Site icon La Revue Internationale

Pas de conflit israélo-palestinien dans les hôpitaux de Jérusalem

[image:1,l]

Il y a deux semaines, les gros titres de la presse internationale évoquaient des blessés Syriens transportés dans des hôpitaux israéliens pour y être soignés. Cette nouvelle m’a rappelé le rôle important qu’a joué la médecine pour m’aider à mieux connaître l’« autre », malgré une série de facteurs affectant les relations entre Israéliens et Palestiniens.

Témoignages dans l’hôpital Hadassah Ein Karem de Jérusalem

Il y a trente-cinq ans, j’écoutais la famille palestinienne de ma tante exprimer sa profonde gratitude à l’égard du personnel médical de l’hôpital Hadassah Ein Karem dans le quartier à prédominance juive de Jérusalem-Ouest. Après avoir réalisé une opération à coeur ouvert, des chirurgiens israéliens avaient sauvé la vie de leur enfant Asad. 

Sept ans plus tard, lorsque mon cousin Bassem a subi une opération à coeur ouvert dans le même hôpital, j’ai été témoin de cette même humanité et de ce même professionnalisme. Le personnel – médecins et infirmières – était gentil. Un médecin et une infirmière juifs m’ont parlé avec compassion et réconfort du cas de Bassem, demandant l’aide de Dieu.

Bien que le conflit israélo-arabe soit omniprésent dans nos esprits, j’ai apprécié l’incomparable démarche humanitaire de l’hôpital.

Mêmes inquiétudes et même compassion

En retour, je souhaitais un prompt rétablissement aux patients juifs. Je regardais les familles des patients palestiniens et juifs de la même manière, partageant l’espoir que leurs proches guérissent. Bien que parfois limités par la barrière de la langue, nous partagions des sentiments de compassion qui pouvaient facilement être perçus. On ne sent pas qu’un patient est arabe ou israélien, mais on sent un être humain qui mérite les soins qui lui sont prodigués.

Ce fut l’une des quelques occasions qui m’ont été offertes de rencontrer des juifs israéliens. Un jour, j’ai rencontré des soldats qui venaient arrêter mon cousin. Une autre fois, j’ai travaillé avec un commerçant juif d’origine irakienne qui achetait notre raisin et le revendait sur le marché de Mahane Yehuda à Jérusalem. Il parlait bien l’arabe.

Cependant, je n’avais jamais imaginé qu’un jour je rencontrerais des juifs israéliens à l’hôpital, et qu’ils auraient traité avec soin mon cousin dont le frère avait pourtant passé quatre ans dans une prison israélienne. Ces expériences m’ont permis de me rendre compte que des voies peuvent mener à la réconciliation et à la coopération entre Palestiniens et Israéliens.

Un sentiment d’amitié décuplé à l’hôpital

Outre mes quelques visites dans des hôpitaux israéliens, j’ai entendu d’autres récits de la bouche de Palestiniens sur les soins bienveillants prodigués aux Arabes dans des hôpitaux israéliens, récits qui tournent autour de l’égalité et du professionnalisme.

Les récits de mon cousin au sujet de patients israéliens qu’il a connus en rendant visite à son frère à l’hôpital Hadassah Ein Karem durant les années 90, par exemple, montrent le sentiment de solidarité entre patients israéliens et palestiniens et leurs familles.

Peut-être est-il difficile de lire ce qui se passe dans le coeur des Israéliens mais à chaque nouvelle visite rendue à mon cousin, j’ai pu voir un sentiment de respect naître entre patients et personnel hospitalier. Les Israéliens, en général, connaissent des Arabes parce qu’ils les rencontrent en Israël où il y a beaucoup d’Arabes israéliens mais à l’hôpital, le potentiel d’amitié, de coopération et d’interaction avec des Palestiniens de Cisjordanie apparaît plus important.

« La clé pour résoudre le conflit israélo-arabe »

Il y a trois ans, j’ai fait la connaissance d’une femme juive sur une plage de Haïfa dont l’enfant souffrait du syndrome de Down. Pour commencer, je me suis approché d’eux et ai joué avec l’enfant. Il a réagi avec enthousiasme et sa mère s’en est félicitée. Puis, elle m’a parlé de sa naissance, du fait qu’il était difficile de l’élever et du fait qu’elle avait quelqu’un pour l’aider. Nous avons parlé de nos centres d’intérêt et de nos sujets de préoccupations communs. Sa plus grande préoccupation était son enfant et mon intérêt pour lui a comblé le fossé qui nous séparait. De telles choses peuvent nous rapprocher.

Chaque grande opération réalisée dans les hôpitaux israéliens peut s’accompagner de compassion et de relations humaines. J’espère que ces opportunités rencontrées dans la « médecine de la paix » peuvent aussi apparaître en dehors des hôpitaux. Ces interactions peuvent être la clé pour résoudre le conflit israélo-arabe et toute autre cause engendrant haine et conflit.

Tahseen Yaqeen est un écrivain et critique originaire de Ramallah. 

> Lire l’article dans son contexte original

Quitter la version mobile