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Qui sont ces skinheads responsables de la mort de Clément Méric?

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L’agression de Clément Méric perpétrée, mercredi 5 juin vers 18 heures, a été annoncée dans un communiqué diffusé par le Parti de Gauche : « L’horreur fasciste vient de tuer en plein Paris. » « Violemment frappé au sol par un groupe de plusieurs militants d’extrême droite, manifestement du Groupe JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires), laissé inanimé, le militant a été déclaré ce soir en état de mort cérébrale à l’hôpital (de la Pitié) Salpêtrière », peut-on lire sur le communiqué.

Un groupe d’extrême-droite

« J’ai aperçu un homme avec un tatouage dans le cou. C’était une croix gammée », raconte un témoin de la scène. « L’homme faisait 1m90, il avait le crâne rasé. Ensuite, j’ai aperçu un de ses collègues avec un tee-shirt du Front national, skinhead aussi. J’avais jamais vu un homme avec des tatouages nazis et des bottes avant, à part dans les films… » Mais qui sont donc ces skinheads si facilement identifiables ? Appartiennent-ils tous aux Jeunesses nationalistes révolutionnaires comme semble le penser le Parti de Gauche ?

Serge Ayoub, alias Batskin, le leader des JNR a démenti jeudi 6 juin toute implication de son groupe. Selon lui, ce sont les amis de Clément Méric qui ont frappé les premiers : « Ce n’est pas anodin de s’appeler « chasseurs de skins' », ce n’est pas anodin de se dire ‘ »anti-fa' » ce n’est pas anodin de chercher partout à lutter contre un fascisme qui n’existe pas », a-t-il affirmé. Avant d’en savoir plus renseignons nous sur les différents groupes skin français.

Rappel historique

Les « Skinheads » que l’on pourrait traduire par « crânes-rasés » trouve leur origine dans un mouvement britannique des années 60 qui réunissait de jeunes ouvriers, reconnaissables par leurs goûts musicaux et leur style vestimentaire qui se voulaient ostensiblement anticonformistes. Les skins sont encore aujourd’hui généralement issus des classes sociales modestes ou moyennes et sont fiers de leurs origines.

L’objet le plus connu adopté par les skinheads sont les chaussures de marque Dr. Martens. Elles sont devenues la marque symbolisant à elle seule la mouvance skinhead. On peut les reconnaître aussi au blouson Harrington, un type de veste légère en toile de coton unie doublée de tissus à carreaux écossais. Marqueur aussi fréquemment associé aux skinheads : le tatouage. Depuis les premiers mouvements britanniques à aujourd’hui, il est l’élément indispensable du style skin.

Mais si les skins se ressemblent vestimentairement, on ne peut pas utiliser l’expression « mouvement skinhead » sans autre précision, puisque ceci impliquerait une unité des skinheads, ou au moins une identité commune. Ce n’est absolument pas le cas. On retrouve aujourd’hui des skins autant à l’extrême-droite qu’à l’extrême-gauche. Les skinheads antiracistes considèrent les nationalistes et les néonazis comme de faux skinheads et les skinheads d’extrême-droite appellent leurs opposants les « reds ». Il existe aussi des skinheads chrétiens, présents principalement en Amérique du Nord et des Gayskins très peu nombreux en Europe.

Groupes d’extrême-droite

En France les skins d’extrême-droite se rapproche politiquement du Front national mais leur idéologie est beaucoup plus radicale. Nationalistes, ils s’opposent fermement à l’immigration maghrébine et à ce qu’ils appellent « l’islamisation » de leur pays. « L’apport de, et la confrontation avec, des populations immigrées qui désintègrent le tissu social construit en mille ans de luttes, et qui font que le sentiment d’appartenance à une entité, quelle qu’elle soit, devient difficile, voire impossible », explique Serge Ayoub sur le site des JNR. Certains d’entre eux sont homophobes et ouvertement nazis.

En France on peut citer le Mouvement Nationaliste Révolutionnaire de Jean Gilles Malliarakis et même Roger Holleindre du Front National qui tenteront (en vain) de recruter dans les milieux skins. Le lien unissant les skinheads du monde entier est le racisme : ils pensent représenter l’élite de la race blanche européenne et se préparent à la « guerre des races ».

Groupes d’extrême-gauche

En France, les premiers redskins sont portés par l’émergence de la scène dite du rock alternatif, représentée par Bérurier Noir, Nuclear Device, Ludwig Von 88, Babylon Fighters, LKDS, Laid Thénardier et sont popularisés par les luttes étudiantes de l’hiver 86 contre les skinheads d’extrême-droite.

Aujourd’hui leurs héritiers sont représentés par des groupes comme Action Antifasciste ou Collectif Antifasciste que le jeune Clément Méric fréquentait. L’Action Antifasciste de Paris et de sa banlieue a publié un communiqué jeudi 6 juin, dans lequel elle estime que la mort de Clément est liée au « contexte de violences d’extrême droite qui s’est développé ces derniers mois », au cours du débat autour du mariage pour tous. De son côté le Front de Gauche a réclamé la dissolution de tous les groupuscules d’extrême-droite.

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