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Ce que cache la tentative de médiation chinoise en Syrie

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La proposition du gouvernement, qui porte sur l’instauration d’un cessez-le-feu progressif et la mise en place d’un gouvernement provisoire, a été présentée à l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabeLakhdar Brahimi, lors de sa visite à Pékin.

Les intentions de la Chine

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hong Lei a ainsi déclaré que la proposition chinoise était « un prolongement des efforts de la Chine en faveur d’un règlement politique de la question syrienne. »

Mais la Chine et la Russie, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont été vivement critiqués pour avoir bloqué trois propositions de résolutions de l’ONU, condamnant le régime syrien pour une répression qui aurait déjà fait plus de 30 000 morts.

À quel jeu joue alors la Chine ?

Comme le New York Times l’avait noté à l’époque, le projet était vague et avare en détails, tels que le calendrier pour le cessez-le-feu ou le rôle que pourrait jouer le président syrien Bachar al-Assad dans ce processus de transition.

Selon l’agence officielle chinoise Xhinua, le plan vise à :

1.       Amener les deux parties à cesser les combats. Le cessez-le-feu pourrait être instauré progressivement, région par région.

2.       Favoriser une transition politique, avec les parties concernées et désigner des représentants qui pourront travailler avec Lakhdar Brahimi et la communauté internationale afin de mettre en place un gouvernement de transition, tout en maintenant le gouvernement en place.

3.       Encourager la communauté internationale, en particulier la Ligue arabe, à travailler en étroite collaboration avec Lakhdar Brahimi pour mettre en œuvre le plan en six points de son prédécesseur Kofi Annan et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

4.       Atténuer la crise humanitaire par l’hébergement des réfugiés et la mise en place d’un plan de soutien humanitaire à la population.

Se protéger des critiques de la communauté internationale ?

Ces propositions signifient-elles que la Chine est en train de changer de bord ? Ou tente-t-elle simplement de détourner le regard de la communauté internationale qui estimait jusqu’à présent que la Chine était une entrave aux efforts internationaux pour résoudre la crise ?

Pour répondre à ces questions, Global Post s’est entretenu avec Michal Meidan, expert de la question chinoise à Londres pour le groupe Eurasia.

Cette proposition du gouvernement chinois est-elle vraiment sans précédent ?

Ce geste n’est pas sans précédent. Il y a maintenant dix ans, Pékin a également publié un plan de paix en cinq points pour le Moyen-Orient. Bien que ces prises de positions soient rares et encore plus rarement publiques, la Chine a déjà pris position de cette manière dans un conflit.

En quoi le plan chinois diffère-t-il de ceux proposés par les Nations unies ?

Le plan chinois inclut une version édulcorée d’éléments proposés par l’ONU en parlant notamment d’une transition politique, mais il ne précise pas le rôle de Bachar al-Assad dans l’après-transition, et ne parle pas de démission. Le plan chinois met l’accent sur la fin des combats et sur la mise en place d’une mission humanitaire.

Pourquoi la Chine agit-elle ainsi aujourd’hui ?

Je pense que la Chine publie ce plan, à cette étape du conflit, pour de nombreuses raisons. En premier lieu, la Chine veut éviter un éventuel mouvement unilatéral des États-Unis, pour détourner une partie de la critique portée contre Pékin par les capitales occidentales mais aussi et surtout par les capitales arabes. La Chine estime qu’il est préférable d’agir maintenant, en devenant un acteur constructif et en soutenant l’ONU plutôt que de permettre que la crise soit réglée autrement.

Quels sont les objectifs de la Chine par l’intermédiaire de ce plan de paix ?

La Chine tente d’éviter une intervention internationale et espère garder un statu quo autour de la Syrie le plus longtemps possible. Alors que la Chine n’a aucun intérêt direct en Syrie, elle travaille étroitement avec Moscou et soutien la position de la Russie, elle travaille également afin d’éviter les changements géopolitiques qui pourraient nuire à l’Iran.

Pékin espère sans doute que le soutien de l’ONU, à travers son propre plan, permette à la Chine de montrer qu’elle est une puissance mondiale responsable.

Ce plan est-il lié à l’actuelle transition politique en cours en Chine ?

Pékin souhaite éviter une confrontation en Syrie (ou au Moyen-Orient de manière générale) alors que la Chine est en pleine transition politique. Malgré tout, cette position ne doit pas être interprétée comme le signe d’une position politique étrangère plus affirmée ou plus constructive au Moyen-Orient, ni comme un signe de l’engagement croissant des Chinois.

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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