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Bachar al-Assad est-il en train de perdre le contrôle ?

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Les combats s’intensifient dans la capitale syrienne ou le bâtiment de la sécurité nationale a été la cible d’un attentat suicide, ce mercredi 18 juillet.

Les rebelles syriens ciblent les hauts fonctionnaires

Le ministre de la Défense, Daoud Rajha a été tué au cours de cet attentat suicide selon la télévision officielle syrienne. Daoud Rajha était également chef adjoint de l’armée et vice-président du Conseil des ministres.

La chaîne de télévision du Hezbollah a également rapporté la mort du beau-frère du président Bachar al-Assad, le vice-ministre de la Défense Assef Shawkat. L’information n’a actuellement pas été confirmée par la Syrie.

Plusieurs personnes ont été blessées, parmi elles, le ministre de l’Intérieur Mohammad Ibrahim al-Chaar, le chef de la sécurité nationale, Hicham Ikhtiar et Hassan Turkméni, adjoint au vice-président auraient été transportés à l’hôpital al-Chami.

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L’Armée syrienne libre revendique l’attentat

L’Armée syrienne libre (ASL), groupuscule de l’opposition syrienne constitué de déserteurs de l’armée nationale a immédiatement revendiqué l’attentat.

Alors que la crise syrienne envahit la capitale, jusqu’ici relativement protégée, un tournant dans le conflit est attendu. Contacté par l’AFP sur Skype, un porte-parole de l’ASL, Kassem Saadeddine a confié, « la bataille pour la libération de Damas a commencé et les combats ne cesseront qu’avec (la chute) de la capitale. »

Les combats de Damas, alors que l’ONU vient de qualifier, 16 mois après le début de la révolte, la crise syrienne de « guerre civile », représentent un tournant dans l’histoire du conflit pour Ziad Majed, politologue libanais, spécialiste du Moyen-Orient, professeur à l’université américaine de Paris.

Un tournant dans le conflit ?

« Il y a certainement un grand développement. C’est la forteresse sécuritaire du régime qui est cette fois secouée par la révolution, » estime le spécialiste.

Depuis le début du conflit les grandes villes de Damas et Alep sont peu exposées au conflit et l’opposition syrienne peine à convaincre la quasi moitié de la population qui y vit.

« Cela ne veut pas dire que la chute de ce régime s’annonce dans les jours prochains. C’est le début d’un nouveau processus dans la révolution syrienne, » estime Ziad Majed. « Ils ne sont pas assez équipés. Mais ils ont adopté une tactique de guérilla et ils sont organisés en groupes mobiles afin d’éviter les confrontations où la puissance de feu de l’armée du régime s’impose. »

L’Armée syrienne libre n’est pas soutenue

Bien organisés, les membres de l’Armée syrienne libre ont néanmoins une faiblesse, au même titre que tous les mouvements de l’opposition issus de ces 16 mois de crise. Ils ne sont pas suivis par la majorité de l’opposition syrienne. Assez présente lors du début du conflit pour protéger les civils d’Homs, l’Armée syrienne libre a fait l’objet de polémiques au cours des évènements. Peu suivis, ils n’auront donc pas beaucoup de soutiens politiques comme logistiques lorsque les forces du régime contre-attaqueront pour protéger Damas.

Car si les conflits de Damas marquent « le début d’un nouveau processus dans la révolution syrienne, » pour Ziad Majed, « cela ne veut pas dire que la chute de ce régime s’annonce dans les jours prochains. »

Pour que la crise syrienne aboutisse, dans un sens comme dans l’autre, l’opposition syrienne devra se fédérer autour d’un objectif et de moyens communs. Dans l’état actuel des choses, l’opposition syrienne est désunie et aucun chef ni mouvement ne sort du lot.

La communauté internationale ne peut pas soutenir

« Parmi les nombreux facteurs de divergences, il y a celui qui oppose les islamistes aux laïcs. Par exemple, les Frères musulmans, qui dominent le Conseil nation syrien (CNS) n’arrivent pas à convaincre l’ensemble des opposants.

Le sujet de l’intervention étrangère est également un facteur de divisions. Certains individus se déclarent favorables à ce que les organisations étrangères se mêlent au conflit, par une intervention militaire comme par une aide technique ou financière. D’autres s’y opposent formellement et veulent que le conflit syrien soit réglé par des Syriens, » confiait récemment Barah Mikaïl, directeur de recherche pour le think tank espagnol Fride.

Sans intervention étrangère, la crise syrienne pourrait bien avoir de longs mois devant elle : « La sécurité est loin d’être assurée si Bachar al-Assad tombe et les conséquences de cet éclatement auront inévitablement des effets dramatiques sur toute la région, notamment en Turquie et au Liban. La communauté internationale n’est pas aveugle sur ce sujet. »

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