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Qui a vraiment fait exploser les bombes à Damas ?

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Une ville en état de choc

Juste après que deux énormes explosions aient déchiré un quartier sunnite de Damas, tuant 55 personnes et en blessant 372, les chants de soutien au président syrien Bachar al- Assad se sont fait entendre.
« Allah, la Syrie et seulement Bachar » ont crié les partisans du régime en bousculant une équipe d’inspecteur de l’ONU, dirigée par le Major Général Robert Mood. Ces derniers sont arrivés sur les lieux peu de temps après les explosions de Qazaz, un quartier situé au Sud–ouest de la capitale.

La région abrite le siège de la Direction Générale du renseignement militaire en Palestine, l’un des centres de détention syriens les plus redoutés, créé à l’origine pour emprisonner les combattants palestiniens. Désormais les militants islamistes, les adhérents de l’organisation des Frères Musulmans, de présumés membres d’Al-Qaïda, mais surtout des membres de l’opposition sont entre ces murs.

« Deux voitures piégées chargées de plus d’une tonne d’explosif et conduites par des kamikazes sont à l’origine de l’attentat » a déclaré le ministère de l’intérieur dans un communiqué. Les deux bombes ont explosé à environ 60 mètres de la porte de la Direction Générale Palestinienne, soufflant la façade, hors du bâtiment.
Les élèves d’une école située en face de la prison ont été des blessés par les débris de verre projetés par l’onde de choc.

Un journaliste de Global Post actuellement en Syrie a pu voir les deux cratères béants sur la route, des morceaux de corps dispersés et une cinquantaine d’épaves de voiture. Le triste bilan de l’attentat le plus meurtrier depuis le début du soulèvement syrien en mars 2011.
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« Est-ce vraiment la liberté qu’ils veulent ? » criait un des membres des forces de sécurité en montrant les cadavres filmés par la chaîne d’État Syria TV, la seule autorisée à filmer dans les heures qui ont suivi la tragédie.

« Est-ce la liberté de Hamad et Abdallah ? » continuait-il, se référant à Hamad Bin Khalifa al Thani, l’émir du Qatar et le roi Abdallah d’Arabie Saoudite. Les deux pays du Golfe ont ouvertement soutenu l’opposition syrienne et annoncé qu’ils allaient envoyer, sans contrepartie, de l’argent et des armes aux rebelles armés.

Une indignation générale

« Ce n’est pas la Syrie dans laquelle je suis né et j’ai grandi. J’ai entendu les explosions en Irak ou au Liban, mais aujourd’hui, notre pays n’est plus le pays de la stabilité et de la sécurité » déclare Basil, un jeune de 25 ans habitant à Qazaz, qui attendait le bus pour aller au travail lors de l’explosion, survenue à 7h50 du matin. Il a échappé à des blessures graves en se jetant sur le sol derrière le capot d’une voiture stationnée.
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« Je ne sais pas quoi dire sauf que c’est le plus grand des crimes de tuer des gens ordinaires et innocents, de cette manière. »

L’ambassade américaine à Beyrouth a condamné « le fait de tuer des civils et de cibler des attaques complètement au hasard ». Un acte considéré comme « répréhensible et inacceptable dans n’importe quel contexte ». Elle a également réitéré les appels au cessez-le-feu demandés par la Ligue Arabe et l’ONU, entrés en vigueur le mois dernier mais ignorés par tous.

À l’hôpital national de Damas, le journaliste de Global Post a également vu des médecins débordés, devant gérer un flux incessant d’hommes, de femmes et d’enfants blessés. D’autres semblaient en état de choc, silencieux. Les infirmières avaient déjà rempli huit sacs avec des restes de cadavres humains. Un appel au don du sang a été lancé.

« Cela ne va rien résoudre » a déclaré le Major Général Mood. Quant à l’inspecteur des Nations Unies, il a simplement annoncé « que cela allait seulement créer plus de souffrances pour les femmes et les enfants ».
Comme dans les précédents attentats, la SANA, l’Agence de la Syrie Nouvelle, gérée par l’État a diffusé des photos de cadavres mutilés ou carbonisés.
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Des suspicions de tous bords

L’attaque, considérée comme la première à toucher Damas aux horaires d’affluence, n’a pas été revendiquée. Les explosions précédentes ciblaient apparemment des bâtiments sécurisés ou administratifs. Le nombre des victimes était moins important.

Deux des attaques précédentes ont été revendiquées en ligne par un groupe peu connu qui se fait appeler le Front Al-Nusra. Un groupe que certains analystes occidentaux relient à Al-Qaïda en Irak. Mais Ayman al-Zawarhi a appelé à la chute de Bachar al-Assad en février dernier.

Un jour avant l’attaque, un ancien colonel des forces aériennes ayant fait défection pour combattre avec les rebelles, avait parlé au journaliste. Il avait déclaré que l’Armée Syrienne Libre n’aurait jamais pu mener des attentats suicides.
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Comme il l’ont déjà fait par le passé, les figures de l’opposition syrienne ont accusé le régime d’avoir provoqué cette explosion.
« Après un tel crime, la question qu’il faut se poser est : À qui profite le crime ? Au régime de Bachar al-Assad » a expliqué un leader de l’opposition à Global Post.

« Juste après l’explosion, le régime s’est servi de cet attentat pour attaquer le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Amérique et l’occident en général. Ils essayent de nous faire passer pour des terroristes radicaux, et non pour des militants pacifistes. »
Le leader de l’opposition s’interroge sur le choix du quartier de Qazaz « un quartier pauvre, majoritairement sunnite souvent au cœur de manifestations anti-régime ». La dernière attaque à toucher la capitale ressemblait à un attentat suicide. Neuf personnes avaient trouvé la mort, juste après la prière du vendredi dans le quartier aisé de Midan, à majorité sunnite. Un endroit réputé pour être le centre de l’opposition.

Global Post / Adaptation Henri Lahera / JOL Press

 

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