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Les rebelles ont pris la ville d’Azmarin, à la frontière turque

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À Hacipasa, en Turquie, les citoyens s’inquiètent alors que leur pays se rapproche toujours plus du conflit syrien qui sévit à la frontière, à seulement quelques kilomètres. Côté syrien, survivre est la seule chose qui occupe l’esprit des familles syriennes.

Une région dévastée par les affrontements entre les forces rebelles et les troupes gouvernementales 

Dans la ville d’Azmarin, les maisons et les bâtiments du gouvernement se consumaient encore samedi 13 octobre après une bataille de quatre jours entre le gouvernement et les forces d’opposition. Les corps gisaient encore dans les rues. Un prisonnier, les mains liées derrière le dos, était traîné dans la rue par un groupe de combattants de l’opposition. Un homme jetait de l’eau sur son visage, alors que le captif, terrifié, avançait.

Pendant trois jours, les rebelles ont encerclé la ville avant de lancer une attaque de grande ampleur vendredi 12 octobre. Les soldats gouvernementaux qui restaient ont fui pendant la nuit, certains à travers la frontière sous surveillance turque.

Samedi après-midi, les familles des combattants rebelles qui avaient fui vers les villages voisins ont commencé à retourner au compte-goutte pour voir ce qui restait de leurs maisons.

« C’était le capitaine Shardi, un lieutenant général de l’armée d’Assad », a déclaré le général rebelle de la ville, Dr. Hassan Ghnnam, en montrant le corps d’un homme costaud en uniforme de l’armée taché de sang, qui se trouvait dans une rue latérale. « Il a brûlé de nombreuses maisons dans cette ville. Les gens avaient vraiment peur de lui ». Dr. Ghnnam travaillait comme urologue à Azmarin, avant de prendre le commandement des forces rebelles de la ville.

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La ville voisine de Darkush se trouvait dans un état semblable. La région n’a plus d’électricité ni d’eau courante. L’approvisionnement est de plus en plus rare et les quelques habitants restants de la ville craignent constamment une attaque des avions du gouvernement depuis que les rebelles ont pris la ville jeudi 11 octobre.

« J’ai vraiment cru que j’allais mourir »

Le pharmacien Yazan Labwi raconte que lui et ses trois compagnons ont été contraints d’abandonner leur véhicule quand un hélicoptère a ouvert le feu sur eux jeudi après-midi.

« Nous apportions du pain à des gens ici, à Darkush. Vous pouvez voir que nous ne sommes pas armés et nous portons des vêtements civils », a-t-il dit en montrant ses vêtements couverts de poussière, alors qu’il se rendait à Darkush peu de temps après l’attaque. « Nous nous sommes cachés sous les oliviers. Nous pouvions entendre les balles frapper le sol à côté de nous, et une grosse explosion sur notre droite. Nous avons couru pendant environ une heure, en nous abritant sous les arbres. J’ai vraiment cru que j’allais mourir »

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Il y a quelques mois, la ville était pleine de vie, les habitants dînaient au bord du fleuve et les enfants nageaient dans l’eau turquoise. Comme la guerre a atteint cette ville historique, la plupart des habitants ont fui vers les villages voisins de la frontière. Les autres habitants accusent les forces gouvernementales d’avoir détruit la ville. Fathia Isadeen était chez elle avec son fils et ses petits-enfants quand elle dit que les soldats du gouvernement ont mis feu à leur maison.

« Ils ont bombardé toutes les maisons d’abord, puis ils sont venus à l’intérieur et ont tout brûlé », dit-elle alors que la maison noircie se consume encore, générant une fumée suffocante. « Il y avait beaucoup, beaucoup de soldats. Nous avons couru à l’étage et nous nous sommes cachés, alors ils ont mis le feu en dessous de nous ».

Leur voisin, Yazan Labwi, est entré dans sa maison pour la première fois depuis des semaines. La maison a été massivement pillée, les serrures explosées par les coups de feu. À l’étage, un coffre-fort a aussi été ouvert par les coups de feu. Les biens de la famille ont été éparpillés sur le sol« Au moins, la télé est en sécurité », dit-il d’un rire nerveux alors qu’il entre dans son salon saccagé. Les photos de ses deux filles, âgées de deux et quatre ans, sont toujours accrochées au mur, au-dessus du désordre.

Les survivants craignent une nouvelle attaque des forces gouvernementales

Dehors, un vent de panique secoue la ville : une rumeur dit que les soldats du gouvernement sont de retour. La longue file d’attente pour le pain, qui s’étendait sur plusieurs pâtés de maisons, s’est dispersée. Un jeune garçon s’est évanoui et a été porté chez Labwi. « Il n’a pas mangé depuis des jours », a déclaré le pharmacien après avoir ranimé l’enfant avec un peu d’eau et en lui donnant un morceau de pain.

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De retour à Azmarin, Dr. Ghnnam parle avec fierté et optimisme de la récente victoire. « Ces villes étaient un obstacle, mais maintenant nous avons libéré toute la région, sauf Sarlkeen et Hareem. Maintenant nous avons un plan pour reconstruire la ville et ramener les civils avant que nous ne partions pour libérer une autre région », dit-il.

Pendant ces trois derniers jours, les habitants ont pu voir et entendre les bombes et les explosions qui touchaient la ville sur la colline, depuis les positions rebelles, mais Dr. Ghnnam a insisté sur le fait que les dommages que l’on pouvait voir partout dans la ville – y compris sur les bâtiments du gouvernement -, n’ont été infligés que par les forces gouvernementales. Il a ajouté que personne n’avait été fait prisonnier dans la bataille ; les soldats du gouvernement avaient le droit de s’échapper sains et saufs après leur retrait.

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De l’autre côté de la rivière, du côté turc, les forces d’opposition ont confirmé qu’elles avaient capturé vingt-cinq prisonniers pendant la bataille. Dix ont été remis aux autorités turques et quinze étaient détenus du côté syrien. Vingt autres personnes auraient été capturées par les autorités turques dimanche 14 octobre, mais cela n’a pas été confirmé.

Global Post / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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