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Armes chimiques en Syrie: l’enquête piétine

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Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, il y a plus de deux ans, l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad sort de la simple hypothèse.

« Différents degrés de certitude »

Lors d’une visite à Abou Dhabi, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a affirmé que les Etats-Unis avaient, selon « différents degrés de certitude », utilisé des armes chimiques lors des combats sur le territoire syrien.

« La communauté américaine du renseignement conclut, avec différents degrés de certitude, que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle en Syrie, en particulier du sarin, » a ainsi indiqué le secrétaire d’Etat devant des journalistes.

Toujours aucune preuve tangible

Bien qu’à l’heure actuelle, les Etats-Unis ne disposent d’aucune preuve tangible, tel que l’a par la suite indiqué la Maison Blanche, cette utilisation devient de plus en plus probable.

Pour parvenir à cette conclusion, les agences de renseignements américains auraient notamment effectué des prélèvements sur diverses personnes ayant pris part, ou non, au conflit.

Cependant, ces échantillons ne peuvent, aujourd’hui, pas être considérés comme des preuves tant leurs origines sont sources de controverses et c’est sur ce terrain que les diverses agences de renseignement américaines sont en désaccord.

L’Onu prête à intervenir en 24 heures

Pour parvenir à trouver une réponse à la question de savoir si la Syrie a véritablement franchi « la ligne rouge » qu’avait fixée Washington, les Nations unies ont réitéré une nouvelle fois leur demande au régime Assad afin qu’une équipe d’enquêteurs se rendent sur le terrain.

Jeudi 25 avril, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies a lancé un « appel urgent » au gouvernement syrien afin qu’il autorise cette mission.

« La mission d’enquête est prête à se déployer dans les 24 à 48 heures, » a ainsi déclaré le porte-parole de ban Ki-moon, Martin Nesirsky, à l’adresse du régime syrien.

Martin Nesirsky a par ailleurs affirmé que l’ONU prenait « au sérieux » les soupçons des Etats-Unis mais n’était pas en mesure « de commenter les évaluations fondées sur des informations de services du renseignement nationaux. »

L’arsenal chimique le plus important du Moyen-Orient

Bien que peu de chiffres soient disponibles concernant l’arsenal chimique syrien, celui-ci est considéré comme l’un des plus importants du Moyen-Orient, le régime de Damas n’ayant jamais signé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), en charge de contrôler l’application de cette charte, n’a donc pas de contrôle sur la politique syrienne en matière de fabrication de ces armes.

En dehors du mélange des agents chimiques du gaz sarin, la Syrie possèderait du gaz moutarde. Ce dernier, comme le gaz sarin, fait partie de la famille des organophosphorés, une nature de gaz particulièrement efficace et toxique.

Des gaz très mortels

En 2008, un rapport du Center for Strategic and International Studies a révélé la possession de produits chimiques vésicants et de gaz innervants par la Syrie. Ces composés chimiques peuvent agir par inhalation comme par simple contact avec la peau. Les gaz vésicants causent des dégâts irréversibles aux voies respiratoires, à la peau, aux yeux et aux muqueuses. Les gaz innervants entraînent la neutralisation du système nerveux et, en conséquence, la mort par asphyxie. Le régime disposerait également des moyens nécessaires à leur diffusion.

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