Site icon La Revue Internationale

Le Hezbollah au cœur de l’équation Israël, Iran, Liban

cia.jpgcia.jpg

[image:1,l]

Un adversaire redoutable à la dimension internationale

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a affirmé que le Hezbollah libanais était responsable de l’attentat en Bulgarie qui a tué cinq touristes israéliens. Et tandis que les va-t-en-guerres américains et israéliens menacent de bombarder les installations nucléaires iraniennes, certains s’inquiètent de la tournure que les évènements pourraient prendre.

En effet, le Hezbollah, allié indéfectible du régime iranien, a déjà prouvé qu’il pouvait faire bien plus que tenir tête à une armée moderne : en 2006, Tsahal s’était littéralement brisé les dents sur les combattants du mouvement.

Accumulant les pertes, les erreurs tactiques et stratégiques, l’armée israélienne avait alors ravagé le Liban, multiplié les bavures et les dommages collatéraux, sans pour autant infliger le moindre dommage durable à l’organisation. Et était finalement rentrée chez elle, passablement humiliée, voire, diront certains, traumatisée.

[image:3,l]

L’association du Hezbollah à l’Iran, nation tout de même dotée de capacités militaires certaines, pourrait bien faire des ravages. S’ils ne peuvent rivaliser avec les Etats-Unis en termes militaires stricts, les deux alliés pourraient très bien entraîner leurs assaillants dans un conflit long, pénible et sanglant. Et pas seulement au Moyen-Orient, étant donné le réseau d’agents dont les deux disposent à l’international. Voilà qui devrait faire réfléchir les partisans d’une guerre.

Entre doutes et hypothèses : un conflit à l’issue incertaine

Bien des Libanais, lassés des guerres, ne veulent pas voir leur pays se transformer une nouvelle fois en champ de bataille. Le Hezbollah, lui, prendrait le risque en cas de conflit de s’aliéner une partie de ses soutiens populaires : les chiites sont loin d’être tous belliqueux, et le Hezbollah loin d’être uniquement une organisation paramilitaire.

Mais les liens idéologiques et financiers entre Téhéran et le Hezbollah pourraient bien prendre le dessus sur ces considérations. Et en particulier si Israël ou les Etats-Unis décidaient d’attaquer les coreligionnaires iraniens du mouvement chiite.

L’Iran, de son côté, pourrait bien hésiter à envoyer au feu l’un de ses alliés, surtout si le régime de Damas devait tomber sous le coup des insurgés. Mais rien n’est moins sûr. Et le réseau international du Hezbollah pourrait très bien lancer de multiples attaques sur les intérêts américains ou israéliens.

[image:4,l]

Enfin, si Israël entraîne les Etats-Unis en Iran et s’avère incapable de venir à bout du régime, son armée pourrait bien être forcée de revenir rapidement au pays afin de défendre les frontières contre des incursions du Hezbollah. Ce qui laisserait les Etats-Unis seuls dans un pays fondamentalement hostile.

Iran et Hezbollah : une amitié indéfectible ?

Le soutien des Etats-Unis envers l’Etat-juif n’est pas nouveau, et sa politique à l’égard de ce dernier implique un engagement durable en matière de sécurité. Toutefois, la nature résolument incertaine de l’issue du conflit qui se profile devrait pousser l’Amérique à jouer la carte de la diplomatie envers l’Iran, le protecteur du Hezbollah.

Dès la création de celui-ci, ses combattants ont été formés par les Gardiens de la Révolution iraniens. Maintenant, il fonctionne par lui-même, et a prouvé à de multiples reprises la sophistication et l’efficacité de ses techniques de guérilla. Toutefois, le département américain de la Défense estime que le Hezbollah reçoit encore 100 à 200 millions de dollars par an de la part de l’Iran, auxquels il faut ajouter les armes, la formation, les renseignements et autres formes d’assistance.

Une guérilla moderne, disciplinée et efficace

Enfin, les données historiques rendent peu probables l’hypothèse que le Hezbollah resterait passif de crainte de subir la puissance de feu israélienne. Que ce soit en 1996, durant l’opération israélienne « Raisins de la colère » ou durant le conflit de l’été 2006, le mouvement libanais a toujours rendu coup pour coup aux Israéliens.

[image:2,l]

Que ce soit par le tir de milliers de roquettes sur le territoire de l’Etat-juif ou par de nombreuses embuscades tendues aux troupes au sol, le Hezbollah n’a jamais laissé transparaître le moindre signe de faiblesse, plongeant Tsahal dans l’impasse. Un scénario qui pourrait très bien se reproduire, au Liban comme en Iran, pour d’éventuels assaillants. 

Ces deux échecs ont mis en lumière les faiblesses de l’armée israélienne. Face aux guérillas, certes, mais même face à des forces conventionnelles, le Hezbollah ayant montré ponctuellement qu’il disposait d’armes modernes et de remarquables soldats, loin de l’image traditionnelle du combattant islamiste dépenaillé et sous-équipé.

En revanche, Israël a très bien pu tirer des leçons de ces deux conflits, apprendre de ses erreurs et surtout, mettre au point des techniques capables de contrer ses irréductibles adversaires.

Le culte du secret

Mais cette hypothèse n’est pas évidente. En effet, aussi bien Tel-Aviv que Washington traînent derrière eux une longue histoire faite d’ennemis sous-estimés et d’opérations trop ambitieuses. Méfiance. Nicholas Noe, un expert du Moyen-Orient, a récemment décrit le Hezbollah comme étant, « l’ennemi des Etats-Unis le plus brillant dans son art de dissimuler ses capacités réelles. »

[image:5,l]

Ainsi, il est très difficile de mesurer la puissance du Hezbollah, aussi bien en termes d’équipements que de tactiques. L’année dernière, le mouvement a littéralement décapité le réseau d’espionnage que la CIA avait établi dans ses rangs. Le contre-espionnage de l’organisation brille régulièrement par son efficacité.

L’ambassadeur américain aux Nations-Unis, Susan Rice, a récemment accusé la Syrie et l’Iran d’équiper le Hezbollah d’armes de plus en plus puissantes. Une accusation récurrente depuis le conflit de l’été 2006. Du côté de l’IDF (Israeli Defence Force), on considère que l’organisation chiite dispose de missiles longue-portée et de systèmes anti-aériens perfectionnés, essentiellement de fabrication russe. De manière générale, on estime que le Hezbollah pourrait compter sur une dizaine de milliers de combattants et disposerait d’entre 60 000 et 80 000 missiles et roquettes.

Un bourbier annoncé ?

En cas de conflit, le Hezbollah devrait certes subir des pluies de bombardements et de tirs de missiles israéliens. Mais, quand bien même cela lui nuirait de manière significative, ce qui n’est pas dit, les pertes du côté de Tsahal pourraient être pour le moins conséquentes. Le scénario d’une victoire à la Pyrrhus, voire d’une défaite, préoccupe fortement Israël, mais également les Etats-Unis.

[image:6,l]

Tout au long de cette année, les Etats-Unis ont multiplié les déclarations belliqueuses à l’encontre de l’Iran sans jamais vraiment rassurer les Israéliens qui ne savent toujours pas s’ils peuvent ou doivent compter sur eux. Toutefois, faire retentir en permanence les tambours de guerre peut avoir un prix.

Car si Israël se décidait à attaquer l’Iran, les Américains pourraient bien se retrouver entraînés dans le conflit. Et donc opposés à une guérilla aux connexions multiples et extrêmement compétente. Un ennemi très dangereux, dont ils ne connaissent en plus quasiment rien. Ring a bell, gentlemen ?

Global Post / Adaptation Charles El Meliani pour JOL Press

Quitter la version mobile