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Les Kurdes porteurs d’une troisième voie dans le conflit syrien

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« Nous avons choisi de ne soutenir ni le régime ni l’opposition », a récemment déclaré Sinam Muhammad, co-présidente du Conseil populaire de l’Ouest du Kurdistan et membre du Haut Comité suprême kurde. « Nous avons choisi une autre voie, une troisième ligne, qui est une ligne pacifique et démocratique pour obtenir nos droits en tant que peuple kurde », a-t-elle ajouté.

Les Kurdes représentent 9% de la population syrienne, soit environ le même pourcentage que la minorité alaouite qui domine le gouvernement. Mais sous le régime de Bachar al-Assad, les Kurdes étaient opprimés et, jusqu’en avril 2011, se sont vu refuser le statut de citoyens syriens. Leurs célébrations culturelles, leur littérature et leurs traditions ont été bafouées, de même que l’apprentissage de la langue kurde est interdit dans les écoles.

Les autorités kurdes ont refusé de prendre parti dans la révolution

Malgré la répression, les autorités kurdes ont refusé de prendre parti dans la révolution syrienne, qui a commencé il y a plus de deux ans et provoqué le mort de plus de 70 000 Syriens. Au lieu de cela, les Kurdes ont profité du vide laissé au pouvoir à la suite des affrontements entre l’opposition et le gouvernement, pour prendre le contrôle de grandes étendues au nord de la Syrie.

Ils se sont depuis régulièrement heurtés aux troupes de l’Armée syrienne libre et du régime. Certains disent qu’un front uni entre les Arabes et les Kurdes pourrait changer le cours de la révolution contre Bachar al-Assad. D’autres accusent les partis kurdes de passer des accords avec le régime. Mais, selon Sinam Muhammad, les seuls intérêts que son parti dessert sont ceux du peuple kurde.

« Nous n’attaquons personne », affirme-t-elle. « Mais nous ne permettrons à personne d’entrer dans nos lieux kurdes – c’est une ligne rouge. Celui qui nous attaque, nous sommes prêts à nous défendre contre lui ».

Jusqu’à récemment, les habitants ici ont échappé au pire des attaques et des bombardements d’Alep, mais les lignes de front sont de plus en plus floues, et certaines zones d’Ashrafieh [quartier kurde d’Alep] ont déjà été prises sous le feu des combats entre le régime et l’opposition.

Malgré les tensions avec le PKK, les Kurdes recherchent l’unité

« Il ne fait aucun doute que le PKK fait affaire avec le régime », a déclaré Bachar Ismaël, l’un des quelques Kurdes qui ont rejoint l’Armée syrienne libre. « Ils étaient censés protéger les zones kurdes, c’est leur travail. Quand l’armée du régime est entrée à Ashrafieh, ils se sont retirés. Et Sheikh Maqsoud [quartier kurde d’Alep] est envahi par les milices gouvernementales. Que font-ils là-bas ? ».

Delshad Afrin, un membre du Parti démocratique kurde, a déclaré que le rêve ultime de tout Kurde était d’unir l’ensemble du Kurdistan. Avec une population de près de 40 millions de personnes répandues à travers les frontières de quatre pays, les Kurdes sont, de loin, le plus grand groupe ethnique sans pays. Mais pour l’instant, l’objectif est de conserver l’autonomie au sein de la Syrie.

« Nous voulons mettre en place un système fédéral en vertu d’un gouvernement démocratique uni syrien », explique Delshad Afrin. « Ce ne sera pas facile à réaliser. La plus grande chose que nous ayons réalisée jusqu’à présent est le droit d’être syrien ».

GlobalPost / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

 

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