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Mgr Andari: au Liban, Benoît XVI défendra un dialogue interreligieux

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C’est un Liban partagé qui accueillera le pape Benoît XVI, vendredi 14 septembre. Quinze ans après la visite de son prédécesseur Jean-Paul II, en 1997, Benoît XVI arrive dans un pays libéré de la tutelle syrienne mais en proie à de vives tensions communautaires, en écho au conflit qui oppose les partisans et adversaires de Bachar al-Assad.

Comme pour répondre aux tensions syriennes, sunnites et alaouites s’affrontent dans des combats sanglants. Les chrétiens sont également partagés sur la question syrienne. C’est dans ce contexte que Benoît XVI apportera son message de paix et d’espoir d’un dialogue interreligieux dans un Liban, symbole de la cohabitation des religions.

Monseigneur Antoine-Nabil Andari est évêque de Jounieh, un diocèse situé au nord de Beyrouth. Il est également Vicaire patriarcal maronite. À quelques heures de l’arrivée de Benoît XVI, il répond aux questions de JOL Press.

Un appel pour la paix au Proche-Orient

Dans quel état d’esprit les Libanais attendent-ils le Pape ? Quel message espèrent-ils entendre de Benoît XVI ?

La visite du pape Benoît XVI est à la fois une visite d’État et une visite pastorale. Le Saint-Père répond aux invitations adressées par le président de la république libanaise Michel Sleiman, mais aussi à l’invitation du Conseil des patriarches catholiques en Orient et de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban.

Le but de cette visite papale est de transmettre aux Libanais et à la population des pays de la région moyen-orientale un appel pour la paix. « Je vous donne ma paix », a dit Saint-Jean. Dans cet esprit, il vient également signer l’exhortation apostolique – « L’Église au Moyen-Orient » – à la suite du synode des évêques qui s’est tenu à Rome au mois d’octobre 2010.

Le Saint-Père effectue ce voyage apostolique en tant que pèlerin et apôtre de paix pour nous demander de vivre et témoigner de la paix du Christ, et pour nous rappeler aussi le message de son prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, lors de sa visite en 1997, à vivre dans une communion entre chrétiens ainsi qu’entre chrétiens et musulmans.

Les Libanais ne veulent plus prendre position dans les conflits

Le Liban est en proie à de vives tensions communautaires entre sunnites et alaouites, en écho au conflit syrien. Dans ce contexte, quelle est la situation des chrétiens libanais? Quelle position adoptent-ils ?

Qu’on le veuille ou non, le Liban est affecté par les évènements tragiques du conflit syrien. Un grand effort est dépensé pour épargner au pays de nouvelles tensions. La mémoire des évènements sanglants que le Liban a déjà connus est bien présente et les Libanais en sont fatigués. Ils ne veulent plus de cette violence. Cependant, il y a parfois certains foyers de tensions alimentés par des partisans pro ou anti-Bachar al-Assad. Ce sont les séquelles et les conséquences des révolutions régionales – pour ne pas dire de l’ingérence étrangère. Et, comme le pays est une mosaïque, il est facilement influencé par ces évènements.

Quant aux chrétiens, ils sont partagés entre trois positions : l’une, pro-Assad, qu’on appelle le Mouvement du 8 mars ; l’autre, anti-syrienne, ou Mouvement du 14 mars. Et puis il y a une troisième position, celle qui réunit toute une partie de la population dégoutée des deux partis pris précédents. Elle se veut indépendante et entièrement libanaise. Cette troisième position réunit la majorité de la population, silencieuse ou pas, ainsi que le commun des chrétiens et des musulmans largement hostiles à l’extrémisme, au fondamentalisme et au terrorisme.

Pensez-vous qu’en tant que chef d’État, Benoit XVI puisse jouer un rôle dans ce contexte politico-religieux ?

Le Saint-Siège a été clair à ce propos, par la voix de son porte-parole, le Père Lombardi. C’est aux chrétiens de résoudre leurs problèmes. Le Saint-Siège va miser sur un message de paix, sur le témoignage chrétien, ainsi que sur le contenu des propositions du synode. Benoît XVI s’inscrit dans la volonté d’instaurer un dialogue interreligieux.

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