Site icon La Revue Internationale

Une majorité introuvable: vers de nouvelles élections?

[image:1,f]

Mercredi 9 mai, après les conservateurs de Nouvelle Démocratie, la gauche radicale, Syriza, et son leader Alexis Tsipras avaient, à leur tour, été contraints de jeter l’éponge, incapables de rassembler toutes les forces de gauche, sur une ligne anti-austérité, en vue de la constitution d’un gouvernement viable. Bien que lourdement sanctionnés dans les urnes, le tour du Pasok et d’Evangelos Venizelos, ministre des finances sortant, était venu. L’option avancée était celle d’une coalition entre socialistes, conservateurs et un groupe charnière, celui de la gauche radicale, opposée à l’austérité mais qui paraissait en mesure d’accepter certaines concessions. Vendredi après-midi, l’hypothèse a fait long feu. 

Un « premier pas » jeudi 10 mai

Evangelos Venizelos a reçu un mandat de trois jours pour tenter de mettre sur pied une coalition. Le leader socialiste propose un gouvernement qui devrait à la fois maintenir le pays dans l’euro et assurer « le dépassement sous trois ans » du programme de redressement dicté au pays par l’UE et le FMI.  Jeudi soir, il s’est félicité d’un « premier pas », après avoir rencontré Fotis Kouvelis, le chef du petit parti de gauche démocratique, Dimar.

Le Dimar, qui dispose de 19 sièges de députés, clé possible d’une majorité absolue au parlement pour un exécutif l’associant aux socialistes et conservateurs, s’est alors déclaré en faveur de la formation d’un « gouvernement œcuménique » dont la mission serait de « maintenir le pays dans la zone euro ».

Cette déclaration avait été interprétée comme une avancée. Jusque-là, le Dimar avait manifesté sa préférence pour une équipe de gauche, menée par le Syriza, principal bénéficiaire du rejet des recettes de redressement UE-FMI.

Evangelos  Venizelos et Fotis Kouvelis avaient souligné que leur ébauche d’entente s’axait sur une remise en cause de la feuille de route des accords selon lesquels Athènes s’est engagé à un ajustement budgétaire en échange de son maintien sous perfusion financière pour éviter la faillite. Une coalition bancale sur un compromis inacceptable pour Bruxelles et les partenaires européens.

Vendredi après-midi, Fotis Kouvelis a fait savoir que lui et ses troupes ne participeraient pas à une coalition avec socialistes et conservateurs. La seule solution parait désormais être celle de nouvelles élections anticipées.

Syriza arriverait en tête en cas de nouvelles élections

En cas de nouveau scrutin – la date du 17 juin a déjà été évoquée -, le sondage laisse présager un nouveau séisme politique : l’arrivée en tête du Syriza avec 27% des intentions de vote, suivi par la Nouvelle Démocratie à 20%, le Pasok, toujours troisième à 12,6% puis les Grecs indépendants (droite anti-mémorandum) à 10%.

Une telle montée en puissance du Syriza changerait complètement la donne car le parti d’Alexis Tsipras, qui dispose actuellement de 52 sièges, bénéficierait alors de la prime de 50 sièges accordée au parti vainqueur, le mettant en position de force pour nouer des alliances.

L’Europe exaspérée

Déjà, la solution qui s’ébauchait – une coalition entre socialistes, conservateurs et gauche démocratique avec la remise en cause de certains engagements pris par Athènes en matière d’austérité et de réformes structurelles – avait accru l’exaspération qui monte en Europe face à l’instabilité grecque et aux tergiversations du pays à tenir ses engagements : la zone euro peut supporter une sortie de la Grèce, a ainsi estimé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dans un entretien au quotidien régional allemand Rheinische Post, paru vendredi.

Le ministre allemand des Affaires Etrangères, Guido Westerwelle a pour sa part souligné devant le parlement allemand vendredi matin que le versement de nouvelles aides à la Grèce reste conditionné au respect par Athènes de ses obligations et des « réformes convenues ».

Si l’hypothèse de nouvelles élections se confirmait, on voit mal comment les créanciers publics de la Grèce ne pourraient pas revenir sur les versements prévus de tranches d’aide. Si le pire n’est pas toujours à craindre, la perspective d’un défaut de paiement grec apparait, de plus en plus, probable. Avec de bien incertaines conséquences à la clé…

Quitter la version mobile