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Deux mois sans nouvelles des journalistes français enlevés en Syrie

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Voici désormais deux mois que les deux journalistes français, Edouard Elias et Didier François, ont été enlevés en Syrie.

« Deux mois déjà ! »

Pour marquer leurs deux mois de captivité, le comité de soutien aux deux hommes, Didier François, grand reporter pour Europe 1, et Edouard Elias, photographie indépendant en mission pour la même radio, ont de nouveau appelé à leur libération.

« Deux mois déjà ! Le 6 juin 2013, Didier François, grand reporter à Europe 1, et Edouard Elias, photo-journaliste, ont été enlevés en Syrie, au nord d’Alep par des hommes cagoulés. Nous n’avons sur eux qu’une seule information : ils seraient vivants, selon des éléments jugés dignes de foi par les autorités françaises », a déclaré le comité de soutien présidé par Florence Aubenas.

« Didier et Edouard sont détenus parce qu’ils faisaient leur métier : nous informer sur ce conflit. En Syrie, la chasse aux journalistes est ouverte : 25 reporters internationaux ont été enlevés, 7 ont été tués depuis le début des événements en mars 2011 », poursuit encore le comité.

« Le devoir d’informer, la liberté de la presse et, plus crûment, les droits de l’Homme appellent respect et vigilance tout particulièrement dans les zones de conflit […] A nous, il revient de nous battre pour eux : la liberté de l’information est notre liberté à tous », indique encore le comité.

Une pétition en ligne pour leur libération

Depuis le 9 juillet dernier, une pétition circule sur internet afin de demander la libération des deux journalistes. Environ 5 000 personnalités ont déjà apposé leur signature parmi lesquelles l’ancienne ministre de l’Ecologie Delphine Batho et les journalistes Hervé Ghesquière et Patrick Poivre d’Arvor.

Le 14 juillet dernier, la France a reçu les dernière nouvelles officielles des deux hommes. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a alors indiqué qu’ils étaient en vie tandis que François Hollande a assuré que les autorités françaises faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour localiser Didier François et Edouard Elias.

Cependant, le mystère reste aujourd’hui entier quant à l’identité des ravisseurs, auteurs de cet enlèvement. Les autorités et les services de renseignement n’ont pas encore su déterminer si les journalistes ont été enlevés par le régime syrien, par des rebelles opposés au régime de Bachar al-Assad ou par des islamistes engagés pour le djihad sur le territoire syrien.

Qui sont les ravisseurs ?

Mais pour le comité de soutien à Didier François et Edouard Elias, les éléments mènent pour le moment au gouvernement syrien.

Interrogée que France Info, Karen Lajon a ainsi estimé que les premières déductions menaient vers des « éléments gouvernementaux ».

Pour cette membre du comité de soutien, le gouvernement syrien ne « veut pas du tout que la presse occidentale indépendante vienne couvrir », les événements.

« Ce n’est pas très clair non plus » du côté des rebelles, estime néanmoins la journaliste Karen Lajon. « Il y a beaucoup d’enlèvements et ça devient très compliqué pour les journalistes de travailler et de dire des choses qui pourraient déplaire aux deux bords », ajoute-t-elle encore.

Didier François, grand Reporter pour Europe 1

Le 6 juin dernier, Didier François et Edouard Elias, photographe français ont été enlevés par quatre hommes armés entre les villes de Marea et Herbl en Syrie. Le dernier contact d’Europe 1 avec Didier François remonte au matin même de l’enlèvement, vers 11 heures, alors qu’il prenait la route d’Alep. Selon Les Echos, l’assistant et traducteur qui accompagnait les deux journalistes aurait lui aussi été enlevé. Le chauffeur a, lui, été libéré.

Didier François, 53 ans, est grand reporter à Europe 1. Il est avant tout un journaliste de guerre qui a couvert tous les conflits armés de ces vingt-cinq dernières années : Bosnie, Tchétchènie, Irak, Gaza, Afghanistan. Au début des années 2000, il était correspondant à Gaza puis à Jérusalem où il est resté jusqu’en 2007. Il a par ailleurs collaboré à Libération et au Matin de Paris.

Avant de devenir reporter, Didier François avait été militant socialiste et avait créé avec Julien Dray un groupe de réflexion politique nommé « Question socialiste », en 1982, composé essentiellement d’anciens militants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) venant d’intégrer le Parti socialiste. Il abandonnera sa carrière politique en 1985, pour devenir journaliste. Avant, il aura eu le temps d’inventer le slogan « Touche pas à mon pote », qui fera la renommée de la très célèbre association SOS Racisme.

Edouard Elias, jeune photographe de guerre

Encore étudiant en photographie, Edouard Elias s’est fait connaître à 21 ans, lorsqu’il décide de partir faire un reportage en Syrie, en août 2012. A son retour, ses photos sont publiées dans Paris MatchDer Spiegel ou le Sunday Times. Les professionnels de la photo lui promettent alors un grand avenir professionnel. Il se trouvait ces jours-ci en Syrie, en mission pour Europe 1. Edouard Elias était ami avec Olivier Voisin, photographe français mort après avoir reçu des éclats d’obus en dans ce même pays. 

Selon nos confrères de midilibre.fr, il est originaire du Gard et a notamment suivi sa scolarité au lycée Charles-Gide d’Uzès, avant de rejoindre les bancs de l’école de Commerce Sup’ de Co à Montpellier. Il a ensuite étudié la photographie à l’école de Condé, à Nancy.

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