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Arabie Saoudite: pourquoi les rois du pétrole croient être les rois du monde

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L’Arabie Saoudite déploie toute son énergie pour tenir son rang. Le royaume qui règne en maître sur la péninsule arabique et le Moyen orient croit en sa puissance, une puissance qui repose sur trois piliers fondamentaux.

Malgré les risques de nouvelles révolutions arabes, malgré la menace du Qatar toujours plus imaginatif pour étendre son influence et augmenter son prestige, l’Arabie saoudite compte bien garder sa place au sommet du monde arabe.

25% des réserves mondiales de pétrole sont en Arabie Saoudite

C’est le pétrole qui a fait l’Arabie Saoudite et qui a, en redistribuant les cartes géopolitiques du monde moderne, fait des pétromonarchies du golfe de nouveaux centres diplomatiques majeurs.

Une redistribution des cartes qui n’est pas si ancienne puisque l’or noir des Saoudiens a été découvert lors des explorations de 1930. Le premier forage a été effectué en 1935 dans la région de Dammam Dome, le long de la côte du golfe persique.

Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, qui détient 25% des réserves mondiales, est le deuxième producteur mondial de pétrole derrière la Russie. Ces réserves sont estimées à 267 milliards de barils.

Elles étaient considérées comme les plus importantes dans le monde jusqu’à ce que le Venezuela ait annoncé qu’il augmentait ses réserves attestées à 297 Gbbl (giga-baril) en janvier 2011. Mais la conquête de l’or noir n’est pas finie et la recherche de nouveaux gisements se poursuit encore aujourd’hui.

Membre fondateur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), l’Arabie Saoudite règne aujourd’hui sur le pétrole mondial. Compte tenu de la valeur de sa production, l’Arabie saoudite joue un rôle de direction et de régulation pour fixer le prix du pétrole en faisant fluctuer sa production.

Les Etats-Unis déstabilisent le marché du pétrole

Cette suprématie pourrait néanmoins souffrir du récent engouement mondial pour le gaz de schiste. Les Etats-Unis, bon clients des Saoudiens, ont en effet annoncé leur volonté de devenir indépendants énergétiquement.

« Les Etats-Unis se sont posés comme objectif de devenir autosuffisants dans le secteur gazier et pétrolier », explique ainsi Guennadi Schmal, président de l’Union des producteurs de gaz et de pétrole de Russie au magazine La Voix de La Russie. « Ainsi, les Etats-Unis occupent la première place dans le monde en termes de production de gaz et de pétrole. A cela s’ajoute la révolution de schiste. C’est la raison pour laquelle ils ne sont plus beaucoup dépendants des importations de pétrole. Je pense que les Etats-Unis vont devenir totalement indépendants des importations dans un avenir proche ».

Si elle doit se réorienter sur un marché différent, l’Arabie Saoudite y pense dès maintenant. L’homme fort de cette réorientation, c’est le prince Al-Walid ben Talal qui a récemment fait une demande auprès du gouvernement pour établir un plan de diversification de l’économie.

« Les Saoudiens étaient amis avec l’Amérique. Leur politique énergétique était basée sur l’interaction. Maintenant, la situation est en train de changer », explique Alexandre Passetchnik, directeur du centre analytique du Fonds de la sécurité énergétique nationale pour La Voix de La Russie. « L’huile de schiste n’est quelque chose d’éphémère par nature. C’est une ressource énergétique réelle. L’Arabie saoudite doit répondre à ce défi et changer sa politique fiscale, sa politique d’innovation. La configuration du marché mondial du pétrole pourrait sérieusement changer à moyen terme. Les Américains sont de grands acteurs sur ce marché. Par conséquent, les craintes des Saoudiens ne sont pas sans fondement ».

Terre sainte de l’islam

Dans le monde musulman, l’Arabie Saoudite règne encore. Les Saoudiens – dont le roi est le commandeur des croyants – se veulent les gardiens de l’islam, une image qu’ils cultivent auprès de tous les musulmans.

La Mecque est la capitale de ce royaume religieux où est né le prophète de l’islam, Mahomet, à la fin du vie siècle. Cette ville de pèlerinage abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram.

C’est, tous les ans, depuis le viie siècle le lieu du pèlerinage du hajj qui rassemble plusieurs millions de fidèles. La Mecque est également le lieu vers lequel se tournent les musulmans pratiquants, cinq fois par jour, durant leurs prières.

Cette ville de l’islam est sainte, tant pour les sunnites que pour les chiites, la tradition du pèlerinage a survécu au schisme qu’a connu l’islam. Selon les règles de l’islam, chaque croyant doit faire un pèlerinage à La Mecque au cours de sa vie s’il en a les moyens, ce qui fait de l’Arabie Saoudite une destination obligatoire pour chaque musulman pratiquant.

Les Saoudiens, survivants du Printemps arabe

L’image de marque de l’Arabie Saoudite repose également sur un Etat fort, puissant, dont la population ne provoque pas de remous. Un pays qui a survécu à une première vague de Printemps arabe et qui s’apprête à survivre à la seconde.

Il faut savoir que depuis la chute de Ben Ali en Tunisie, en 2011, le royaume saoudien est pétrifié par la succession de crises au Moyen Orient. C’est avec une très grande discrétion que l’Arabie Saoudite a toujours commenté les différentes transitions politiques car elle a très peur de l’effet de contagion.

Les révolutions qui ont envahi les pays arabes à partir de 2011 ont rapidement été stoppées à la frontière saoudienne grâce à une politique intérieure très répressive.

C’est un atout de taille pour le régime qui veut faire jouer cette image auprès des Occidentaux.

Pourtant, une crise de succession est en cours en Arabie Saoudite et personne ne peut prédire les évolutions de cette situation. Si naissaient de nouvelles tensions régionales qui donnaient lieu à une deuxième phase du Printemps Arabe, l’Arabie Saoudite serait confrontée à des démons qu’elle a lutté pour écarter.

L’Arabie Saoudite a toujours considéré qu’elle était forte et compte bien le rester, mais pourtant, le pays est à bout de souffle.

Les Saoudiens veulent prouver toujours plus au monde entier mais ont beaucoup de problèmes intérieurs. Le roi est très vieux – il est né en 1923 -, deux princes héritiers sont décédés en deux ans. Les défis économiques sont colossaux. Si le chômage est officiellement à 10%, il frôle plutôt les 25%. Il y a eu quelques nominations de jeunes à de hautes responsabilité, mais cela sera-t-il suffisant ?

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