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Sommet des États «non-alignés»: une tribune pour l’Iran?

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Le 16ème Sommet des non-alignés débute jeudi 30 août à Téhéran. Soixante-dix pays seront représentés pendant deux jours durant lesquels l’Iran prendra la présidence tournante du Mouvement pour les trois ans à venir.

Mahmoud Ahmadinejad veut rétablir la paix au Moyen-Orient

La crise syrienne et le programme nucléaire iranien seront au programme de ces deux jours au cours desquels le Sommet accueillera également le président égyptien Mohamed Morsi, le Premier ministre indien Manmohan Singh, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et, malgré les remontrances des États-Unis et d’Israël, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

Ce dernier, brisant l’embargo diplomatique contre l’Iran, se veut messager de paix lors de ce Sommet. Alors que les États-Unis ont qualifié la visite de Ban Ki-moon, deux jours avant la sortie d’un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique montrant l’étendue du programme nucléaire iranien, de « mauvais signal » envoyé à la République islamique, le secrétaire général de l’ONU s’est entretenu, en marge de la réunion, avec le président iranien.

Au cours de cette entrevue, le président Mahmoud Ahmadinejad a réaffirmé les valeurs et les principes du Mouvement des non-alignés qui « dispose d’un grand potentiel pour contribuer au rétablissement de la paix, de la sécurité dans le monde, qui sont parmi les objectifs de l’ONU », selon une retranscription de l’Agence de presse iranienne officielle IRNA.

Ban Ki-moon brise l’embargo diplomatique

Le président iranien a également affirmé qu’au cours « de la nouvelle présidence du Mouvement des non-alignés, assurée par l’Iran, cette question serait une priorité partagée et qu’il mettrait à profit tout le potentiel existant visant à la réalisation de ces objectifs. »

Concernant la question syrienne, « les développements survenus dans ce pays sont au centre de l’attention, et tout le monde est aujourd’hui contrarié par les évènements en cours là-bas », a affirmé le Président, allié fidèle du régime de Bachar al-Assad« L’agression et les massacres ne sont pas des moyens pour atteindre ces objectifs », a-t-il encore ajouté.

Après avoir réaffirmé la volonté de coopération des Nations Unies pour résoudre cette question, Ban Ki-moon a témoigné d’une forme de soutien au rôle régional que doit jouer l’Iran. « La République islamique d’Iran a le droit de bénéficier de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et nous devons essayer de renforcer la confiance mutuelle entre les deux parties dès que possible, de sorte que les problèmes actuels soient résolus », a affirmé le secrétaire général de l’ONU.

Vers un assouplissement des relations entre l’Égypte et l’Iran

Si la visite de Ban Ki-moon constitue une surprise – puisqu’aucun émissaire de l’ONU n’a montré un tel rapprochement depuis la révolution islamique -, les regards seront également braqués vers un autre invité surprenant, le président égyptien Mohamed Morsi.

Bien que ce dernier n’effectue une visite que de quelques heures en territoire iranien, le pas est symbolique. Alors que les relations entre la République islamique et l’Égypte sont au point mort depuis les accords de paix israélo-égyptiens de 1979, Mohamed Morsi avait témoigné, lors de son accession au pouvoir en juin dernier, de sa volonté de mener une politique étrangère « équilibrée ».

Bien qu’aucun sujet de conversation particulier ne soit prévu, Mohamed Morsi prend toute de même le risque de fâcher les États-Unis, allié financier de l’Égypte avec une aide annuelle de 1,3 milliard de dollars octroyée à l’armée, pour se rapprocher de l’Iran. Un signe qui ne trompe pas.

118 États « non-alignés »

Le Mouvement des non-alignés prend ses racines pendant la période de Guerre Froide et de décolonisation.

En 1955, les 29 premiers pays membres, pour la plupart fraîchement décolonisés, se réunissent en Indonésie, à Bandung. Un an plus tard, le Premier ministre yougoslave Tito, le Premier ministre égyptien Gamal Abdel NasserJawaharlal Nehru, Premier ministre indien, et Norodon Sihanouk, Premier ministre cambodgien, se réunissent une nouvelle fois en Yougoslavie. Les premières bases du mouvement sont lancées.

Pour les quatre chefs d’Etat, l’objectif, dans un monde partagé entre les deux camps américains et soviétiques, est de créer un troisième bloc international et non-aligné. Les valeurs d’égalité et de respect mutuel affirmées comme fondement du Mouvement seront ensuite définitivement votées en 1961, lors de la première réunion officielle des pays non-alignés qui réunit 25 Etats.

Aujourd’hui, le Mouvement des non-alignés réunit 118 Etats membres et 17 Etats observateurs.

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