frère ainé, Bassel, est pressenti pour reprendre les rênes de la Syrie. Celui-ci meurt dans un accident de voiture en 1994 et lègue le pays en héritage à son jeune frère.

La relation entre Bachar al-Assad et sa future femme demeurera officiellement secrète jusqu’à la fin des années 2000, année durant laquelle celui-ci est intronisé président, le 17 juillet.

Une Première dame en « Chanel » et « Louboutin »

Asma al-Assad attire rapidement tous les regards. Femme moderne et élégante, caractérisée par ses goûts prononcés pour le luxe. Elle apparaît régulièrement habillée par « Chanel » et chausse des « Louboutin »,  Asma al-Assad devient naturellement un symbole glamour du monde arabe.

Un avantage dont a su profiter Bachar al-Assad pour construire l’image de son pays. La présence à ses côtés d’une femme sunnite, issue d’une région très religieuse a également permis au président syrien et « Alawite » de s’accorder les bonnes grâces de la communauté sunnite, majoritaire dans le pays.

C’est ainsi qu’Asma al-Assad, contrairement aux précédentes Premières dames syriennes, s’est forgée une place, à part entière, en politique.

Femme politique et admirée

Engagée auprès de nombreuses œuvres caritatives, elle a notamment fondé, en 2005, l’organisation Massar, en charge de l’éducation de la jeunesse. Elle se lance également, en 2007, dans la création du Fonds syrien pour le développement, organisation spécialisée dans le microcrédit.

Cette femme, parfaite sous tous rapports, n’est pourtant pas appréciée de tous, à commencer par ses plus proches. Au sein même de la famille de Bachar al-Assad, les animosités sont fréquentes et persistantes.

Dès son arrivée dans la famille présidentielle, Asma al-Assad s’est confrontée à sa belle-mère, Anisah Makhlouf qui, veuve de l’ancien président, restait fermement décidée à conserver son rôle de Première dame. Bouchra al-Assad, sœur de Bachar et épouse d’un ancien chef des renseignements est également une rivale bien connue d’Asma al-Assad.

Femme mystérieuse et admirée, Asma al-Assad est devenue, en quelques mois, l’intime complice d’une tragique répression que la communauté internationale peine à stopper, une « Rose du désert » tâchée de sang.

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