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Entre Syrie et Israël, une frontière sous haute tension

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Un porte-parole israélien a refusé de préciser si ce groupe armé appartenait à l’armée syrienne ou aux opposants rebelles, mais la radio de l’armée israélienne a rapporté qu’il semblerait que ce développement « indique que le président syrien Bachar Al-Assad est en train de perdre le contrôle de la zone frontalière avec Israël ».

« Assad massacre son propre peuple et est en train de laisser filer une zone qui se transforme en un dépôt d’armes auquel peuvent avoir accès toutes les organisations terroristes au monde », déplore le chef de l’armée israélienne Benny Ganz.

L’inquiétude de la population 

Il n’y a pas eu d’infiltration, mais cet incident, qui s’est produit en plein milieu d’une semaine de vacances où des milliers d’Israéliens profitaient du temps ensoleillé dans les parcs, souligne le niveau de tension à la frontière Nord d’Israël, alors que la Syrie s’enlise dans une deuxième année de guerre civile.

Durant les deux dernières semaines, des fermes près de la frontière Nord ont été touchées par des tirs de l’armée syrienne visant les troupes rebelles. Pendant qu’Israël réclamait une intervention de l’ONU, l’armée syrienne exprimait son scepticisme quant à une ingérence d’un autre pays dans cette situation chaotique.

« Nous sommes très inquiets. Toute incursion ou infiltration à la frontière syrienne perturbe nos vies, notre commerce, et le calme auquel nous sommes habitués ici », explique Dolan Abu Salh, le maire de Madjal Shams, la ville drude la plus proche de la Syrie.

« Nous avons confiance en l’appareil sécuritaire », a-t-il ajouté. Et de préciser : « Nous sommes sûrs qu’en cas de menace d’incursion de l’armée, les militaires feront ce qu’il faudra. Au niveau humanitaire, si les gens ont besoin d’aide nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, mais on espère ne pas avoir besoin d’en arriver là ».

Le site est une des rares destinations pour le ski au Moyen-Orient

Normalement, le mont Hermon est un des endroits les plus bucoliques sous le contrôle israélien (la zone a été colonisée par Israël pendant la Guerre de Six Jours en 1967, et est internationalement reconnue comme une partie de la Syrie). À cette époque de l’année, la pente du mont Hermon ressemble aux collines du Vermont après un été particulièrement long et sec.

Le site, qui est une des rares destinations pour le ski au Moyen-Orient, bénéficie de seulement deux pistes. L’une des meilleures saisons était l’année dernière, avec un hiver exceptionnellement froid et long, de novembre à avril.

Qu’il s’agisse de météo ou de situation politique, en 2012, l’Hermon risque d’être particulièrement chaud cet hiver.

Danny Danon, un député du Likud (parti conservateur israélien) a fait du site de l’Hermon une « patate chaude » sur laquelle les yeux de tous les partis et les médias sont rivés.

« Le mont Hermon appartient à l’État », a-t-il expliqué. « Et je ne vois aucune raison  qu’il ne soit pas géré comme tout autre site public. C’est un trésor national. Je ne peux concevoir que cette situation perdure, avec des enfants privés de la neige juste parce qu’ils ne peuvent s’offrir un séjour au ski ».

Le ski au Mont Hermon, un business pas très clair

La source du problème provient de 32 familles qui sont devenues les administratrices de cette colline sauvage dans les années 1970, territoire gagné lors de la Guerre de Six Jours.

Depuis plus de vingt ans, Shofi, 47 ans, était employé de la station de ski Neve Ativ. Skieur depuis toujours, il a été envoyé en Autriche et au Canada pour s’entraîner, puis à eu 60 personnes sous ses ordres. Une fois qu’il a décidé de se mettre à son compte, les ennuis ont commencé. Il a fait face à des menaces de mort. Au final, son magasin a été incendié.

Les personnes qui gèrent le site de l’Hermon sont accusées de nombreuses « magouilles », notamment de ralentir les remontées mécaniques pour obliger les personnes plus au Sud à rester toute la nuit et avoir ainsi un monopole sur les équipements de ski.

Shaul Aona, le résident de Neve Ativ qui gère la station et combat le projet de loi du député Danon, tempête : « Les premières personnes qui ont tenté d’établier un règlement ici ont abandonné. Cela a été très difficile pour nous de percer. La station a été créée pour les touristes, avec des fonds de l’Agence juive ».

Israël semble ne pas voir le conflit qui gronde à ses portes

Mais pour Danon, l’Agence juive ne peux pas « gérer cela comme si cela avait toujours été son terrain de jeu privé, et enlever aux citoyens d’Israël le droit de visiter et de profiter de cet endroit ».

Ohana voit les choses différemment : « Personne ne nous a offert cette terre ou donné de l’argent. Nous avons travaillé dur et, dieu merci, après quarante ans, c’est toujours une affaire qui fonctionne bien. Et alors ? Est-ce un crime ? »

Emanuel Yafe, 42 ans, un habitant de Jérusalem qui a grandi en Europe, se faisait un plaisir à l’avance d’emmener ses trois jeunes enfants au ski. Déçu, il confie qu’il n’y retournera pas : « C’est le même prix que dans les Alpes pour deux misérables côtes, le voyage dure quatre heures, vous devez payer le parking, vous attendez trois heures, l’équipement est désuet, les gens vous hurlent dessus. Je ne sais pas pourquoi nous y sommes allés, honnêtement ».

Pendant que la Syrie se déchire à quelques mètres de la frontière, toute la classe politique est aux abois pour des histoires de déprivatisation de la station de ski du Mont Hermon.

Pour Ohana, « tout va bien. C’est très calme ici. Les groupes armés sont à plusieurs centaines de mètres ».

Global Post/Adaptation Alexis Mamou pour JOL Press

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