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Matthew Schrier, prisonnier de djihadistes syriens pendant sept mois

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Un photographe américain est parvenu à s’échapper de Syrie où il était retenu prisonnier par des islamistes qui l’ont capturé en décembre dernier. Pendant tout ce temps, Matthew Schrier, 35 ans, a été torturé et enfermé dans une cellule de prison, près d’Alep, en compagnie d’un autre Américain également soupçonné d’être un espion à la solde des Etats-Unis.

7 mois de captivité

Cette incroyable histoire, Matthew Schrier l’a raconté au New York Times, dès son retour de captivité.

Ses ravisseurs étaient des membres du groupe Jabhat al-Nusra, une organisation proche d’Al-Qaïda et placée sur la liste des groupes terroristes aux Etats-Unis et dans l’Union européenne. Pour ces djihadistes qui combattent en Syrie depuis le début du conflit, Matthew Schrier était un membre de la CIA, tout comme son camarade de cellule.

Ce photographe a été enlevé le 31 décembre dernier, alors qu’il voyageait vers une zone de conflit. C’est près d’Alep, deuxième ville du pays, que sa voituré a été arrêtée et qu’il a été capturé.

Après des mois d’emprisonnement, Matthew Schrier est parvenu à s’échapper en déjouant la vigilance de ses ravisseurs, le 29 juillet dernier, et en s’enfuyant par une fenêtre, laissant derrière lui son compatriote qui, à ce jour, n’a pas été identifié.

Des djihasites rôdent en Syrie

Parmi les divers éléments du témoignage de Matthew Schrier, ce dernier raconte en détail la tenue vestimentaire qu’il devait porter dans sa cellule, une combinaison orange, de celles qui habillent les prisonniers de Guantanamo.

Il raconte comment les deux prisonniers ont été forcés à avouer, devant une caméra, leur appartenance à la CIA. Et enfin, de quelle manière il était régulièrement fouetté avec un câble en métal sur la plante des pieds, ses genoux coincés dans un pneu de voiture.

Derrière cette histoire, ce que met  Matthew Schrier en lumière, c’est l’action d’étrangers dans les rangs des rebelles syriens qui luttent contre Bachar al-Assad qui attire l’attention aujourd’hui. La présence de ces djihadistes est un élément qui a largement freiné le soutien des Occidentaux aux rebelles.

Les ravisseurs de Matthew Schrier, qu’il a toujours vu masqués, ont régulièrement envoyés des mails depuis son compte à ses proches, afin de les rassurer. Ils ont également utilisé les références de sa carte bancaire pour acheter du matériel informatique ou des pièces automobiles. Matthew Schrier raconte également que ses interrogatoires étaient menés par des personnes parlant un anglais parfait, sans doute des Canadiens, estime-t-il.

Une conversion à l’islam pour que son traitement s’améliore

Transféré à plusieurs reprises et souvent emprisonné auprès de Syriens accusés de se battre pour le régime de Bachar al-Assad, Matthew Schrier explique qu’il a également été retenu par les membres d’un autre groupe, portant le nom d’Ahrar al-Sham. C’est à cette période de sa captivité que l’ancien prisonnier raconte que son traitement s’est amélioré, à partir du moment où il s’est converti à l’islam et s’est vu offrir un coran en langue anglaise.

Dans le récit de son évasion, Matthew Schrier explique comment le jour de sa fuite, il s’est hissé sur le dos de son camarade de cellule afin d’atteindre la fenêtre. Une fois sorti, il n’a pas eu la force de tirer son compatriote. Puis il s’est mis à marcher, jusqu’à rencontrer d’autres rebelles qui l’ont ensuite conduit à la frontière turque.

Les rebelles ne sont pas tous djihadistes

L’expérience de Matthew Schrier souligne également les risques auxquels sont confrontés les journalistes qui voyagent seuls en Syrie.

Interviewé en novembre par le Times Union, un journal de l’Etat de new York qui a publié une partie de son travail depuis un camp de réfugiés syriens, Matthew Schrier était jusqu’à présent un travailleur de la santé et espérait faire une carrière en tant que photographe.

« Je n’ai pas envie de mort », explique-t-il. Les combattants syriens qu’il a rencontrés jusque-là n’étaient « ni djihadistes ni extrémistes ».

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