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Les réfugiés syriens en Egypte restent sceptiques

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A l’annonce de l’attentat qui a visé un bâtiment officiel au cœur de Damas et tué plusieurs grandes figures du régime, mercredi 18 juillet, les activistes syriens réfugiés en Egypte ont eu une réaction mêlée de surprise, de joie mais également de scepticisme.

Les Syriens poursuivent leur activisme depuis l’Egypte

L’attaque, rapportée par la télévision d’Etat syrienne, est sans doute la frappe la plus importante des rebelles syriens sur le régime Assad depuis le début du soulèvement, il y a 16 mois.

Alors que le conflit ne fait que monter en puissance – jusqu’ici, 15 000 Syriens seraient morts, selon les chiffres de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme – de nombreux Syriens ont fui leur pays pour le calme relatif du Caire.

Sur place, certains s’organisent pour poursuivre leur activisme, manifestant près des bureaux de la Ligue arabe, d’autres attendent simplement, prenant leur mal en patience, de retourner chez eux.

Qutaiba Idlibi, 22 ans, a quitté la Syrie pour le Caire il y a six mois, ayant appris que l’armée syrienne avait souhaité l’enlever, avec son jeune frère. « Je suis toujours surpris [par les attaques] » explique Qutaiba Idlibi depuis le Caire. « Et j’ai toujours aussi peur de la manière dont le gouvernement et la télévision d’Etat syrienne nous ont transmis les informations. Ce n’est pas leur manière habituelle de faire, et je sens qu’il y a beaucoup de choses qui nous sont cachées. »

Les Syriens restent sceptiques

En effet, la télévision d’Etat syrienne, SANA, est connue pour son rôle de porte-parole du gouvernement Assad, dépeignant les manifestants comme des terroristes et transmettant de fausses informations.

L’annonce de cette attaque, dont la chaîne SANA a affirmé qu’elle avait tué le ministre de la Défense, son vice-ministre et au moins un autre officiel de la sécurité syrienne, a fait augmenter les suspicions de certains proches observateurs de la Syrie.

Nizar al Kharrat, vétéran de l’activisme syrien de 54 ans, vivant désormais au Caire, croit pour sa part aux informations et, selon lui, cet attentat marque le début de la chute du gouvernement de Bachar al-Assad.

« Ce qui est arrivé aujourd’hui, je crois que c’est la première action d’un processus qui fera tomber le régime, » estime-t-il.

Attendre la transition politique

« Nous attendons que cela se produise, afin que nous reprenions notre avenir en main, » explique Nizar al Kharrat. « Et ainsi nous pourrons retourner chez nous, dans notre pays, pour reconstruire un gouvernement du peuple. »

Nizar al Kharrat raconte que sa famille a longtemps été en opposition avec le régime Assad. Il y a quarante ans, son père a dû quitter la Syrie pour se réfugier en Egypte. A l’époque, le père de Bachar al-Assad, Hafez al-Assad, était au pouvoir.

Pendant un court laps de temps, entre 1958 et 1961, l’Egypte et la Syrie ne formaient qu’un seul pays, la République arabe unie.

Waleed Al Bouni, ancien membre du Conseil national syrien, principal mouvement d’opposition au régime, estime que l’Egypte devrait jouer un rôle important pour participer à la transition politique du pays.

Ne pas se réjouir trop rapidement

« Je pense que ce dont nous avons besoin de la part du président Mohamed Morsi, et des autres pays arabes c’est de dire : oui, un régime arabe est prêt à intervenir lorsque le régime s’effondrera, » explique-t-il à Global Post depuis Budapest, en Hongrie.

« Nous allons avoir besoin d’une coalition de pouvoirs arabes et internationaux pour assurer une transition pacifique, » ajoute-t-il.

Pourtant Qutaiba Idlibi estime que l’heure n’est pas aux célébrations, particulièrement depuis les combats de Damas.

« Des gens sont toujours tués dans les quartiers de Damas. Le gouvernement n’a pas arrêté les bombardements, » explique Qutaiba Idlibi. « Nous ne pouvons pas encore nous réjouir. »

Global Post / Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

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