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Kofi Annan craint une guerre généralisée

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Une mise en garde

Kofi Annan, l’émissaire de la Ligue arabe et de l’ONU en Syrie, a déclaré samedi dernier qu’il craignait une escalade des violences, mettant en garde contre le risque de plus en plus probable d’une guerre « tous azimuts », selon Reuters. L’ex-Premier secrétaire des Nations Unis, qui a rencontré, jeudi 31 mai, le président syrien Bachar al-Assad, a critiqué Damas au cours d’une réunion de la Ligue arabe pour ses violations présumées des droits de l’Homme, et son désintérêt quant aux positions de la communauté internationale. Désignant le massacre de Houla – où plus de 100 civils ont été tués, dont des femmes et enfants – comme un crime terrible, Kofi Annan ajoute qu’il y a actuellement « des centaines de milliers de déplacés qui fuient le conflit ». Entre temps, « les détentions arbitraires se poursuivent, de même que les présomptions de violations de toutes sortes des droits de l’Homme ».

Des appels à la communauté internationale

Reconnaissant que les efforts déployés par la Ligue arabe et l’ONU pour imposer un cessez-le-feu avaient pour l’instant échoués, il a déclaré au micro de la BBC que « le risque d’une guerre civile tous azimuts, comportant une inquiétante dimension sectaire, augmentait de jour en jour ». Il ajoute cependant que la communauté internationale ne doit pas perdre de vue ses objectifs, à savoir « arrêter les tueries, aider la population, assurer une transition politique » et « faire en sorte que la crise ne se répande pas aux pays voisins ». De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a appelé le Conseil de Sécurité des Nations Unies à prendre ses responsabilités, l’interpellant, selon Haaretz, en ces termes : « Je vous demande instamment de mettre un terme aux violences en Syrie, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils syriens, y compris en augmentant le nombre d’observateurs internationaux ». Depuis le massacre de Houla, il y a un peu plus d’une semaine, on compte au moins 39 tués en Syrie, dont 15 civils.[image:2,l]

Le rôle de la Russie en question

Pendant ce temps, la question du rôle de la Russie dans le règlement du conflit est toujours autant d’actualité. Selon un officiel américain, la Russie et les États-Unis se sont récemment entendus sur le principe d’une collaboration, au terme d’une conversation téléphonique entre la Secrétaire d’État Hillary Clinton et le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. La Russie, si elle a accepté le plan Annan, s’est jusque-là révélée être un allié indéfectible de Damas au sein du Conseil de Sécurité, refusant le principe d’une intervention militaire et opposant son veto à deux reprises aux propositions de sanctions internationales. La donne a-t-elle changée ? Peut-être, mais toujours est-il que la diplomatie russe reste encore très mesurée dans ses propos. Ainsi, Yuri Ushakov, un ancien ambassadeur désormais conseiller de Vladimir Poutine en matière de politique étrangère, se contente de déclarer que la Russie avait reconnu la nécessité « de travailler plus dur » avec les différentes parties du conflit, en collaboration avec ses « partenaires français et allemands ». Il ajoute, plaçant le gouvernement et l’opposition sur un pied d’égalité, « qu’il faut contraindre » les deux camps à faire avancer le « processus politique » en cours, appelant les partenaires de la Russie à « utiliser leur influence pour peser sur les leaders et entités concernées » par le conflit. La position de la Russie reste donc particulièrement ambigüe, et ne laisse pas transparaître une éventuelle « répudiation » du régime syrien par Moscou. À ce titre, l’emploi de l’expression « processus politique » est révélateur, là où nombre d’acteurs de la communauté internationale parlent eux de « transition ».

Global Post / Adaptation Charles El Meliani – JOL Press

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