Site icon La Revue Internationale

A Moscou et à Rome, les dirigeants forcent le dialogue en Syrie

[image:1,l]

En visite en Russie, le président français se fait l’ambassadeur d’une résolution politique au conflit syrien. Jeudi 28 février, François Hollande rencontre son homologue russe, Vladimir Poutine, allié indéfectible du régime de Damas depuis deux ans d’un conflit qui a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Un dialogue d’ici quelques semaines ?

A la même heure, à Rome, onze pays, membres des Amis du peuple syrien, rencontreront les principaux dirigeants de l’opposition syrienne, en présence du nouveau secrétaire d’Etat américain, John Kerry.

Quelques jours après la proposition de dialogue offerte par le régime syrien à l’opposition armée, la Syrie revient sur le devant de la scène internationale et les mots « résolution politique » du conflit sont de nouveau employés.

Dans une interview accordée à une radio moscovite, alors qu’il venait d’arriver en Russie, le président Hollande a lui-même employé ces mots. Quelques heures avant de rencontrer Vladimir Poutine, François Hollande a même fait le pari d’une solution politique, dans quelques semaines seulement.

« Je pense que d’ici quelques semaines, nous pouvons être capable de trouver une solution politique qui puisse prévenir l’escalade du conflit, » a confié le président français sur la radio d’opposition Echo de Moscou.

Pour François Hollande, tout dépend de Vladimir Poutine

François Hollande s’est montré confiant quant au démarrage d’un dialogue. Ce dernier a affirmé avoir « constaté des progrès » en faveur de ce dialogue.

« Beaucoup dépend de la position du président Poutine, » a-t-il ajouté, en référence au blocage permanent de la Chine et de la Russie en faveur d’une résolution contraignante pour la Syrie.

Sur ce point, François Hollande a également confirmé que le dossier syrien serait une nouvelle fois au cœur des conversations qu’il aura avec le président Poutine dans l’après-midi.

« Nous allons discuter de cette question et j’espère qu’on pourra établir un dialogue concernant la transition du pouvoir en Syrie, » a-t-il déclaré.

France et Russie se retrouvent sur le terrain du dialogue

Reste que le président Vladimir Poutine a montré, depuis le début du conflit syrien, son intransigeance sur de nombreux points. Et s’il est aujourd’hui acquis que Moscou ne s’opposera pas, envers et contre tout, au départ du président Assad, la Russie persistera à prévenir des risques de la chute du régime.

Alors que la France a toujours soutenu l’opposition syrienne, la Russie a pour sa part joué la carte du pragmatisme et a toujours mis en avant les conséquences de la chute du régime de Bachar al-Assad. Selon la diplomatie russe, la chute brutale de Bachar al-Assad pourrait conduire à la partition du pays et à l’arrivée d’islamistes radicaux au pouvoir.

Pour autant, les deux pays se retrouveront sur un point : la nécessité d’un dialogue urgent entre les différentes parties du conflit.

Exigences de la Coalition nationale syrienne

A quelques milliers de kilomètres des deux présidents, la réunion des Amis du peuple syrien sera sans aucun doute beaucoup plus offensive.

L’opposition syrienne, divisée sur la question d’un éventuel dialogue avec le régime syrien – le refus d’un tel dialogue est inscrit dans la charte de la création de la Coalition nationale syrienne, et certains de ses membres refusent un dialogue tant que Bachar al-Assad n’aura pas quitté le pouvoir – cherchera avant tout à encourager les puissances mondiales à lui fournir armes, matériel, et aide humanitaire.

Une semaine auparavant, les Etats-Unis ont déjà annoncé qu’ils augmenteraient leur soutien, sous la forme d’une aide médicale et alimentaire. Cette nouvelle position américaine a été confirmée par John Kerry, en visite à Paris, la veille de la réunion. A Rome, l’ambiance sera sans doute à l’accélération. C’est en tout cas ce qu’à laisser croire le secrétaire d’Etat américain ces derniers jours.

Les Etats-Unis pourraient fournir des formations militaires aux Syriens

Mais face aux Amis du peuple syrien, c’est une opposition revendicative qui fera l’inventaire de ses exigences. Moaz el-Katib, chef de la Coalition nationale syrienne, avait tout d’abord refusé de se déplacer à Rome, avant d’accepter en échange de la promesse des Etats-Unis et du Royaume-Uni d’augmenter leur aide.

Jusqu’à aujourd’hui, les Etats-Unis sont toujours restés fermement opposés à l’envoi de matériel militaire offensif, respectant ainsi les vœux du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon et de l’émissaire international de l’ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi.

Les choses pourraient néanmoins évoluer. Selon une information du Washington Post, les Etats-Unis pourraient être amenés à changer de politique et envisager de fournir de gilets pare-balles, des véhicules blindés et des formations militaires, directement aux insurgés.

Quitter la version mobile