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La Jordanie accueille les réfugiés du monde arabe

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Ils seraient 600 à 800 à franchir la frontière jordano-syrienne tous les jours. Les Syriens fuient les bombes et se réfugient vers cette accueillante terre d’asile qu’est le royaume de Jordanie.

150 000 Syriens ont trouvé refuge en Jordanie

Limitrophe de la Syrie au sud, la Jordanie a tout d’abord accueilli, au début du conflit, les réfugiés de Deraa, au sud du pays, lorsque les combats ont commencé, en mars 2011. Au fil du conflit, c’est de toute la Syrie qu’ont commencé à affluer les demandeurs d’asile.

Ils seraient plus de 150 000 aujourd’hui, selon les chiffres du gouvernement jordanien, à être entrés en Jordanie depuis le début du conflit. Un nombre qui a explosé au cours du dernier mois, selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés, et cela en raison de la nouvelle étape de violence franchie dans le conflit.

Si, au début du conflit, les premiers réfugiés syriens à entrer en Jordanie venaient y rejoindre familles ou amis, plusieurs milliers de Syriens, sans attaches, se sont ensuite installés dans les parcs ou espaces publics du pays, conduisant le gouvernement jordanien à imaginer de nouvelles solutions pour accueillir cette immense diaspora.

C’est ainsi que le 29 juillet dernier, un camp de réfugiés a été construit en plein désert afin de rassembler tous les réfugiés. Le camp de Zaatari a été conçu pour accueillir 150 000 personnes. Actuellement, 6 000 Syriens auraient trouvé refuge dans le camp, en attente d’une solution plus durable.

Plus de la moitié de la population jordanienne est constituée de Palestiniens

La Jordanie est considérée comme une terre d’accueil au Proche-Orient. De nombreuses diasporas y ont trouvé refuge à travers l’Histoire, récente ou moins récente. C’est ainsi que depuis la guerre israélo-arabe de 1948-1949, près de 2 300 000 Palestiniens se sont installés en Jordanie, dont la moitié environ sont considérés comme des réfugiés.

Selon les autorités jordaniennes, les Palestiniens représenteraient donc près de 50% de la population jordanienne. De leur côté, les Palestiniens considèrent qu’ils représentent plus de la moitié de la population officielle du pays. Les réfugiés palestiniens sont considérés comme des citoyens en Jordanie. Ils n’ont donc pas d’Etat d’origine aux yeux de la communauté internationale, sont considérés comme des réfugiés par l’Organisation des Nations Unies. Ils sont donc Palestiniens d’origine, Jordaniens de citoyenneté et arabes de nationalité.

Une situation qui n’est pas sans enjeux pour le gouvernement jordanien. La population palestinienne réclame de la Jordanie qu’elle prenne une position plus tranchée à l’encontre d’Israël tandis que les Jordaniens de souche aimeraient, au contraire, que le gouvernement jordanien s’engage en faveur d’un partenariat économique plus poussé avec les Israéliens. Un contexte politique à l’origine de nombreuses tensions entre les communautés du pays.

Les Iraquiens affluent depuis l’invasion américaine

Pour cohabiter avec les Jordaniens, les Palestiniens et plus récemment les Syriens, de nombreux Iraquiens sont venus frapper aux portes de la Jordanie depuis l’intervention américaine de 2003.

Ils seraient aujourd’hui 450 000 selon les chiffres du gouvernement jordanien, dont 55 000 enregistrés par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Ces Iraquiens sont considérés comme des invités et non comme des réfugiés puisque la Jordanie n’est pas signataire de la Convention internationale de 1951 relative aux droits des réfugiés. Les demandeurs d’asile iraquiens ne bénéficient donc pas de protection particulière, notamment en termes de santé.

C’est ainsi que, en 2005, pour répondre aux besoins des nombreux réfugiés, les Croix-Rouge française et le Croissant-Rouge jordanien ont organisé un large programme d’accès aux soins dans les quartiers iraquiens de Jordanie.

La Jordanie, pays qui a le plus fort taux de réfugiés par rapport à sa population, se trouve aujourd’hui dans une situation humanitaire très délicate. Très engagée auprès des réfugiés des différents conflits du Moyen-Orient, la Jordanie a toujours pris soin de ne pas s’engager politiquement de manière trop ouverte en faveur de telle ou telle position politique.

Si le roi Abdallah II de Jordanie a appelé publiquement, il y a quelques mois, à la démission du président Bachar al-Assad, il veille à ne pas être entraîné dans le conflit et à ne pas soutenir l’opposition au régime syrien.

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