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Reporters sans frontières pointe du doigt les «ennemis d’Internet»

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Rendu public mardi 12 mars, le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF) sur les « ennemis d’Internet » dénonce plus particulièrement cinq États qui surveillent et contrôlent étroitement les acteurs de l’information sur Internet, journalistes, blogueurs, dissidents et militants des droits de l’Homme. Ainsi, la Syrie, la Chine, l’Iran, le Bahreïn et le Vietnam sont directement pointés du doigt par l’ONG.

Selon RSF, les cinq pays sont « engagés dans une surveillance active, intrusive, des acteurs de l’information, permettant de graves violations de la liberté de l’information et des droits de l’Homme ».

« Mercenaires de l’ère digitale »

Reporters sans frontières s’est également concentré sur cinq entreprises, issues de pays démocratiques, qui coopèrent activement avec les cinq États incriminés. Ce sont elles que RSF appellent les « mercenaires de l’ère digitale », et qui fournissent à ces États les outils de surveillance et d’espionnage des acteurs de l’information.

Les produits des entreprises Gamma (Royaume-Uni), Trovicor (Allemagne), Amesys (France), Blue Coat (Etats-Unis) et Hacking Team (Italie) ont été ou sont « utilisés par les autorités pour commettre des violations des droits de l’homme et de la liberté de l’information », indique RSF dans son rapport. Vendus aux régimes autoritaires, ces produits « pourraient être utilisés pour surveiller des journalistes, dissidents ou net-citoyens », ce que les entreprises « ne pouvaient ignorer », ajoute le rapport.

Les entreprises fournissent du matériel d’écoute, pour une surveillance globale, et des logiciels espions (spyware), pour une surveillance plus ciblée. À la base destiné pour lutter contre le cybercrime, ce matériel est fréquemment détourné.

Pour RSF, il faut contrôler les exportations de technologies de surveillance

Une enquête est d’ailleurs en cours au sujet de la société française Amesys, accusée de complicité de torture en Libye par la Ligue des droits de l’Homme et la Fédération internationale des droits de l’Homme. Sous le régime de Mouammar Kadhafi, la société aurait fourni à ce dernier des technologies de surveillance, qui lui auraient permis d’identifier et d’arrêter des opposants, ensuite torturés.

Hacking Team affirme de son côté avoir pris des précautions « pour s’assurer que ses logiciels ne sont pas détournés ». La société américaine Blue Coat a quant à elle reconnu que plusieurs de ses appareils, à destination du ministère de la Communication irakien, s’étaient retrouvés en Syrie.

« Des pays défendent publiquement la liberté d’expression et des dissidents, mais accueillent des entreprises qui fournissent des technologies de surveillance », explique Lucie Morillon, directrice de la recherche chez RSF, au Monde. Pour l’ONG, « la seule solution serait la mise en place de mesures de contrôle sur l’exportation de technologies et matériel de surveillance vers les pays qui bafouent les droits fondamentaux ».

Afin de lutter contre la censure, RSF a mis en place un « kit de survie numérique », sur le site WeFightCensorship.org.

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