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Jour J pour le plan Annan: Damas bombarde toujours

[image:1,l]Le plan Annan prévoit que l’armée régulière syrienne se retire des villes, le 10 avril, afin de permettre un arrêt total des violences sous 48 heures, soit le 12 avril. Dimanche 8 avril, le régime syrien a affirmé qu’il ne retirerait pas ses troupes ce mardi comme prévu, s’il n’avait pas des « garanties écrites » des combattants rebelles. En l’absence de garanties, Damas a, sur ce point, tenu parole et, d’après des témoins sur place, les opérations se poursuivaient en fin de matinée.

« Les chars de l’armée bombardent la localité de Mareh qui est également survolée par des hélicoptères », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH)Mareh est une ville de la province d’Alep au nord du pays.

Damas prétend que l’application du plan a commencé

En visite à Moscou, le ministre syrien des Affaires étrangères, Waldi Mouallem, a affirmé à l’allié russe que l’application du plan avait débuté. Lors d’une conférence de presse conjointe, son homologue russe, Sergueï Lavrov s’en est porté garant : « Nous avons discuté avec le ministre Mouallem des détails de l’application du plan (Annan, ndlr). On nous a informé du début de l’application de ce plan par la direction syrienne », notamment du retrait des troupes de certaines grandes villes, point clé du plan, a déclaré Sergueï Lavrov.

Le chef de la diplomatie syrienne a apporté des précisions : « Nous avons déjà effectué le retrait de nos unités militaires dans certaines provinces. Le cessez-le-feu doit commencer avec l’arrivée d’observateurs internationaux ».

Soutien jusque-là indéfectible de Damas – depuis l’époque de l’URSS -, la Russie, qui avec la Chine s’est opposée à deux résolutions de l’ONU condamnant la répression du mouvement de contestation syrien, a montré des signes d’impatience – jusque-là sans conséquences. Sergueï Lavrov a estimé que Damas devrait être « plus actif » et « plus ferme » dans l’application du plan.

Les Occidentaux doutent, Ankara hausse le ton

Ce mardi 10 avril, en fin de matinée, le Quai d’Orsay, ministère français des Affaires étrangères, a nié catégoriquement que Damas ait commencé à mettre en œuvre le plan Annan. Cette prise de position officielle fait suite à plusieurs expressions de scepticisme émanant des capitales occidentales.

La tension était déjà montée d’un cran dans la soirée du lundi 9 avril, après que des tirs provenant de Syrie aient atteint un camp de réfugiés situé en Turquie, faisant quatre blessés dans les rangs des réfugiés et deux parmi le personnel turc. En visite en Chine, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait estimé que cet incident constituait une « claire violation » de la frontière entre les deux pays.

« Que doit faire la Turquie en cas d’une violation de la frontière ? La Turquie agira évidemment comme ont agi d’autres pays, conformément au droit international. Ce droit nous est accordé aux termes des lois internationales », a insisté Recep Tayyip Erdogan, avant d’affirmer que son pays « usera de tous ses droits découlant du droit international », sans dire cependant si la Turquie envisage d’établir des zones tampon ou des couloirs humanitaires en faveur des populations civiles, comme l’affirment les journaux turcs.

C’est la première fois que des coups de feu tirés par les forces syriennes font des blessés en Turquie depuis le début du mouvement de révolte en Syrie, en mars 2011. La perspective d’une implication directe de la Turquie dans la crise syrienne participe des pires scénarios envisagés et entrainerait, à n’en pas douter, une vaste déstabilisation de l’ensemble proche-oriental.

Kofi Annan en Syrie

Cet incident est intervenu à la veille d’une visite de l’émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, qui doit visiter, ce 10 avril, des camps de réfugiés syriens dans le sud de la Turquie.

L’émissaire conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, doit envoyer « au plus tard aujourd’hui » un courrier au Conseil de sécurité de l’ONU concernant son plan de sortie de crise pour la Syrie, a annoncé mardi son porte-parole.

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