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Le Golan, ses vignes, ses vins et ses bruits de canons

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Le Golan : un environnement favorable à la viticulture 

Israël a connu, cette année, un hiver exceptionnellement long et rigoureux suivi d’un été très chaud, avec des pointes à près de 46°C. Difficile pour beaucoup d’Israéliens, ce climat ravit les viticulteurs.

Pour Tal Pelter, propriétaire de Pelter Winery, un vignoble très en vue, « cette année promet beaucoup ». Une affirmation d’autant plus vraie pour le plateau de Golan – une bande de terre de 1 800 km2, zone de conflit entre Israël et la Syrie – qui a souvent été le théâtre d’affrontements militaires. Situé à 1 000 mètres d’altitude, son sol volcanique, sa topographie favorable et son air frais le soir, le Golan apparaît bien meilleur pour faire du vin que pour faire la guerre.

Cornelius Ough : père de la recolonisation viticultrice au Golan

Du vin sur le Golan ? Oui, et ce n’est pas nouveau. Le Golan, région habitée depuis l’ère épipaléolithique, compte des vignobles depuis l’antiquité, du moins c’est ce que tendent à démontrer les recherches du professeur d’œnologie américain Cornelius Ough, publiées en 1972. Le spécialiste était convaincu du potentiel du terrain. Dans les faits, la recolonisation viticultrice du Golan lui doit beaucoup.

Dans un premier temps, seules huit coopératives locales ont pris ses recherches au sérieux et ont installé, dès 1976, de nouveaux vignobles qui donnèrent leurs premières bouteilles en 1984, distribuées sous l’appellation alors révolutionnaire : Vignoble des hauteurs du Golan. Depuis lors, le vin est devenu une façon de vivre pour les locaux et plus d’une douzaine d’autres vignobles ont ouvert dans cette zone contestée depuis son annexion par Israël durant la Guerre des six jours en 1967 – en 1981, à la consternation internationale, Israël a annexé le plateau dans son ensemble. L’Etat hébreu a alors offert la nationalité aux résidents, mais seuls 20 % d’entre eux l’ont acceptée.

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Accords d’Oslo : vers une restitution des terres à la Syrie

En 1993, quand les accords d’Oslo ont été signés, céder le Golan, et donc ses vignobles, est devenu une éventualité à envisager, mais pour les vignerons, le grand amateur de vin qu’est Shimon Peres, alors Premier ministre, ne l’aurait jamais accepté. Aujourd’hui, l’idée d’une restitution du Golan à la Syrie semble plus éloignée que jamais et ce malgré le fait que les lignes de combat soient au plus proche des vignobles. Les oenotouristes, eco-bikers et passionnés d’archéologie se mélangent désormais aux touristes de guerre voulant assister au conflit à distance. « Nous entendons les affrontements depuis nos vignobles, mais il n’y a aucun effet visible sur nos vignes, » explique Yoay Levy, fondateur de Bazelet HaGolan en 1998. « Le fruit est si abondant cette année que nous devons récolter plus tôt que prévu » dit-il en montrant sa dernière récolte.

Une expérience à succès

Ce qui était une expérience sans garantie de succès il y a 35 ans est, aujourd’hui, une industrie puissante. Les Vignobles des hauteurs du Golan produisent plus de six millions de bouteilles par an et ont acquis une renommée internationale grâce à leurs Chardonnay, leurs Cabernet Sauvignon ou encore leur dernier né : Rom. Un vin réalisé à partir de Syrah, de Cabernet et de MerlotTal Pelter, lui, a opté pour la production d’une variété italienne très rare en Israël : le Tempranillo. Un choix d’autant plus rare qu’il est le seul à en faire un rosé. « Mes vins n’ont que sept ans d’âge […] je ne peux pas faire le genre de Tempranillo que vous pourriez tirer des vignobles espagnols centenaires, mais je voulais essayer cette variété donc le choix s’imposait : rosé » explique-t-il.

De bons pronostics pour 2012

Pour lui, comme pour tous les vignerons du Golan, quelle que soit l’évolution politique : l’année 2012 s’annonce excellente. Une rupture après un 2011 trop pluvieux et des 2009 et 2010 trop secs. « L’hiver a été excellent […] une bonne saison ». Un constat toutefois quelque peu terni par les bruits des affrontements qui rythment la nuit dans le Golan. « C’est désagréable […] J’espère que tout ça prendra bientôt fin, mais je ne le pense pas. Je ne suis pas optimiste, mais j’espère qu’ils trouveront la paix ».

GlobalPost / Adaptation Stephan Harraudeau pour JOL Press

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