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Le Monde prouve l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

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Après plusieurs mois d’enquêtes sur le terrain, un reporter et un photographe envoyés par le journal Le Monde reviennent avec un reportage troublant qui tendrait à confirmer l’usage d’armes chimiques par les forces de Bachar al-Assad en Syrie.

Une enquête de plusieurs mois en Syrie

Depuis plusieurs mois, l’enquête des organisations internationales piétine, aucun expert n’est parvenu jusqu’à aujourd’hui à entrer au cœur du conflit syrien pour déterminer si les accusations sur l’usage d’armes chimiques, que se renvoient régulièrement le régime et l’opposition, peuvent être vérifiées.

Cette enquête pourrait aujourd’hui prendre un nouveau tournant. Pendant plusieurs semaines, les journalistes du Monde ont accompagné des rebelles syriens dans la région de Damas. Ils ont recueilli des témoignages, notamment de médecins exerçant dans une zone tenue par les rebelles en périphérie de Damas, la capitale syrienne toujours aux mains du régime.

Ces médecins ont confirmé aux reporters du Monde que les forces de Bachar al-Assad recouraient aux armes chimiques contre les rebelles.

« De cela, les envoyés spéciaux du Monde ont été témoins plusieurs jours d’affilée dans (le) quartier (de Jobar) à la sortie de Damas où la rébellion a pénétré en janvier », écrit ainsi le quotidien.

Le photographe du Monde, victime d’une arme chimique

« Mais, au cours d’un reportage de deux mois dans les environs de la capitale syrienne, nous avons réuni des éléments comparables dans une couronne beaucoup plus large. La gravité des cas, leur multiplication, la tactique d’emploi de telles armes montrent qu’il ne s’agit pas de simples gaz lacrymogènes utilisés sur les fronts, mais de produits d’une autre classe, bien plus toxiques », indique encore le quotidien dans le premier article d’une longue série qui sera publiée à partir du lundi 27 mai.

Selon le récit du journaliste, le photographe envoyé spécial a lui-même été victime d’une « attaque chimique sur une zone de front de Jobar, le 13 avril », et qu’il « souffrira, quatre jours durant, de troubles visuels et respiratoires ».

Toujours pas assez de preuves pour Washington

Il y a quelques jours, la communauté internationale a fait part de son inquiétude grandissante face à la multiplication des preuves de l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit syrien – un conflit qui, en plus de deux ans, a déjà fait 94 000 morts, selon les chiffres des Nations Unies.

Une commission d’experts de l’ONU a ainsi été formée, afin d’enquêter sur le terrain, mais celle-ci attend toujours l’autorisation du régime syrien de rentrer dans le pays.

Il y a plusieurs mois, le président américain Barack Obama avait fait de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien une « ligne rouge » à ne pas franchir. Mais actuellement, les services américains considèrent que les preuves réunies ne permettent pas d’établir un constat définitif.

L’arsenal chimique le plus important du Moyen-Orient

Bien que peu de chiffres soient disponibles concernant l’arsenal chimique syrien, celui-ci est considéré comme l’un des plus importants du Moyen-Orient. Le régime de Damas n’a jamais signé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), en charge de contrôler l’application de cette charte, n’a donc pas de contrôle sur la politique syrienne en matière de fabrication de ces armes.

En dehors du mélange des agents chimiques du gaz sarin, la Syrie possèderait du gaz moutarde. Ce dernier, comme le gaz sarin, fait partie de la famille des organophosphorés, une nature de gaz particulièrement efficace et toxique.

Des gaz très mortels

En 2008, un rapport du Center for Strategic and International Studies a révélé la possession de produits chimiques vésicants et de gaz innervants par la Syrie. Ces composés chimiques peuvent agir par inhalation comme par simple contact avec la peau. Les gaz vésicants causent des dégâts irréversibles aux voies respiratoires, à la peau, aux yeux et aux muqueuses. Les gaz innervants entraînent la neutralisation du système nerveux et, en conséquence, la mort par asphyxie. Le régime disposerait également des moyens nécessaires à leur diffusion.

> Lire le reportage du Monde

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