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Syrie: un an est passé, et le chaos règne toujours

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Se retourner sur une année passée en Syrie, c’est faire le constat suivant : malgré les nombreuses prédictions et les innombrables faux tournants dans le conflit, le régime de Bachar al-Assad tient toujours.

Une crise complexe, l’exception des Printemps arabes ?

Malgré les dizaines de milliers de morts, malgré les nombreuses positions géographiques reprises par les rebelles, malgré les tentatives de formation d’une opposition solide et politique comme alternative au régime de Damas, Bachar al-Assad est toujours en place, l’armée syrienne est toujours en position de force dans de nombreuses régions stratégiques et aucune résolution de la crise syrienne ne semble s’amorcer.

Et pourtant, de nombreux évènements sont venus ponctuer cette année meurtrière qui a signé le premier anniversaire du soulèvement et entamé une deuxième année de conflit.

La guerre civile en Syrie – appellation donnée à la crise au cours de cette année – n’est explicable qu’au regard de multiples filtres d’interprétation qui se sont révélés aux observateurs du conflit depuis plusieurs mois.

Une guerre de religion

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Les évènements se succédant, la crise syrienne a vu apparaître des acteurs, qui dans chaque camp du conflit, ont fait entendre leurs voix pour défendre leurs intérêts.

Non, la crise syrienne n’est pas une simple guerre civile visant à défaire un régime mené par un dictateur. La crise syrienne, dans une certaine mesure, est le résultat d’une lutte qui oppose diverses forces religieuses à qui il semble impossible de cohabiter.

Alaouites, sunnites, chrétiens. Les premiers, de la caste du président al-Assad, restent fermement accrochés à leur régime. En minorité sur le territoire syrien, ils savent qu’ils se battent contre des rebelles sunnites, certains venants de l’étranger pour éliminer cette branche du chiisme. C’est une guerre de religion. Une guerre dans laquelle les chrétiens, en minorité également en Syrie, savent qu’ils seront les grands perdants. Protégés par le régime syrien, la plupart des chrétiens veulent la survie de Bachar al-Assad car pour eux, c’est une question de vie ou de mort.

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Une guerre mondiale ?

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À l’origine de tout : un soulèvement. C’est la petite ville de Homs, inconnue de la géographie mondiale auparavant, et qui s’est désormais offert une réputation mondiale, qui a été le cœur, pendant de nombreuses semaines de la rébellion syrienne.

Puis le conflit s’est étendu : Alep, Damas et tant d’autres villes se sont transformées en théâtre sanglant d’opposition entre les deux forces en présence.

Au fil du temps, les forces internationales sont ensuite intervenues pour prendre position, chacune défendant des intérêts particuliers. La Russie et la Chine se sont élevées pour la protection du régime syrien et ont opposé, à de nombreuses reprises, leur veto au conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher une résolution à l’encontre de Damas.

En face, les pays du Golfe, Arabie Saoudite et Qatar en chefs de file, ont appelé de toutes leurs forces à une intervention visant à la chute du régime.

En Occident, les voix, plus mesurées au départ, se sont soulevées au rythme des exactions du régime syrien.

Mais c’est au niveau régional que le conflit s’est véritablement internationalisé. Le conflit syrien déborde et deux pays sont en première ligne : le Liban et la Turquie.

Au Liban, caisse de résonnance du conflit syrien, sunnites et alaouites s’affrontent, notamment au nord, à Tripoli. Le régime libanais, constitutionnellement composé des diverses religions qui peuplent le territoire, tente de rester neutre. Trop d’enjeux sont en jeu et le Liban est historiquement trop proche du régime. Dans ce conflit, c’est également l’avenir des Libanais qui se joue.

La Turquie est plus offensive. Plusieurs éléments se confrontent et font de ce pays situé au nord de la Syrie une véritable poudrière désormais prête à attaquer le territoire syrien. L’enjeu politique est intérieur d’abord : le gouvernement turc du Premier ministre Erdogan, en difficulté dans l’opinion publique, a fait du conflit syrien le moyen de redorer son image au plan national.

Au niveau régional, la crise syrienne est une occasion inespérée, pour les Turcs, d’éliminer leur voisin du sud et de se construire la puissance régionale dont ils rêvent.

Le plan religieux est tout aussi important. Traditionnellement sunnite, la Turquie a immédiatement pris la défense des rebelles syriens.

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Un an plus tard, une ébauche d’opposition syrienne

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Il y a un an, la communauté internationale regardait l’issue du conflit syrien avec pessimisme tant aucune opposition sérieuse au régime n’avait vu le jour, même après plusieurs mois de conflit. La Syrie est une poudrière constituée de nombreux mouvements aux intérêts particuliers incompatibles et certainement pas prêts à faire de trop grandes concessions.

La formation d’un « gouvernement provisoire », c’est ainsi que la communauté internationale souhaitait amorcer la résolution de la guerre civile.

Pourtant, réussir à mêler, au sein d’un seul mouvement, les diverses composantes de la société syrienne n’était pas chose aisée.

Au sein de l’opposition à Bachar al-Assad, combattants de l’intérieur, opposants de l’extérieurs, islamistes radicaux, islamistes modérés ont tenté à plusieurs reprises d’unir leurs voix pour opposer au régime une alternative stable capable d’incarner l’avenir de la Syrie post Bachar al-Assad, sans succès.

Ce n’est qu’en cette fin d’année 2012 qu’un espoir « solide » est né. La Coalition nationale syrienne, crée autour de diverses personnalités et sous l’égide du Qatar et de l’Arabie Saoudite représente désormais l’avenir de l’opposition syrienne.

Pourtant, et dès sa naissance, la nouvelle opposition syrienne s’est confrontée à un vent pessimiste quant à sa pérennité.

Si la France et le Royaume-Uni ont été les premiers à saluer cette formation inédite, les États-Unis, l’ONU, représenté par son secrétaire général Ban Ki-moon et son envoyé spécial en Syrie Lakhdar Brahimi, sont restés muets.

Pourquoi l’opposition syrienne hétérogène et incapable d’unité parviendrait, cette fois-ci, à opposer une véritable alternative au régime ?

2013 nous dira sans doute si les opposants au régime de Bachar al-Assad sont véritablement unis autour de la Syrie, ou autour de leurs sacro-saints intérêts particuliers.

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Les Nations unies, acteur impuissant en Syrie

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Ban Ki-moon, Kofi Annan, Lakhdar Brahimi. Trois acteurs incontournables du conflit syrien et pourtant, leur mobilisation a semblé bien inefficace cette année.

Le premier a rencontré Bachar al-Assad a plusieurs reprises. Partisan d’un dialogue entre les différentes forces en Syrie, il est également favorable à une résolution, dans la paix, du conflit syrien.

Le deuxième incarnait l’espoir d’une sortie de crise. Et pourtant, devant l’échec de sa tentative de cessez-le-feu, il a préféré démissionner, affirmant ne pas avoir les clés pour résoudre cette crise.

Il a été remplacé par le troisième, Lakhdar Brahimi, un éminent diplomate. Toujours en place, il a fait preuve d’une grande force de dialogue lors de ses différentes visites en Syrie. Favorable au dialogue, il a également été à l’origine d’une trêve, courte, dans le but d’aboutir à un cessez-le-feu sur le long terme. Le cessez-le-feu n’est jamais arrivé, mais Lakhdar Brahimi est toujours en place, et résolu.

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En images : le quotidien de la guerre syrienne

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Derrière ces tractations politiques, ces tentatives de cessez-le-feu, la guerre en Syrie ce sont d’abord des hommes, de tous bords, qui se battent sur le terrain pour la survie de leur régime ou pour la chute de Bachar al-Assad.

Des images sanglantes ont fait le tour du monde durant cette année meurtrière.

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Bachar al-Assad, imperturbable

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Il est devenu l’homme le plus mystérieux de la planète. Alors que le compteur des morts ne cesse d’alourdir le bilan macabre de la crise syrienne, le président al-Assad reste accroché à son régime, malgré les défections, malgré les menaces, malgré les attaques.

Lors de quelques rares apparitions publiques sur les télévisions nationales, le président syrien a toujours semblé confiant, ferme et déterminé.

Plus récemment, Bachar al-Assad a déclaré, comme pour prouver une ultime fois qu’il irait jusqu’au bout de son combat : « Je suis syrien, je dois vivre et mourir en Syrie. »

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