Site icon La Revue Internationale

Ola Abbas, présentatrice de la télé d’Etat, rejoint l’opposition

[image:1,f]

La peur. Voilà comment Ola Abbas explique son inaction jusqu’à maintenant. Peur pour sa vie, peur pour sa famille. La présentatrice d’Etat avait peur des représailles du gouvernement de Bachar al-Assad si elle quittait son poste. Elle s’exprime pourtant, aujourd’hui, renforcée par les annonces régulières d’autres défections qui mènent, chacune un peu plus, le gouvernement à sa perte.

Les médias d’Etat de propagande

Ola Abbas dénonce les méthodes des médias syriens. Elle raconte leur travail en étroite collaboration avec les services secrets, leur choix de remplacer certains mots par d’autres pour aller dans le sens du gouvernement. « Ne jamais prononcer le mot ‘manifestation’, dire ‘rassemblement’. Ne jamais prononcer le mot ‘révolution’. Jamais. Dire ‘crise’. » « Jamais les journalistes n’ont pu travailler librement et, maintenant, c’est encore plus dangereux, » confie-t-elle.

Une belle cage dorée

Face à cette situation, la journaliste échange avec des opposants, mais se cache pour le faire : une journaliste d’Etat ne peut parler à ceux qui combattent Bachar al-Assad. Elle est riche, alaouite et a une bonne position, elle n’a rien à craindre. Mais, les crimes impunis s’intensifient et Ola Abbas veut agir. « Je voulais aller en Egypte et rendre publique mon opposition à Bachar al-Assad, » explique-t-elle. Un soir de juillet, elle poste un message sur Facebook, annonçant sa démission, puis quitte la Syrie.

40 ans de dictature

En sécurité, elle fait diffuser une vidéo d’elle sur la chaîne Al Arabiya TV, le 27 juillet, dans laquelle elle accuse Assad de détruire la liberté de son peuple. Le Huffington Post rapporte ses paroles : « Voici 40 ans que nous attendons l’accomplissement de notre citoyenneté, alors que le régime s’emploie à nous en priver et à nous empêcher d’avoir un Etat de droit et de jouir de notre liberté. Voici 40 automnes que le régime s’insinue dans notre humanité et qu’il s’ingénie à nous fissurer (…) Aujourd’hui, il recourt à tous les moyens dictatoriaux (…) pour réveiller la sauvagerie entre les communautés et les confessions religieuses. »

Aujourd’hui en France, elle explique l’importance de la défection du Premier ministre syrien Riyad Hijab : une nouvelle attaque contre Bachar al-Assad, mais aussi un encouragement pour d’autres Syriens haut placés à suivre son exemple. « C’est le début de la fin du régime d’Assad » affirme-t-elle. La chute du deuxième gouvernement d’Assad depuis le début de la révolution marque, pour elle, un véritable tournant qui prouve que la révolte du peuple est inévitable et que la fin d’Assad est proche.

Bachar al-Assad apparaît à la télévision la tête haute

Pourtant, celui qu’elle appelle « le diable » et qu’elle accuse d’avoir « dépassé toutes les limites de l’humanité » apparaît aujourd’hui de nouveau à la télévision, après plus de deux semaines loin des caméras. Il accueille chaleureusement Saïd Jalili, l’émissaire du guide suprême iranien Ali Khameini, ainsi que d’autres membres de la délégation iranienne. «La solution à la crise en Syrie doit venir de l’intérieur de ce pays et via le dialogue national, et non via l’intervention de forces extérieures » aurait déclaré Saïd Jalili, selon la chaîne de télévision iranienne Al-Alam.

 

Quitter la version mobile