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Vers la fin de la répression ?

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Le compte à rebours a commencé. Le plan de Kofi Annan pour rétablir la paix en Syrie est entré en vigueur jeudi 12 avril à 5 heures du matin, heure locale.

Plusieurs heures de paix en Syrie

Dans la nuit de mercredi 11 à jeudi 12 avril, les forces de Bachar al-Assad étaient encore massivement déployées dans les différentes zones où la répression gouvernementale s’est fait la plus féroce. La veille de la date fixée entre Kofi Annan, émissaire de l’ONU en Syrie, et Bachar al-Assad, pour l’arrêt des combats, le respect des conditions du contrat n’étaient donc pas assurées.

Rami Abdel Rahmane, président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a confirmé l’absence de combats depuis la fin de l’ultimatum. Selon lui, quelques explosions ont été entendues peu après 5h30, dans la région de Zabadani, près de la frontière libanaise. La provenance de ces explosions n’a actuellement pas été confirmée.

Depuis, d’autres explosions ont été entendues dans plusieurs foyers de la répression syrienne. La télévision d’Etat a accusé les rebelles syriens d’avoir fait exploser une bombe dans le nord du pays, à Alep, près de deux heures après le début du cessez-le-feu. Un officier aurait été tué dans cette attaque et 24 autres officiers et sous-officiers auraient été blessés.

Une autre bombe aurait également explosé dans la province d’Idlib tandis qu’au sud du pays, à Deraa, un membre du parti de Bachar al-Assad aurait été assassiné.

L’Occident et les pays arabes restent méfiants

La communauté internationale a les yeux rivés sur la Syrie et sur les faits et gestes de Bachar al-Assad. Côté iranien, le ministre des Affaires étrangères s’est réjoui du fait que « le plan de Kofi Annan ne parle pas de forcer le dirigeant syrien à quitter le pouvoir, qu’il privilégie les négociations entre les parties et qu’il encourage un changement progressif de régime. »

Les États-Unis restent prudents et ont annoncé qu’ils jugeraient le régime syrien sur « ce qu’il fait, pas sur ce qu’il dit. » Si les premières heures de paix en Syrie semblent encourageantes, les promesses de Bachar al-Assad sont à nuancer tant il a annoncé, durant un an de combats et à plusieurs reprises, la fin de la répression en Syrie.

Barack Obama et Angela Merkel, après s’être concertés en début de matinée, ont estimé qu’au plan de paix de Kofi Annan devait s’ajouter une résolution plus ferme du Conseil de sécurité de l’ONU.

La France et la Russie, par les voix de leurs ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé et Sergueï Lavrov ont pour leur part demandé à ce que le Conseil de Sécurité de l’ONU envoie une force d’observateurs en Syrie le plus rapidement possible pour surveiller le respect du plan Annan.

Malgré tout, Sergueï Lavrov, dont le pays a longtemps été l’un des plus importants soutiens de la Syrie sur la scène internationale, a appelé les pays arabes et occidentaux à ne pas profiter de l’opportunité du plan de paix pour encourager l’opposition syrienne. « Il est clair que certains de nos partenaires sur la scène internationale poussent l’opposition à être intransigeante. […] Nous avons entendu de la part de certaines capitales occidentales et arabes des déclarations selon lesquelles le plan Annan avait échoué avant même d’être présenté. Ces déclarations montrent qu’il y a des personnes qui ne veulent pas que la mission de Kofi Annan réussisse. »

L’armée syrienne ne partira que lorsque la paix sera assurée

Si la fin des combats est actuellement effective, le président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme remarque que l’une des premières conditions du plan, celle du retrait des troupes et des armes lourdes des centres de population, n’est toujours pas appliquée. Le quotidien syrien Al-Watan, dans son édition de jeudi 12 avril, affirme, dans ses colonnes que « préserver la sécurité, sauvegarder la stabilité et protéger les gens relèvent de la responsabilité de l’armée, en cas de complot extérieur frappant la Syrie. […] Parler d’un retrait de l’armée des villes est donc une agression flagrante contre la souveraineté syrienne […] lorsqu’elle aura terminé sa mission, elle regagnera certainement les casernes. »

L’opposition appelle à manifester

Pour l’opposition syrienne, le plan de paix de Kofi Annan n’est pas une solution. Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS), principale force d’opposition au régime du président Assad, à appeler les Syriens à manifester. « Nous appelons le peuple à manifester et à s’exprimer car c’est un droit absolu, les manifestations étant un point essentiel du plan. »

« Le cessez-le-feu n’a aucune valeur s’il ne permet pas la transition du pays vers un gouvernement démocratique pluraliste. Et le processus de transition, c’est le droit du peuple à manifester et la liberté de la presse. »

Jeudi dans l’après-midi, Kofi Annan devrait se prononcer sur les conclusions de ces premières heures de cessez-le-feu devant le Conseil de Sécurité de l’ONU.

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