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Armes chimiques en Syrie: le dilemme de Barack Obama

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Après la France et le Royaume-Uni, c’est au tour des Etats-Unis d’annoncer détenir la preuve formelle de l’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie.

La « ligne rouge » de Washington est franchie

Jeudi 14 juin, le conseiller adjoint de la sécurité nationale de Barack Obama, Ben Rhodes, a annoncé dans un communiqué qu’après « un examen approfondi, la communauté du renseignement estime que le régime Assad a utilisé des armes chimiques, dont du gaz sarin, à échelle réduite contre l’opposition à de multiples reprises dans l’année écoulée. »

« Le président a clairement dit que l’utilisation d’armes chimiques, ou le transfert d’armes chimiques à des groupes terroristes, était une ligne rouge pour les Etats-Unis », a affirmé le conseiller, rappelant ainsi des propos du président américain il y a quelques mois. « Le président a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c’est le cas », a-t-il encore ajouté.

Concernant l’opposition, Ben Rhodes a souligné qu’aujourd’hui, les services de renseignements n’ont pas encore la preuve de l’utilisation de ces mêmes armes chimiques par les rebelles.

« Nous pensons que le régime Assad garde le contrôle de ces armes. Nous ne disposons pas d’informations solides, corroborées indiquant que l’opposition en Syrie a acquis ou utilisé des armes chimiques », a-t-il indiqué.

Une assistance militaire floue

Comme l’impliquait le franchissement de cette « ligne rouge », les Etats-Unis seraient donc prêts à agir en Syrie, aux côtés des rebelles.

Pour l’instant, aucune décision n’a été prise et les Etats-Unis ont annoncé un soutien militaire aux combattants syriens, sans donner de détails sur la forme que prendrait cette aide.

La Maison Blanche s’est contentée d’évoquer une augmentation d’une assistance militaire non-létale et a assuré que toutes les décisions seraient prises « à son propre rythme. »

Sans parler de livraison d’armes, le communiqué de la Maison Blanche indique que l’aide américaine sera « différente tant en nature qu’en échelle, de ce que (les Etats-Unis) ont fourni jusqu’ici. »

Le dossier syrien au G8

C’est auprès de ses partenaires sur le dossier syrien que Barack Obama lancera désormais des consultations. Le président américain sera en Irlande du Nord, les 17 et 18 juin prochain, à l’occasion du G8 et le conseiller de la Maison Blanche a affirmé qu’à cette occasion, le président « consultera ses partenaires. »

« Nous avons communiqué les informations sur les armes chimiques aux Russes […] et nous pensons que la Russie et tous les membres de la communauté internationale devraient être préoccupés » par l’utilisation de ces armes chimiques qui auraient fait, l’année dernière, jusqu’à 150 morts sur les 94 000 comptés depuis le début du soulèvement, il y a plus de deux ans.

Une ligne rouge embarrassante

Face à cette situation, le président américain se trouve alors face à un dilemme de taille. Comme la Maison Blanche vient de l’annoncer, cette « ligne rouge » semble avoir été franchie. Or, la communauté internationale attend désormais une réponse claire de Washington et le président américain pourrait avoir les mains liées sur ce dossier.

Il est difficile pour les Etats-Unis d’armer les rebelles syriens tant la menace des groupes terroristes sur le territoire se fait pressante. Dans les rangs des combattants de l’opposition, les djihadistes du Front Al-Nosra représentent désormais la deuxième force combattante contre le régime syrien et les spécialistes savent que les armes qui seraient confiées à ces rebelles se retourneraient rapidement contre les Etats-Unis.

Une intervention américaine sur le terrain est également difficile à imaginer pour Barack Obama tant la population américaine se mobiliserait en masse contre l’ouverture d’un nouveau front, à l’heure où les Américains voient enfin la fin de la guerre en Afghanistan.

Pour le président américain, cette « ligne rouge » est aujourd’hui bien embarrassante.

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